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Le Centre Pompidou consacre en cette fin d’année une exposition à deux artistes polonais, en couple dans la vie : Katarzyna Kobro (1898-1951) et Władysław Strzemiński (1893-1952). Pourquoi eux ? Car ils furent à l’avant-garde artistique des années 1920, développant le langage moderne de la sculpture chez Kobro et celui de la peinture pour Strzemiński. Ensemble, ils ont créé l’un des premiers musées d’art moderne, ouvert en 1931.

L’exposition Une avant-garde polonaise permet ainsi de découvrir leur parcours et leur univers artistique, intimement lié à l’histoire de la Pologne de l’entre-deux guerres.

Exposition Une avant-garde Polonaise au Centre Pompidou  

L’euphorie après la première guerre mondiale

C’est d’abord en Russie que leur parcours artistique commence, dans le contexte tumultueux de la Révolution d’Octobre (1917). Ils se rencontrent à Moscou en 1918 et c’est également dans la capitale russe qu’ils font la connaissance de Malévitch qui leur confie le développement d’une filiale de l’école Ounovis et qui les inspirera dans la conception d’une oeuvre dans laquelle les énergies vitales s’harmonisent avec la réalité humaine. Strzemiński et Kobro puisent aussi leur inspiration chez Tatlin, dans son utilisation de matériaux industriels.

Ils s’installent en Pologne au début des année 1920, peu après le recouvrement de l’indépendance. La première guerre mondiale vient de s’achever et le pays entame sa reconstruction dans une certaine euphorie. C’est au milieu de cette effervescence qu’ils commencent à développer leurs propres conceptions artistiques : ils ont pour souhait d’élaborer une oeuvre cohérente au même titre qu’une création de la nature. Cette vision sera à la base d’un système qu’ils appelleront en 1928 l’unisme.

Après leur arrivée en Pologne, Strzemiński et Kobro continuent à garder contact avec Malévitch et tentent d’organiser son installation dans le pays. Si celle-ci n’aboutit finalement pas, Malévitch exposera cependant à l’Hôtel Polonia de Varsovie en 1927, conservant ainsi un lien avec l’avant-garde polonaise.

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Exposition Une avant-garde Polonaise au Centre Pompidou  

La théorie de l’unisme

Selon cette théorie, une oeuvre d’art doit être créée selon les éléments qui la constituent. Concrètement, en peinture, cela se traduit pour Strzemiński par l’abolition du mouvement, du temps, de la tridimensionnalité et des références au monde extérieur. Un tableau est donc constitué d’une surface plane, d’un cadre et de peinture. À la fin des années 30, ses peintures élaborées selon cette théorie sont donc des quasi-monochromes à la surface texturée.

En sculpture, pour Kobro, l’espace est intégré comme une matière à part entière de l’oeuvre : elle conçoit la sculpture non pas comme un bloc uni mais comme une composition ouverte sur l’espace.

> En savoir plus sur Katarzyna Kobro

Mais ils comprennent très vite que leurs idées ne peuvent être appliquées sans un changement de la société vis-à-vis de l’art moderne et ils multiplient les initiatives de démocratisation de l’art : enseignement, conférences, expositions…  

 

La naissance de l’un des premiers musées d’art moderne au monde

Leur plus grande initiative en ce sens reste la création d’une collection internationale d’art moderne à Łódź. Cette action a suscité l’intérêt de nombreux artistes européens de l’avant-garde comme Fernand Léger, Max Ernst, Hans Arp ou encore Kurt Schwitters, qui ont fait don de certaines de leurs œuvres personnelles. Cette collection sera à la base de l’un des premiers musées d’avant-garde au monde et sera ouverte au public le 15 février 1931.

Cette même collection est à l’origine du Muzeum Sztuki de Łódź dont les nombreux prêts au Centre Pompidou permettent d’avoir un aperçu de la collection rassemblée par Kobro et Strzemiński.

L’action du couple ne se limite pas à la peinture ou la sculpture. Ils créent également des affiches de propagande et de la scénographie de théâtre. Ils participent en outre à la conception graphique de livres et revues ainsi qu’à des projets d’architecture et d’urbanisme conformément à leur théorie uniste : unifier le bâtiment à son environnement et l’harmoniser aux activités humaines.  

 

Les années 30/40 et la naissance de la “conscience visuelle” chez Strzemiński

Strzemiński pense que la vision humaine est façonnée par les conditions socio-économiques. Cette pensée est à l’origine de ce qu’il appelle la « conscience visuelle ». Il tente alors de capter non plus la réalité mais la manière dont on perçoit une image en introduisant la ligne organique.

Il applique ce même procédé dans une série de dessins pendant la Seconde Guerre Mondiale, qui forment ainsi un témoignage des atrocités de la guerre mais laissent également entrevoir les émotions de l’artiste. Témoin du traitement infligé aux juifs dans le ghetto de Łódź où vivaient plusieurs de ses amis et étudiants disparus, il réalise la série “A mes amis, les Juifs” constituée de collages de photographies documentaires des camps de concentration, et de dessins.

 

L’après-guerre et les dernières années

Après la guerre, Strzemiński s’intéresse toujours à la vision et notamment à l’image rémanente qui apparaît sous nos paupières. Pour lui, ces images sont la preuve de la dépendance de notre vision à la physiologie. Il travaille sur la « théorie de la vision », continue à développer son idée d’une conscience visuelle et pose les bases du « réalisme humaniste ».

De son côté, Kobro délaisse un temps son activité artistique pour s’occuper de leur fille Nika née prématurément en 1936 ; puis à cause de la guerre. En 1948 elle crée une série de nus féminins. L’enthousiasme des années 20 a disparu, marqué par l’expérience de la guerre et les traumatismes personnels.

A cette même période, l’Etat impose des thématiques aux artistes. Strzemiński qui ne parvient pas à se plier aux exigences socialistes continue à défendre l’indépendance de l’artiste. Il restera marginalisé, écarté de la vie politique et privé de ressources jusqu’à sa mort en 1942. Quant à Kobro, sa séparation avec Strzemiński en 1947, la maladie et les conditions précaires stoppent sa carrière en 1948.

 

Pour résumer, Une avant-garde polonaise permet de découvrir deux artistes qui ont beaucoup contribué au développement de l’art moderne sur la première moitié du XXe siècle ; elle aide aussi à comprendre le contexte politique et historique dans lequel leur art a pu se développer. Grâce au partenariat avec le Muzeum Sztuki, cette exposition offre également une occasion unique de voir toutes ces œuvres rassemblées en France.  A découvrir jusqu’au 14 janvier 2019 en attendant peut-être d’aller visiter le Muzeum Sztuki de Łódź ?!

 

Illustration d'en-tête : J. Przybos, W. Strzemiński, K. Kobro, vers 1930
© Archive Muzeum Sztuki, Łódź
Cet article a été réalisé en partenariat avec Pologne Cultures Actuelles

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Informations pratiques

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Centre Pompidou
Place Georges-Pompidou
75004 Paris

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Jusqu’au 14 janvier 2019.
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Évitez l’attente sur place en achetant votre billet en ligne.

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Tarif plein : 14 €
Tarif réduit : 11 €

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