Si on vous dit voyage, sport, nature et patrimoine, cela vous tente ? Alors la Véloscénie est faite pour vous ! Depuis Paris, vous pouvez rejoindre le Mont-Saint-Michel à vélo tout en profitant des musées, monuments et superbes gîtes qui croiseront votre route.
En alternant vélos à assistance électrique et quelques tronçons en voiture et train, nous avons fait ce parcours sur quatre jours. Un week-end prolongé extrêmement dépaysant et riche en découvertes.
Jour 1 : les Yvelines et le château de Rambouillet
C’est aux portes de Paris que commence notre périple, depuis la vallée de Chevreuse accessible facilement en RER. Nous avons retrouvé Philippe de Fourchette et Manivelles qui fut notre guide pour une journée nature : 55 km à vélo, la plupart du temps dans les bois sur des voies vertes. Philippe a un parcours atypique, après une longue carrière dans le privé il a lancé son activité de cyclotourisme et c’est un guide jovial et passionnant.
Avec lui nous sommes passés par le château de Breteuil et la magnifique Abbaye de Vaux de Cernay avant de faire une pause pique-nique au Petit Moulin. Cet ancien moulin a été reconverti en musée qui présente le fonctionnement d’un moulin, le métier de meunier et surtout les nombreux peintres qui ont séjourné dans la région.
L’après-midi, direction Rambouillet et son magnifique château. Saviez-vous que Rambouillet a vu défiler François Ier, Louis XVI ou encore Napoléon qui y a séjourné 60 jours ! Une longue période pour l’époque car l’empereur était souvent parti en campagnes. Son passage reste visible dans certaines pièces du château où les signes impériaux sont très présents.
C’est aussi dans ce château que s’est réuni le G6 pour la première fois en 1975 sous l’impulsion de Valéry Giscard d’Estaing ; la table de cette rencontre a été reproduite à l’identique. On y trouve également la salle de marbre composée de trois types de marbres différents. Actuellement, Rambouillet accueille une exposition de Julien Salaud que vous avez peut-être déjà pu voir au musée de la Chasse et de la Nature.
Pour les amateurs de verdure, prenez le temps de flâner dans le parc du château où bien de vous arrêter dans le parc animalier Espace Rambouillet.
Et pour dormir ? Nous avons fait une halte à la chambre d’hôtes « La grange de Guesle », labellisée « Accueil vélo » où Catherine et Michel nous ont réservé un merveilleux accueil. Il y a 6 ans ils ont retapé une grange pour y installer 4 chambres très cosy. Depuis ils prennent plaisir à recevoir leurs hôtes et à échanger avec eux. Nous avons beaucoup apprécié leur convivialité et leur gentillesse. Prenez le temps de vous y arrêter vous ne le regretterez pas, et la cuisine de Michel est à tomber !
Bon à savoir : à partir de septembre / octobre, il y aura à côté de la gare de Saint Rémy les Chevreuses la possibilité de louer des vélos. Idéal pour une escapade green d’une journée aux portes de Paris. En attendant, un « baladobus » est mis à disposition les week-ends et jours fériés pour aller dans les différents monuments de la vallée pour seulement 4€ la journée. Et pour les randonneurs, téléchargez l’appli rando de la Vallée de Chevreuse qui propose 50 circuits.
Jour 2 : traversée de l’Orne
Comme tout français qui se respecte, nous associons le voyage à la découverte d’une gastronomie. Aussi, le chemin de la veloscenie vous permet d’aller à la rencontre de producteurs, comme Grégoire Ferré qui s’occupe d’une ferme cidricole et qui nous a expliqué son métier.
Savez-vous comment on produit du cidre ? Après la cueillette des pommes à l’automne, il faut les broyer puis les presser. Le jus doit ensuite fermenter pendant 3 mois, ce qui transforme le sucre en alcool. Après la mise en bouteille, la fermentation continue et le dégagement de gaz permet de produire le pétillant naturel, le cidre sera consommable 3 mois plus tard. Et pour le calvados ? On distille le jus ce qui produit une eau de vie de pomme à 70 degrés d’alcool environ. En la laissant reposer plusieurs années en fûts on obtiendra le fameux digestif !
Retour aux visites patrimoniales à la Mortagne-au-Perche où nous avons visité le cloître et l’église Saint-François, fondés par Marguerite de Lorraine. Cette dernière est devenue veuve très jeune et est partie retrouver son frère Francois Ier ; peu à l’aise à la cour, elle décide de consacrer sa vie aux pauvres et à Dieu et fonde le cloître pour s’occuper de nécessiteux.
