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Si aujourd’hui l’Opéra Garnier fait partie intégrante du paysage de la capitale, sa construction résulte pourtant d’une succession de rebondissements dans le milieu des théâtres parisiens.

Avant Garnier : de l’Opéra Montansier à l’Opéra Le Peletier

Remontons soixante-dix ans avant la construction de l’Opéra Garnier, en 1791 : la Montansier (comédienne et directrice de troupe) fait construire une salle de plus de 1600 places face à la Bibliothèque Nationale. Le nouveau théâtre est inauguré en août 1793 mais la Montansier est accusée d’avoir voulu incendier la Bibliothèque. Jetée en prison dès 1794, elle perd la gestion du théâtre qui se voit confier à l’Opéra. Mais en 1820, le duc de Berry, seul espoir dynastique des Bourbons, est assassiné à la sortie d’un spectacle si bien que Louis XVIII ordonne la démolition du théâtre Montansier.

Face à cette décision soudaine, l’architecte François Debret construit en seulement un an l’Opéra Le Pelletier en réemployant des éléments (colonnes et charpente) du théâtre Montansier. Ce nouvel opéra est inauguré en août 1821 et se veut provisoire en attendant la création d’une salle définitive.

Grande salle du théâtre impérial de l'Opéra (salle Le Peletier)
Grande salle du théâtre impérial de l’Opéra (salle Le Peletier) en 1864. Peinture de August Lauré

C’est finalement par un arrêté ministériel du 29 décembre 1860 qu’un concours est ouvert pour la construction du nouvel Opéra, une première puisque jusqu’alors les architectes des grands chantiers étaient choisis par le prince. Il se pourrait que l’idée de ce concours ait été glissé par Viollet-le-Duc à l’impératrice Eugénie pour évincer Charles Rohault de Fleury, pressenti pour construire le nouvel Opéra. Cent soixante et onze projets sont déposés et c’est le projet de Charles Garnier, jeune architecte de trente-cinq ans encore méconnu, qui remporte le concours d’architecture le 30 mai 1861 et se voit confier la construction de la salle.

La construction de l’Opéra Garnier

La première pierre de l’Opéra est posée le 21 juillet 1862, par le président du corps législatif, le comte Walewski.

Pendant la guerre franco-allemande de 1870-1871, le chantier est stoppé et l’Opéra inachevé sert de magasin. L’issue de la guerre marque la chute du Second Empire si bien que l’Opéra commencé par l’Empire sera achevé par la République. La poursuite des travaux se fait pourtant bon gré mal gré, le coût du chantier s’avérant bien plus important que ce qui avait été initialement prévu et les fonds nécessaires étant parfois accordés à d’autres projets comme l’Hôtel-Dieu, jugé prioritaire.

Mais la nuit du 28 au 29 octobre 1873, un tragique événement vient donner un coup de pouce à notre architecte : l’Opéra Le Peletier prend feu et est ravagé par l’incendie qui ne laisse que quelques pans de murs calcinés. On demanda donc à Garnier d’accélérer les travaux pour achever au plus vite le nouvel Opéra. Six-millions neuf cent mille francs supplémentaires lui sont accordés y parvenir.

Finalement, l’Opéra Garnier est achevé le 30 décembre 1874 et inauguré en grandes pompes par le président de la République, le maréchal de Mac-Mahon, le 5 janvier 1875. Estimé à quinze millions de francs, l’Opéra en coûta finalement trente-six, soit environ 330 millions d’euros.

LIRE AUSSI : L’abécédaire de l’Opéra, par Loren Denis

Visite de l’Opéra Garnier

Avec ses pierres, ses marbres et son or, l’Opéra Garnier est un spectacle à lui seul. Il est possible de le visiter pendant la journée pour 15 €.

La visite commence déjà par l’extérieur. La façade principale est un vrai musée avec toutes ses sculptures. En haut à gauche, « L’harmonie » puis à droite « La poésie » toutes deux sculptées par Gumery. Sur le premier niveau, entre les colonnes, différents bustes de Rossini, Auber, Beethoven, Mozart, Spontini, Meyerbeer et Halévy, sculptés par Evrard et Chabaud. Puis au rez-de-chaussée, de gauche à droite : « L’harmonie » de Jouffroy, « La Musique instrumentale » de Guillaume, « L’idylle » d’Aizelin, « La cantate » de Chapu, « Le chant » de Dubois et Vatinelle, « Le drame » de Falguière, « La danse » de Carpeaux et « Le drame lyrique » de Perraud.

