Percé par Pierre-Paul Riquet à la fin du XVIIe siècle, le Canal du Midi a permis de relier l’Atlantique à la Méditerranée et de dynamiser le commerce fluvial. Aujourd’hui, le canal est particulièrement prisé cyclotouristes qui peuvent le longer en profitant d’une grande variété de paysages et de monuments tout au long du chemin.
Je suis à mon tour parti à vélo à la découverte du Canal entre Toulouse et Sète. Un voyage qui m’a permis de faire de très belles découvertes humaines, gastronomiques et patrimoniales. Voici donc un petit guide de voyage pour découvrir le Canal du Midi en quelques jours, à vélo, tout en profitant du patrimoine local.
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L’organisation d’un séjour à vélo le long du Canal du Midi
Tout au long du Canal, entre Toulouse et Sète, se trouvent plus de 240 kilomètres de voie verte, un parcours qui est donc particulièrement adapté aux vélos. Mais partir quelques jours en deux roues se prépare. Vous pouvez opter pour le voyage avec un simple sac à dos mais si le minimalisme ne fait pas partie de vos qualités, sachez que des services de transport de sacs et valises existent et peuvent faire transiter vos affaires d’un logement à un autre, vous laissant ainsi toute liberté pour pédaler léger ! Par ailleurs, si le parcours vous semble long vous pouvez aussi demander à être véhiculé sur une partie du chemin. BagaFrance propose notamment ces services.
Pour les vélos, en partant de Toulouse vous pouvez solliciter la Maison du Vélo, une chouette association qui loue des vélos mais propose aussi le transport et la livraison des bagages.
Du côté des logements, pour être sûr d’être accueilli sans problèmes, optez pour les hébergements labellisés “Accueil vélo” ce qui vous garantit un abri sécurisé pour vos vélos, un équipement de nettoyage, des conseils sur votre itinéraire ou encore un kit de réparation.
Enfin, si vous préférez ne pas avoir à vous soucier de tous ces aspects pratiques, des agences proposent des séjours clé en main comprenant l’hébergement, les repas, le transfert des bagages.
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Jour 1 : de Toulouse à Castelnaudary
C’est à Toulouse, dans la célèbre “ville rose” que commence ce séjour. J’ai été très agréablement surpris par l’usage du vélo dans cette ville. Les toulousains semblent en effet nombreux à se déplacer à deux roues et c’est tant mieux.
En glissant Nougaro dans vos oreilles pour vous chanter “Parfois au fond de moi se ranime l’eau verte du canal du Midi et la brique rouge des Minimes, ô mon paîs, ô Toulouse”, partez à la découverte des monuments de la ville. “Voici le Capitole, j’y arrête mes pas”. Ce dernier abrite l’Hôtel de Ville. Sur sa façade construite en 1750, les huit colonnes représentent les “capitoules” qui dirigeaient la ville.
Non loin, le Donjon du Capitole a été créé au XVIe siècle et abritait les Archives. Sa tour a été construite au XIXe siècle par Viollet-le-Duc.
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Un peu plus loin, l’Hôtel d’Assezat date de 1895, on y trouve la fondation Bemberg qui présente une collection d’oeuvres d’art ; Degas, Gauguin, Picasso, Modigliani sont quelques-uns des artistes exposés.
Et bien sûr, il est impossible de passer par Toulouse sans longer la Garonne !
Où dormir à Toulouse ?
Arrivés la veille au soir, nous avons séjourné dans l’hôtel Albert Ier. Situé en centre-ville , à seulement 100 mètres du Capitole, il permet de découvrir facilement la ville à pied.
La deuxième étape du voyage nous emmène à Montesquieu-Lauragais. Ce village s’est construit à partir du Xe siècle autour du château féodal et a connu une histoire mouvementée. Il s’est en effet retrouvé à partir du XIIIe siècle au milieu de la croisade de Simon de Montfort contre les cathares, subissant pillages et incendies ; Montesquieu fut aussi assiégé, pillé et brûlé par le Duc de Joyeuse en 1586. Heureusement, de nos jours, le village vit en pleine quiétude et offre beaucoup de charme. L’église notamment dispose d’une architecture typique de la Haute-Garonne avec un clocher-mur du haut duquel on domine la plaine, traversée par le Canal du Midi.