Pour votre déjeuner nous vous recommandons le « Pigmalion », une cave à vin – restaurant qui propose une cuisine originale et gourmande. Après avoir repris des forces, direction Alençon et sa sublime basilique construite entre le XIVe et le XVIe siècle…
… puis le musée de la Dentelle, un savoir-faire désormais classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et que la ville cherche à préserver. L’histoire de la dentelle commence au XVIIe siècle : c’est un bien très prisé, signe d’une grande richesse mais qui ne se produit qu’à Venise. Agacés de voir l’argent sortir du territoire, Colbert et Louis XIV ouvrent une vingtaine de manufactures royales de dentelle, dont une à Alençon en 1665. La ville comptera jusqu’à 8 000 dentellières ! Mais le métier est très difficile : il faut 8 ans pour maîtriser l’art de la dentelle à l’aiguille et entre 7 et 15 heures de travail pour ne concevoir que 1 cm² de dentelle !
La dentelle évolue beaucoup au fil du temps. Marie-Antoinette impose notamment un style très aérien. Mais l’association de la dentelle à la noblesse pénalise cet art à la Révolution : on évite d’en porter et certaines dentellières sont même guillotinées ! On passe ainsi de 8000 dentellières à 2000 dans la région. L’arrivée de la dentelle mécanique, bien que moins fine, pénalise encore la profession. A ce jour, Alençon ne compte plus que 8 dentellières qui travaillent pour la manufacture des Gobelins.
La balade continue au château de Carrouges que nous n’avons malheureusement pas eu le temps de visiter mais l’architecture extérieure méritait de prendre le temps d’y faire une halte pour l’admirer ! Il a été fondé au XIVe siècle par Jean de Carrouges puis est reconstruit et agrandit après la guerre de Cent Ans et jusqu’au XVIIe siècle par ses descendants, la famille Le Veneur de Tillières. Le château est classé au titre des Monuments Historiques depuis 1927 et a été cédé à l’Etat en 1936 ; il est désormais administré par le Centre des Monuments Nationaux.
Puis retour sur les vélos, direction Domfront, charmante ville médiévale où nous avons posé nos bagages pour la nuit dans le B&B « Numéro 5 » qui offre une vue magnifique sur la vallée.
Jour 3 : de Domfront à Ducey
Au début de cette nouvelle journée, nous restons un peu à Domfront pour découvrir les ruines de son château ainsi que la surprenante église Saint Julien.
Grâce à sa position dominante sur la vallée, Domfront était l’emplacement idéal pour créer une plateforme. Il y a 1000 ans, on y édifie un premier château en bois, remplacé il y a 900 ans par un nouveau château, en pierre. Celui-ci est massif : un gros rectangle d’environ 20 mètres de côté et des murs de 3 à 4 mètres d’épaisseur ! En 1610 on choisit de le détruire pour éviter de le laisser tomber en mains protestantes ; l’explosion du donjon disperse de gros blocs qui sont aujourd’hui encore éparpillés autour de la ruine. Il reste cependant une magnifique coursive défensive du XIIIe siècle.
A quelques pas du château, l’église Saint-Julien est surprenante avec son architecture en béton armé. Elle fait penser à l’église Saint Joseph du Havre mais il n’en est rien : conçue en 1924 elle est antérieure à l’église d’Auguste Perret. L’intérieur surprend avec son magnifique style byzantin mais c’est dans ses hauteurs que Saint Julien réserve ses plus belles surprises. Son clocher vous fait monter à 55 mètres de hauteur et offre une vue incroyable à la fois sur l’intérieur de l’église mais aussi sur la région, à 360 degrés ! Cette visite guidée est proposée pour seulement 3€ et est à faire absolument !
Retour sur nos vélos, nous pédalons jusqu’à Saint Cyr du Bailleul pour déjeuner à l’Auberge de la Source. Ce restaurant semi-gastronomique ravira à coup sûr les gourmets et gourmands. Bon à savoir : pour le déjeuner en semaine, vous y trouverez aussi un restaurant ouvrier avec une formule très accessible autour d’une douzaine d’euros seulement.
