À quelques kilomètres de Bordeaux, le château de Cadillac est une belle demeure du XVIIe siècle qui a eu une histoire bien mouvementée. Édifié par le Duc d’Épernon, puissant et richissime favori de Henri III, le château a traversé des heures sombres après la Révolution lorsqu’il fut transformé en prison pour femmes. Aujourd’hui ouvert à la visite il permet de découvrir un pan méconnu de l’histoire de France. Retour sur l’histoire d’un château pas comme les autres…
Jean-Louis de Nogaret de la Valette, Duc d’Epernon, père de Cadillac
A l’origine du château de Cadillac se trouve un homme : Jean-Louis de Nogaret de la Valette (1554-1642) qui fut sous Henri III, Henri IV puis Louis XIII l’un des plus importants personnages de France. Pourtant, rien ne le prédestinait à ce destin.
Fils de petite noblesse, il embrasse une carrière militaire et réussit à tirer son épingle du jeu pendant les guerres de religion au point de devenir le favori du roi Henri III qui lui décerne le titre de Duc d’Épernon. Couvert d’honneurs et de richesses, qualifié de “demi-roi”, il sera vu d’un mauvais œil par le nouveau roi Henri IV dont Sully sera le bras droit. Henri IV cherchera à l’appauvrir et à l’éloigner de Paris et de la Cour en l’incitant à construire le château de Cadillac dont la première pierre sera posée en 1598. La richesse du château frappera ses contemporains ; un visiteur anglais témoignait en 1634 :
« Le monument est vraiment magnifique. Il renferme 60 chambres, disposées d’une façon toute royale. On compte 20 cheminées enrichies de marbres variés et partout différents qui décorent les chambres. […] Les murailles sont couvertes de tapisseries d’or et de soie, et valant plus que leur pesant d’or. »
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Bien qu’il n’ait joué aucun rôle dans l’assassinat de Henri IV par Ravaillac, le Duc d’Épernon qui accompagne le roi dans son carrosse assistera de près à la scène. Dans le chaos qui s’en suit, en tant que colonel général de l’infanterie il prendra le contrôle de Paris et assurera la transmission du pouvoir à Marie de Médicis. Il se chargera aussi d’organiser le transfert de la dépouille de son maître Henri III vers la Basilique Saint-Denis.
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Il sera par la suite au service de Louis XIII à qui il fournit des gardes pour fonder en 1622 la première compagnie des Mousquetaires. Mais ses rapports exécrables avec le cardinal de Richelieu et Henri de Sourdis lui vaudront l’excommunication ; exilé, il meurt en disgrâce à l’âge de 87 ans.
Le château de Cadillac après le Duc d’Epernon
À la mort du Duc, le château de Cadillac revint à son fils Bernard (1592-1661) puis, faute de descendance, à la famille des Preissac qui l’entretient un temps avant de l’abandonner aux pillages.
À l’origine le château était flanqué de deux grandes ailes, de quatre pavillons d’angle et d’un mur d’enceinte qui ont tous été démontés au milieu du XVIIIe siècle pour servir de carrière de pierre. Puis à la Révolution, le château est saisi comme bien national.
Un château devenu prison
En 1820 on décide d’ouvrir à Cadillac la première prison pour femmes. Pour ce faire, on construit les deux ailes actuelles ainsi qu’une conciergerie. Les conditions de détention y sont particulièrement difficiles : jusqu’à 500 femmes y seront incarcérées simultanément ; 10 000 prisonnières y séjourneront. Le taux de mortalité atteindra les 20 % par an !
La prison est fermée en 1890 et transformée en “école de préservation de jeunes filles” ce qui est peu ou prou une prison pour mineurs. Les jeunes filles qui résident ici sont parfois dans des situations cruelles : certaines sont incarcérées à la demande de leur père pour avoir une bouche en moins à nourrir ; d’autres n’ont commis que de simples vols. Quelques-unes sont “acquittées placées”, ce sont des femmes jugées non coupables en raison d’un manque de discernement qui sont placées très jeunes en détention et qui le resteront jusqu’à leur majorité (21 ans).
Le centre ferme ses portes en 1952. Depuis, le château a connu plusieurs phases de restauration et de valorisation mobilière. Désormais, il est administré par le Centre des Monuments Nationaux et est ouvert à la visite.
Visite du château de Cadillac
Entrons maintenant pour découvrir l’intérieur de ce château. Au rez-de-cour, les pièces sont distribuées en enfilade de part et d’autre d’un escalier central ; une organisation typique des demeures du début du XVIIe comme c’est le cas par exemple au château de Maisons.
Ces appartements du duc et de la duchesse ont servi de chapelle, sacristie, réfectoire et infirmerie pour la prison mais leur restauration permet d’avoir un aperçu de ce qu’était le logis ducal. On peut y admirer de somptueux plafonds peints ainsi que des cheminées monumentales à la française.
A l’étage, d’anciennes cellules sont visibles et rappellent le passé carcéral du château.
Au sous-sol, deux salles servaient de cuisines et d’offices au XVIIe siècle puis de réfectoire du temps de la prison.
Actuellement et jusqu’au 29 septembre 2019, vous pourrez également voir au château de Cadillac une exposition consacrée à Henri IV, créée en partenariat avec le château de Versailles.
Informations pratiques :
Adresse :
Château de Cadillac
4, place de la Libération
33410 Cadillac-sur-Garonne
Horaires :
Horaires variables selon la saison, consultez le site du château
Site internet :
http://www.chateau-cadillac.fr/
Tarifs :
Plein tarif : 6 €
Tarif réduit : 5 €
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