Façade principale de l'Opéra Garnier
Façade principale de l’Opéra Garnier

En commençant la visite du bâtiment, nous sommes accueillis par « La pythie« , une statue réalisée par Adèle d’Affry, duchesse de Castiglione-Colonna, pour le salon de 1870. Garnier a été conquis par cette oeuvre destinée à représenter la patronne des artistes et qui montre la voie. Il la fit installer sous le grand escalier.

L'Opéra de Paris : à la découverte du Palais Garnier et de son Histoire 1
« La pythonisse », ou « Pythie » de Marcello (duchesse de Castilgione-Colonna)

Et voici justement ce grand escalier agrémenté de nombreux balcons sur lesquels les spectateurs peuvent se donner en spectacle lorsqu’ils n’observent pas les nouveaux arrivants.

Le grand escalier de l'Opéra Garnier
Le grand escalier de l’Opéra Garnier

En levant les yeux, on découvre le plafond composé des dernières œuvres du peintre Isidore Pils, quatre allégories représentant Le triomphe d’Apollon, Minerve combattant la force brutale devant l’Olympe réuni, Le charme de la musique et La ville de Paris recevant le plan du nouvel Opéra.

Plafond de l'Opéra de Paris
Le plafond, au-dessus du grand escalier

Il est temps d’entrer dans la salle et c’est bien sûr le plafond, toile monumentale de 220m² réalisée par Chagall en 1964 qui attire le regard. Pour mieux découvrir cette oeuvre, je vous invite à aller sur le site de Google Arts & Culture où l’on trouve une photographie d’une précision remarquable, vous pouvez zoomer pour être au plus près de l’oeuvre.

Salle de l'Opéra Garnier
Salle de l’Opéra Garnier

« Nous devons dire seulement que tout a été combiné de façon que tous les spectateurs puissent non seulement voir la scène, mais même toute la salle. » – Charles Nuitter

Salle de l'Opéra Garnier
Salle de l’Opéra Garnier

Passons au grand foyer où l’on ne sait plus où donner de la tête tant il y a de merveilles à observer.

« Laissez-moi vous dire que ce grand foyer me paraît une grande et belle salle et que j’ai dans l’idée que je ne suis pas le seul de mon avis. » – Charles Garnier

Grand foyer de l'Opéra Garnier
Grand foyer de l’Opéra Garnier

Au plafond, la peinture centrale rend hommage à la Musique.

Plafond du grand foyer
Plafond du grand foyer

On trouve également au sein de l’Opéra Garnier la bibliothèque-musée constituée au premier niveau d’une salle d’exposition et au second d’une salle de lecture.

Bibliothèque de l'Opéra Garnier
Bibliothèque de l’Opéra Garnier

Voici donc un aperçu de l’Opéra Garnier mais ces quelques photos ne sauraient retranscrire toute la magie de ce lieu qu’il convient d’aller découvrir que ce soit à l’occasion d’un spectacle ou d’une visite libre, en prenant le temps d’en observer chaque détail.

L’Opéra de Charles Garnier, une oeuvre d’art total

Pour en savoir plus sur ce fantastique monument, plongez dans l’ouvrage de Gérard Fontaine, L’Opéra de Charles Garnier – une oeuvre d’art total édité dans la collection Monographies d’Édifices des Editions du Patrimoine :

L'Opéra de Charles Garnier - Editions du Patrimoine

Publié à l’occasion des 350 ans de l’Académie de musique, ce livre vous convie à une découverte exhaustive de l’Opéra Garnier : toutes les œuvres, peintures et sculptures du Palais Garnier y sont inventoriées. Vous y trouverez également les techniques et matériaux choisis par Charles Garnier, ainsi que de nombreuses photographies de Jean-Pierre Delagarde.

LIRE AUSSI : L’Opéra de Paris lance « 3e scène », un lieu de création numérique

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Comments to: L’Opéra de Paris : à la découverte du Palais Garnier et de son Histoire
  • 1 février 2020

    Je cherche tout renseignement sur le Ténor René PROT
    Aurait chanté à l’Opéra avant 1940

    Reply
  • 1 mai 2022

    Merci pour l’article mais je pense qu il y a un problème dans votre conversion Francs à euros (36 millions de francs n’est pas 330 millions d’euros).
    Par contre je cherche des informations sur le visuel gâteau du bâtiment. Merci

    Reply
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