De retour sur nos vélos nous faisons une halte au port de Gardouch pour déjeuner à l’Estaminet, un restaurant qui prend place dans une ancienne maison éclusière. Que demander de mieux lors d’un séjour le long du canal ? Nous reprenons ensuite nos vélos pour une balade extrêmement agréable ponctuée de nombreux arrêts pour admirer les écluses ou échanger quelques mots avec les navigateurs que nous croisons. En vous arrêtant à Port Lauragais vous trouverez la maison de la Haute-Garonne où une exposition gratuite vous présente l’histoire du Canal du Midi.
Puis direction Castelnaudary, ville réputée pour son cassoulet ! Face au bassin, la vue sur la ville est splendide avec un magnifique ciel bleu.
Où dormir à Castelnaudary ?
Nous faisons étape dans une maison d’hôtes, Le Grand Bassin, qui vient d’ouvrir. Sophie, la maîtresse des lieux, nous accueille à bras ouverts. Nous profitons de notre halte pour déguster les produits fait-maison qu’elle prépare elle-même, un régal ! Et les chambres à l’étage ont une vue imprenable sur le bassin.
Jour 2 : à l’assaut de Carcassonne !
Nous commençons cette deuxième journée en VTT à assistance électrique en direction de Carcassonne. Encore une fois, des écluses et de superbes paysages nous attendent.
Et nous voici arrivés dans la ville fortifiée où la statue d’un personnage légendaire, Dame Carcas, nous accueille. On raconte en effet que Dame Carcas était en charge de la défense de la ville lors d’un siège de Charlemagne. Au bout de 5 années, les vivres commencent à manquer. Dame Carcas eut donc l’idée de gaver un porc et de le jeter de l’autre côté des remparts. Pensant que la cité débordait de nourriture au point de gâcher un cochon si bien nourrit, Charlemagne leva le siège. Pour fêter cette victoire, Dame Carcas fit sonner les cloches de la ville, lui donnant ce nom : Carcas sonne !
Aujourd’hui la ville est un haut lieu touristique en raison de son château et de ses remparts. À la façon du Mont Saint-Michel, peu de personnes vivent ici, on ne compte en effet qu’une cinquantaine d’habitants.
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La ville a été assez marquée après la Révolution où l’on a laissé la population prendre ardoises, poutres et pierres pour construire leurs maisons. Heureusement, la prise de conscience du XIXe siècle concernant la préservation des monuments historiques vient sauver la Cité : un vaste chantier de restauration est lancé, mené notamment par Viollet-le-Duc (encore lui !). Mais la restauration se fait selon un imaginaire du Moyen Âge sans forcément tenir compte de la véracité historique. Ainsi le pont-levis est une invention puisqu’il n’y avait pas d’eau autour des remparts.
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Actuellement et jusqu’au 30 septembre 2018, des cercles jaunes étranges décorent les remparts. Il s’agit en fait d’une œuvre de Felice Varini. Cet artiste spécialisé dans les anamorphoses a réalisé ici une installation qui doit s’observer d’un point de vue bien spécifique pour se révéler. Baptisée « Concentrique excentrique », elle célèbre les 20 ans du classement de la Cité à l’UNESCO.
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Après cette découverte historique, place à un peu de sport ! Direction la base nautique Eaurizon à Puichéric pour une session de canoë. Une première pour moi mais j’ai adoré, c’est une belle façon de découvrir l’Aude !
Où dormir autour de Capestang / Béziers ?
Nous finissons la journée au domaine des Carrasses. Il s’agit d’un ancien château viticole du XIXe siècle rénové il y a 10 ans et transformé en hôtel de luxe. Pour y accéder il vous faudra traverser les vignes dont vous pourrez acheter le vin à l’hôtel (quelques bouteilles sont d’ailleurs inopinément venues alourdir ma valise !).
Ici, des suites luxueuses vous attendent mais restent abordables notamment si vous voyagez en groupe. Ainsi, les suites composées de cuisines et salon communs et de trois chambres avec salles de bain privatives sont à partir de 300€ la nuit ce qui revient à une cinquantaine d’euros par personnes si vous voyagez à 6. De quoi s’offrir une halte luxueuse à petit prix. Certaines suites disposent même d’une piscine privée !
Jour 3 : Capestang et les 9 écluses de Fonseranes
Nous commençons cette journée par la visite de la collégiale Saint-Etienne de Capestang et l’amateur de patrimoine que je suis en a pris plein les yeux. Cette collégiale a la particularité d’avoir eu une construction étalée sur plusieurs siècles ce qui fait que l’on peut y observer différents styles architecturaux. Bâtie à partir du XIIIe siècle pour représenter la grandeur de l’évêque de Narbonne, elle s’appuie sur l’ancienne église Saint-Félix datée du XIe siècle. Au XIVe siècle, ont détruit peu à peu l’église pour continuer l’édification de la collégiale mais la construction est stoppée en raison de manque de fonds et surtout à cause de l’épidémie de peste. Si bien que la collégiale reste encore aujourd’hui en position de chantier.