Nous retrouvons nos fidèles montures pour prendre la direction de Mortrain, une ville construite à flanc de coteaux. Malheureusement, la pluie s’invite sur notre chemin nous obligeant à sortir les ponchos… mais avouons-le, la Normandie sans la pluie ce n’est pas tout à fait la Normandie et il fallait bien que nous fassions cette expérience de la Veloscénie par mauvais temps. Arrivés à destination nous découvrons les cascades de Mortrain. La plus grande présente une chute de 25 mètres !
Nous retrouvons Hugo, de Petite Reine pour aller vers la dernière étape de la journée à Ducey, ville située aux portes du Mont Saint-Michel : notre objectif se rapproche ! Nous y découvrons le château des Montgommery édifié au XVIIe siècle par Gabriel II de Montgommery. Ce nom ne vous dit probablement rien mais il est pourtant intimement lié à l’histoire de France. C’est en effet son père, Gabriel Ier de Montgommery, qui blessa mortellement le roi de France Henri II lors d’un tournoi. Ce fâcheux accident fit sombrer la famille Montgommery en disgrâce ! Gabriel II tenta donc de restaurer la noblesse de sa famille en construisant un somptueux château. Celui-ci a beaucoup évolué au fil du temps, ce qu’il en reste n’est qu’une petite partie du château d’origine. Délaissé puis pillé pendant de nombreuses années, il a été racheté par la ville dans les années 1980 qui s’attache depuis à le restaurer peu à peu.
Nous dînons et dormons à l’Auberge de la Sélune qui propose une restauration gastronomique référencée au guide Michelin. Les menus proposés sont entre 30 et 50€ (entrée, plat et dessert) et excellents !
Jour 4 : l’arrivée au Mont Saint-Michel
Ce quatrième et dernier jour de ce voyage sur la Veloscénie nous emmène vers notre objectif : le Mont-Saint-Michel. Cette étape est la plus agréable, il fait beau et surtout le majestueux monument se repère de très loin, c’est une belle motivation pour pédaler, observés ça et là par quelques vaches visiblement un peu intriguées par notre passage !
En fin de matinée l’objectif est atteint, nous sommes au Mont ! Bien que l’ayant déjà visité l’an dernier, le Mont Saint-Michel (voir notre article Le Mont-Saint-Michel, treize siècles d’histoire(s)) a toujours cet effet « wahou », comment ne pas être impressionné par cette ville posée sur les rochers ?
Nous partons visiter l’abbaye notamment pour revoir le cloître dont les travaux de restauration sont désormais terminés, rendant à ce petit bijou du XIIIe siècle son niveau d’origine.
L’après-midi est consacré à une balade pied nus dans la baie. Outre le côté relaxant d’être au contact de l’eau et de la vase, cette promenade offre un point de vue superbe sur le monument. Notre guide des Chemins de la Baie en profite pour nous parler de l’histoire du Mont, des problématiques d’ensablement de la baie et aussi des sables mouvants propices à toutes les légendes.
Après cette belle journée ensoleillée, l’aventure prend fin. Il est temps de rendre les vélos de location qui nous ont accompagnés tout au long de ce parcours avant de sauter dans un OUIbus pour revenir sur Paris, des souvenirs plein la tête !
La Véloscénie est une excellente façon de voyager, mêlant nature, patrimoine, rencontres avec les locaux et bien sûr un peu de sport. Rassurez-vous néanmoins, en vélo à assistance électrique cela se fait très bien – nous sommes passés par Loc Vélo pour la location de nos montures. Vous pouvez faire ce parcours par petits bouts en alternant vélo et voiture comme ce fut le cas pour nous (nous avons fait environ 130 km à vélo sur l’ensemble du voyage) où bien entièrement à vélo mais dans ce cas prévoyez un séjour d’une semaine à dix jours. Plusieurs voyages clés en main sont proposés par la Véloscénie, vous permettant d’agrémenter votre parcours de quelques visites comme nous l’avons fait. Rendez-vous sur leur site pour en savoir plus !
Un grand merci à la Véloscénie, à l’agence Airpur et tous nos interlocuteurs, hôtes, guidés et accompagnateurs qui nous ont permis de vivre quatre journées dépaysantes et passionnantes.
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Voir les commentaires Hide commentsIl n’y a pas à dire (mais on le dit quand même !) , c’est vraiment un chouette itinéraire, que cette #Véloscénie, en témoigne le retour d’expérienceS d’Antoine Vitek pour #Culturez-vous (petit coup de cœur pour les visites et rencontres partagées côté #OrnePureNormandie 🙂 ); Merci , on aime, on suit !
Merci Carole ! 🙂