Dans le 17e arrondissement de Paris, à deux pas du parc Monceau, l’hôtel Gaillard est en pleine effervescence. Il s’apprête en effet à accueillir Citéco : la Cité de l’Economie et de la Monnaie. En attendant de découvrir ce nouveau lieu culturel, suivez-moi dans les coulisses de ce chantier d’exception…
Note : Depuis la rédaction de cet article, la Cité de l’Economie a ouvert ses portes !
L’hôtel particulier d’Emile Gaillard devenu succursale de la Banque de France
Nous sommes à la deuxième moitié du XIXe siècle, la commune des Batignolles-Monceau est encore peu habitée et principalement constituée de pâturages. Mais depuis son annexion à Paris en 1860, de nombreux investisseurs flairent le bon coup, achètent des terrains et y construisent des hôtels particuliers. Le quartier est également prisé par de nombreux artistes tels que Manet, Detaille, Debussy, Fauré ou encore Sarah Bernhardt qui s’y installent.
C’est dans ce contexte qu’Emile Gaillard, banquier et amoureux des arts, commande à l’architecte Victor-Jules Février la construction d’un hôtel particulier, pour y abriter notamment sa collection d’œuvres d’art médiévales et début renaissance. Sa construction se fait entre 1878 et 1882 et vaut à Février plusieurs distinctions et une reconnaissance unanime : “cadre féérique”, “reconstitution merveilleuse du château de Blois”, “une des œuvres les plus remarquables que la fortune d’un particulier ait permis à un architecte d’édifier”.
Si bien que lorsque Emile Gaillard décède en 1902, le sort de l’hôtel inquiète et l’on craint qu’il soit détruit. En 1904, ses héritiers mettent en vente la collection d’œuvres d’art de Gaillard – aujourd’hui, certaines de ces œuvres sont dans les collections du musée de Cluny, du Louvre ou encore au château d’Azay-le-Rideau. L’hôtel quant à lui peine à trouver un acquéreur, il faudra attendre 1919 pour que la Banque de France l’achète au prix de 3,3 millions de francs (il en avait coûté 11 !) afin d’y établir une succursale.
L’hôtel Gaillard avec un panneau « à vendre » en 1913
Les travaux d’aménagement de l’hôtel Gaillard sont confiés à l’architecte Alphonse Defrasse qui parvient à intégrer les éléments constitutifs d’une succursale dans le bâtiment tout en préservant l’esprit du lieu. Defrasse conserve ainsi la distribution d’origine des appartements d’Emile Gaillard mis à part la galerie de tableaux qui est supprimée afin de fusionner l’hôtel Gaillard et l’hôtel de la rue Thann. Par ailleurs, lorsque des modifications sont nécessaires, Defrasse reprend le style du bâtiment. En découvrant ces transformations, Victor-Jules Février confiera à Alphone Defrasse : “Non seulement vous n’avez pas dénaturé mon oeuvre mais vous l’avez parachevée”.
Les nouveaux éléments nécessaires au fonctionnement d’une succursale de banque comme le hall du public ou la salle des coffres, sont construits dans les cours intérieures et reprennent le registre décoratif d’origine. La salle des coffres est très ingénieuse : pour dissuader un éventuel vol ou pour protéger les dépôts en cas de guerre ou d’émeute, elle est entourée d’un fossé rempli d’eau de 2m50 de profondeur qu’il n’est possible de traverser que par un plancher mobile. Cette configuration inspirera le journaliste Louis Roubaud : “un étrange château fort invisible, machiné comme une maison de magiciens, dans le plus fantastique des romans policiers : pont-levis électrique, murs calculés pour se jouer du fer, du feu et de la poudre ; serrures de cyclopes à clés lilliputiennes… Dans ce caveau, l’oeil de la conscience n’eût pu suivre Caïn”.
En 2006, la succursale de la Banque de France est fermée. Peu après, il fut décidé d’abriter dans l’Hôtel Gaillard la Citéco, Cité de l’Economie et de la Monnaie, qui devrait ouvrir ses portes début 2019.
Et bientôt : la Cité de l’Economie et de la Monnaie
Citéco a pour ambition de briser la glace entre les Français et l’économie pour que cette discipline soit mieux apprivoisée par le grand public.
Le parcours de l’exposition permanente sera divisé en six séquences qui expliqueront les notions et enjeux économiques, monétaires et financiers au travers de présentations ludiques. On y trouvera également un espace d’expositions temporaires de 430 m², un auditorium ainsi que des salles d’ateliers pédagogiques. Enfin, le café ambitionne d’être un lieu vivant à la fois pour les visiteurs du musée mais aussi pour les habitants du quartier.
Mais pour l’heure, l’hôtel Gaillard est en plein travaux. Voici un petit aperçu du chantier…
LIRE AUSSI : 5 questions à Amandine Blier, directrice de la communication à la Cité de l’Economie
Des personnes ont réagi à cet article
Voir les commentaires Hide commentsHâte. Merci