Il n’en reste pas moins que l’édifice est admirable. Les voûtes achevées s’élèvent à plus de 26 mètres et le clocher culmine à 43 mètres de hauteur, offrant une magnifique vue sur les alentours. L’ascension du clocher et de ses 178 marches est en effet possible lors de visites guidées que je vous recommande vivement.
A l’intérieur du clocher, on peut voir des traces de la guerre de Cent Ans. La collégiale adopte en effet une architecture défensive puisqu’elle fut occupée par des soldats qui profitaient du panorama pour surveiller les environs. On remarque d’ailleurs les traces d’un échiquier gravé dans la pierre qui permettait d’occuper les soldats !
C’est ensuite sur l’eau que nous remontons le Canal, à bord d’un bateau électrique. Ce dernier se loue pour quelques heures et se conduit sans aucun permis. Très simple d’utilisation il permet de passer un bon moment, d’autant plus si vous prenez soin d’emporter une bouteille de rosé avec vous pour un apéro flottant – toujours avec modération bien entendu !
Nous arrivons à Fonséranes, un lieu incontournable du Canal du Midi puisque l’on y trouve le site des 9 écluses. Ces huit bassins permettent aux péniches de descendre un dénivelé de 21 mètres. A côté de ce chef d’oeuvre d’ingénierie, un restaurant permet de faire une halte tout en profitant d’un magnifique panorama sur la région et une scénovision explique en quelques minutes l’histoire de la construction du Canal.
En repartant, nous faisons une alte à Agde où une joute a lieu ce qui nous permet de profiter de l’ambiance et des encouragements des équipes locales avec un accent chantant qui fait plaisir à entendre !
La journée s’achève à Marseillan pour y découvrir les caves de la maison Noilly Prat et quelques secrets de fabrication de ce vermouth créé en 1813 !
Jour 4 : arrivée à Sète
Le voyage touche à sa fin. Dernière étape à vélo direction Sète avec une longue balade qui longe l’étang et la mer. Les paysages sont sublimes mais le vent oblige à forcer sur la pédale ! On profite du paysage et on termine en prenant un peu de hauteur sur la ville avant de monter dans le train pour revenir sur Paris.
Contribuez à la sauvegarde du Canal
Depuis 2006, les platanes qui bordent le Canal du Midi font face à une maladie incurable. Ils sont en effet attaqués par le chancre coloré si bien que sur les 42 000 arbres, 20 500 ont dû être abattus depuis 2006.
Parallèlement et pour continuer à préserver le Canal, de nouvelles essences d’arbres sont plantées mais cette opération est très coûteuse, estimée à 220 millions d’euros. Si une partie du financement est assumé par les collectivités ou le mécénat, les Voies Navigables de France font aussi appel à la générosité du public notamment au travers d’une opération de financement participatif. Vous pouvez ainsi contribuer à la préservation du canal en faisant un don pour le programme de replantation, en partie déductible de vos impôts, sur le site replantonslecanaldumidi.fr.
Pour en savoir plus sur le Canal du Midi à vélo, vous pouvez consulter les avis des autres blogueurs qui m’ont accompagné sur ce voyage : Philomène / Globe-trotting ; Aline / Tour du Monde ; Emilie / Clichés d’Ailleurs ; Emilie / Elles font du vélo.
Merci au Canal des 2 Mers à Vélo ainsi qu’à l’Agence AirPur et notamment à Clarisse pour l’organisation de ce séjour. Merci particulièrement à Sophie qui nous a si bien accueillis dans sa maison d’hôtes, à Monique pour sa joie de vivre communicative et à Christophe notre chauffeur pour sa bonne humeur et son obligeance.
Des personnes ont réagi à cet article
Voir les commentaires Hide commentsSuperbe article j’ai déjà envie d’y retourner !!!
Merci Philo ! 🙂 Effectivement on retournerait bien se balader le long de ce beau Canal. Vivement septembre pour de nouvelles aventures ! 😀
Maison du velo est un association qui fait le concurrence deloyal avec des vrais entreprises. Ils ont des subventions au 300,000 (trois cent mille!) euro par an! Un association ne peut pas vendre au tout le monde. C’est le honte touloussain.
Merci pour ce beau témoignage plein d\’infos bien pratiques et utiles.