Saviez-vous que Paris a pendant longtemps été la capitale de le Perle ? Entre les années 1860 et 1930, la grande partie des perles pêchées dans le golfe Arabo-Persique ont transité par Paris où elles étaient marchandées et montées par les plus grandes Maisons de joaillerie de la place Vendôme.
La Perle a dessiné l’industrie du luxe parisien, elle a construit des fortunes, a inspiré joailliers et artistes et s’est retrouvée au centre d’une « perlomanie » qui a envahi tous les arts pendant les Années Folles. C’est cette fascinante saga à la fois commerciale, artistique et humaine, à mi-chemin entre l’art et la science, que nous raconte L’École des Arts Joailliers dans l’exposition « Paris, capitale de la perle » à découvrir – gratuitement ! – jusqu’au 1er juin 2025.
Article réalisé en collaboration avec L’École des Arts Joailliers
La perle, de l’huître à la joaillerie
En théorie, chaque mollusque à coquille peut former une perle mais la plupart viennent d’huîtres marines de régions chaudes. On estime qu’une huître sur dix-mille est à l’origine d’une perle utilisable en joaillerie et seulement une huître sur cinquante-mille donne une perle d’exception. Une rareté qui explique la valeur de ce biominéral si précieux.
Contrairement à l’idée reçue d’un grain de sable qui formerait une perle, il n’y a aucune preuve scientifique qui vient étayer ce mythe. On pense qu’il s’agit plutôt d’un virus ou d’une bactérie qui serait à l’origine de la sécrétion de nacre à l’intérieur du manteau du mollusque.
Perle fine ou perle de culture : quelle différence ?
Le terme « perle fine » désigne une perle naturelle formée sans intervention humaine tandis que la « perle de culture » évoque une perle produite dans un environnement contrôlé par des huîtres perlières où l’on vient placer un morceau de coquille autour duquel de la nacre va venir se former pour créer une perle.
Cette distinction entre perle fine et perle de culture est apparue seulement à partir des années 1920 avec l’arrivée des perles de culture sur le marché parisien.
La plupart des perles fines proviennent du golfe Arabo-Persique qui concentre une grande quantité d’huîtres perlières. Dans l’imaginaire collectif du XIXe siècle, la perle est d’ailleurs associée à l’esthétique orientaliste : en 1863 par exemple, Bizet situe dans l’océan Indien son opéra Pêcheurs de perles.
Touchez les perles !
A l’entrée de l’exposition, une piscine de perle vous invite à plonger la main dans les perles, à les toucher et les manipuler pour mieux découvrir ces trésors.
Comment Paris est devenue la capitale de la perle ?
Certains joailliers comme Cartier profitent de voyages en Inde pour passer par Dubaï et créer un lien étroit avec des marchands de perles, déplaçant ainsi le marché de Londres vers la place parisienne.
Un hôtel contre un collier
L’histoire semble folle, elle est pourtant vraie ! En 1916, Pierre Cartier – petit-fils du fondateur de la Maison – a échangé un collier de deux rangs de perles contre un hôtel particulier de la 5e avenue de New York.
Vers les années 1900, en pleine période de la Belle Epoque, les grandes maisons Joaillières cherchent les plus belles perles qu’elles associent à du platine ou du diamant pour donner naissances à des bijoux légers et éclatants.
Sur les oreilles, autour du cou ou des poignets… la perle déferle sur les corps des femmes de la haute société et si la perle au ton crème est fortement plébiscitée, on commence aussi à s’intéresser à de nouvelles couleurs et de nouvelles formes.
Cette « perlomanie » ne se limite pas au monde de la joaillerie mais déborde sur tous les arts comme le cinéma, la photographie ou la peinture, faisant de la perle l’un des symboles des Années folles. En 1911 par exemple, l’illustrateur de mode George Barbier crée un groupe d’artistes surnommé « les chevaliers du bracelet ». Ces artistes-dandy réalisent des illustrations de la mode des années 1920 où la perle est omniprésente.
La crise économique de 1929 annonce la fin du règne parisien sur l’univers de la perle. La prise de conscience de la grande précarité des conditions de vie des pêcheurs de perles – proche de l’esclavage – puis l’arrivée de la Seconde Guerre mondiale avec la déportation des marchands juifs de la rue La Fayette vont porter un coup fatal au marché de la perle. Les négociants vont alors se rediriger en masse vers les perles de culture.
Observez les plus beaux bijoux en perles
L’exposition de L’École des Arts Joailliers ne se contente pas de nous raconter l’histoire de la perle, elle présente aussi une centaine de pièces issues des plus grandes Maisons comme Van Cleef & Arpels, Cartier, Fred…
Des générations pour un collier
Certains colliers ont nécessité des années, parfois même plusieurs générations pour réunir des perles aux teintes et calibres similaires. Une rareté qui justifie les prix des plus prestigieuses parures.
Plongez dans l’histoire fascinante de la perle avec cette passionnante exposition, à découvrir jusqu’au 1er juin 2025.
Réservez votre visite
L’exposition Paris, capitale de la perle de L’École des Arts Joailliers est gratuite mais sur réservation :
Autour de l’exposition
Pour aller plus loin et approfondir le sujet, L’École des Arts Joailliers propose de nombreuses activités :
Visites guidées pour enfants
Des visites guidées gratuites pour les enfants de 7 à 11 ans sont organisées tout au long de la durée de l’exposition les mercredis à 15h15 et 16h15 ainsi que pendant les vacances scolaires.
Podcast « La Voix des Bijoux »
La saison 5 du podcast « La Voix des Bijoux » vous révèle la légende des perles en compagnie d’Inezita Gay-Eckel, historienne du bijou et professeur à L’École des Arts Joailliers ainsi que de Léonard Pouy, docteur en histoire de l’art et responsable des Contenus et de la Transmission à L’École des Arts Joailliers.
Cours d’initiation
Pour en apprendre plus sur la perle, L’École des Arts Joailliers organise un cours de 4 heures sur le thème « La perle : histoire, science et légendes » en petit comité (12 participants maximum) en compagnie d’un historien de l’art et d’un gemmologue.
Ouverts à tous, sans connaissances préalable, ces sessions sont proposées en français et en anglais au tarif de 200 € par personne.
Informations pratiques
Adresse :
L’École des Arts Joailliers
Hôtel de Mercy-Argenteau
16 bis boulevard Montmartre
75009 Paris
Horaires :
Jusqu’au 1er juin 2025
Du mardi au dimanche de 11h à 19h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h
Site internet :
https://www.lecolevancleefarpels.com/
Tarifs :
Entrée gratuite, sur réservation
Article réalisé en collaboration avec L’École des Arts Joailliers
Photographie d’en-tête : Collier Gourdji, Collection Faeber
Pas de commentaires
Laisser un commentaire Cancel