De son vivant comme après sa mort, Marie-Antoinette n’a cessé de fasciner. Tantôt détestée, tantôt adulée, elle fit l’objet à toutes les époques d’une multitude de représentations. Dans sa nouvelle exposition, la Conciergerie se penche sur les nombreuses métamorphoses de l’image de celle que l’on surnommait “l’Autrichienne », devenue aujourd’hui reine de la pop culture. Zoom sur ce qui est sans aucun doute l’une des expositions incontournables du moment.
Sommaire
Le “couloir de la mort” de Marie-Antoinette à la Conciergerie
Ancien Palais de la Cité, la Conciergerie fut la résidence du roi jusqu’à la fin du XIVe siècle avant de devenir l’un des hauts lieux de détention pendant la Révolution Française. A ce titre, Marie-Antoinette fut sa plus célèbre détenue. C’est en effet ici qu’elle passa ses derniers jours avant d’être conduite à l’échafaud le 16 octobre 1793.
Symbole de la monarchie pour les républicains, martyre pour les royalistes, Marie-Antoinette exacerbe les passions. Son procès, très suivi, contribuera pour beaucoup à la dramaturgie qui entoure son personnage.
L’exposition revient rapidement sur cet épisode tragique de la vie de la reine. Bien que cloîtrée dans sa cellule, Marie-Antoinette fait déjà l’objet d’un grand nombre de représentations – pour la plupart inventées. Un portrait réalisé par le peintre Alexandre Kucharski quand elle était emprisonnée au temple la montre déchue, vêtue de noir, séparée de ses enfants et portant déjà le deuil de son mari qui vient d’être exécuté. Cette image de la reine face à son destin mais gardant toujours un regard digne circulera déjà beaucoup à la fin du XVIIIe siècle et fera l’objet de multiples copies.
On trouvera en outre quelques objets remarquables comme son acte d’accusation ou encore sa dernière lettre sortie exceptionnellement de l’armoire de fer des Archives Nationales. Une petite vitrine présente par ailleurs le soulier qu’elle aurait perdu en montant sur l’échafaud. Une relique insolite dont on peine à savoir si elle est vraie ou non mais qui souligne cependant l’ampleur du culte voué à Marie-Antoinette, tant dans les collections publiques que privées.
Histoires et images de la Reine
Marie-Antoinette fascine par son histoire mais attise aussi la curiosité par la sophistication dont elle fit preuve et son envie de s’éloigner de la cour à Versailles. Encore aujourd’hui, la production littéraire qui entoure la reine est énorme.
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Mais ses représentations sont elles aussi nombreuses. Déjà de son vivant, un de ses portraits réalisé par Elisabeth Vigée-Le-Brun la présentant en paysanne sans attributs royaux fera scandale. Elle crée les polémiques mais suscite aussi les modes. Rappelons que Marie-Antoinette était une reine moderne, la première à avoir voulu élever elle-même ses enfants.
De nos jours, Marie-Antoinette continue à être largement représentée ou détournée comme ici par Fernando Botero ou Pierre et Gilles. La reine a même eu le droit à sa poupée Barbie !
Une reine martyre
Sous la restauration, en 1815, Marie-Antoinette commence à être représentée en reine martyre. Louis XVIII, le frère de Louis XVI, participera largement à la construction de cette image dans trois monuments :
- à la Basilique Saint-Denis où il fit transférer sa dépouille
- à la Chapelle Expiatoire qu’il fit élever à l’endroit où son corps fut retrouvé
- à la Conciergerie en installant une chapelle expiatoire à l’emplacement de sa cellule
Ce culte, on s’en doute, ne fait pas l’unanimité. Sous la commune, en 1871, une affiche appelle à la destruction de la Chapelle Expiatoire jugée comme “une insulte permanente”.
Dans les années suivant sa mort, de multiples représentations de son exécution seront faites. Les royalistes soulignent sa grandeur d’âme là où les républicains la présentent avec un regard particulièrement hautin.
La Reine trouvera cependant un chevalier servant en la personne de Pierre de Nolhac, hostile à la Révolution, qui cherchera à réhabiliter son image. Conservateur à Versailles, il fut son biographe tout en sauvant le château et les traces de Marie-Antoinette à Trianon.
Marie-Antoinette, le cinéma et la pop culture
Depuis plusieurs décennies, l’histoire de Marie-Antoinette a été largement racontée au cinéma. Incarnée par Sarah Bernhardt, Michèle Morgan, Emmanuelle Béart ou encore Kirsten Dunst, c’est souvent sous un angle attendri que le grand écran présente ce personnage qui fut bien malmené par son époque. On la vide souvent de sa substance politique pour la représenter comme dans le célèbre film de Sofia Coppola, sous les traits d’une reine à la mode qui cherche à s’émanciper.
Marie-Antoinette continue d’inspirer les artistes contemporains. On prendra l’exemple de Riyoko Ikeda qui en a fait un personnage de Manga ou encore Kimiko Yoshida qui a fait son autoportrait en s’inspirant des grandes coiffures de la reine.
Avec plus de 200 objets présentés, l’exposition montre la grande variété des représentations qui ont été faites autour de Marie-Antoinette, devenue au fil du temps un personnage bien éloigné de ce qu’elle fut réellement et une icône de la pop-culture. Ces multiples portraits sont aussi le reflet de notre société, parfois cruelle, parfois clémente mais toujours très curieuse !
Vous aussi, ayez la curiosité d’aller découvrir cette exposition riche et passionnante. Profitez-en pour explorer les couloirs de la conciergerie qui vous emmèneront au cœur de la Révolution Française.
Et pour en savoir plus sur le jugement de Marie-Antoinette, Arte diffusera le samedi 26 octobre à 20h50 un documentaire. Racontée par Denis Podalydès avec Maud Wyler (2 automnes, 3 hivers) dans le rôle de la reine, cette ambitieuse fiction historique dévoile les arcanes d’un procès truqué et livre la chronique rigoureusement documentée des derniers jours de Marie-Antoinette et du basculement de la Révolution dans la Terreur.
Les précédentes expositions de la Conciergerie :
- Stéphane Thidet invite la Seine dans la Conciergerie
- Georges Rousse habille la Conciergerie de ses « Paravents »
- Exposition Saint-Louis à la Conciergerie
Informations pratiques
Adresse :
La Conciergerie, Centre des Monuments Nationaux
2 boulevard du Palais
Paris, 1er arrondissement
Horaires :
Tous les jours, de 9h30 à 18h
Nocturne le mercredi jusqu’à 20h30
Temps restant :
Jusqu’au 26 janvier 2020. [countdown date=2020/01/27] Il vous reste [dtimer] pour aller voir cette exposition[after]L’exposition est terminée.[/countdown]Site internet :
http://www.paris-conciergerie.fr/
Tarifs :
Tarif plein : 9 €
Tarif réduit : 7 €
Gratuit pour les moins de 26 ans
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