Il y a quelques semaines je vous parlais de Jumièges, cette grande abbaye normande désormais en ruine dont l’architecture mutilée offre un spectacle saisissant. Récemment, nos pas nous ont menés à la découverte du château de la Ferté-Vidame (en Eure-et-Loir) qui a connu le même sort : transformé en carrière de pierres à la Révolution, il n’en reste aujourd’hui que des ruines… mais quelles ruines ! Cette demeure désenchantée invite à la contemplation et témoigne d’une histoire riche en rebondissements !
La demeure du Duc de Saint-Simon
L’histoire de la Ferté Vidame est longue et commence il y a déjà plus de 1000 ans : un premier château en bois est en effet attesté dès 985. En 1374, la famille de Vendôme qui possède le prestigieux titre de vidame de Chartres (personne en charge des l’armée pour le compte de l’évêque) achète le domaine et fait construire un château en pierre. C’est ce même château qui sera acquis par Claude de Rouvroy, favori de Louis XIII, en 1635.
Claude de Rouvroy aura un fils, Louis de Rouvroy, plus connu sous le nom de Duc de Saint-Simon, considéré comme le plus grand mémorialiste que la France ait connu. Au sein du château, il écrivit les Mémoires de Saint-Simon, dans lesquelles il évoque notamment la jeunesse de Louis XV (c’est-à-dire la régence) ainsi que les nombreux batards de Louis XIV.
La Ferté-Vidame sous le marquis de Laborde
A la fin de sa vie, Saint-Simon n’a plus de descendance mâle et c’est donc sa petite fille, la duchesse de Grimaldi, branche cadette de Monaco, qui hérite du domaine. Elle vend le château en 1764 à Jean-Joseph de Laborde, banquier de la cour de Louis XV et fermier général (en charge de la collecte des impôts). Le marquis de Laborde détient l’une des plus grandes fortunes de France qu’il tient notamment de la traite négrière. Il fait détruire le château médiéval et confie à l’architecte Antoine Matthieu Le Carpentier la construction d’une nouvelle bâtisse : c’est le château que l’on connaît aujourd’hui. Celui-ci est édifié en trois ans seulement, il est constitué de trois étages et aurait compté 167 pièces !
Le château est richement décoré par Laborde qui est aussi amoureux des arts et Mécène. Ironie du sort : des peintures de Hubert Robert, célèbre pour ses dessins de ruines, ornent la demeure.
Laborde ne se limite pas à la reconstruction du château, il réaménage également le parc de la ville : un immense domaine de 860 hectares, entouré d’un mur de 13 kilomètres ce qui en fait le second plus grand parc de la région après Chambord. C’est aussi le dernier jardin à la française créé en France, avec une perspective de 1,5 kilomètres.
En 1783, Louis XVI tombe sous le charme du château de Rambouillet et contraint le duc de Penthièvre de le lui céder. Celui-ci demande en contrepartie le château de la Ferté-Vidame que Laborde est contraint de lui vendre en 1784. Le duc de Penthièvre est le petit fils bâtard de Louis XIV et de la marquise de Montespan, ce qui est une nouvelle situation ironique quand on sait que Saint-Simon dénigrait les bâtards du Roi dans ses Mémoires !
Le démantèlement du château à la Révolution
Lorsque le duc décède dix ans plus tard, en 1793, c’est sa fille, la duchesse d’Orléans qui en hérite. Mais face aux événements de la révolution, celle-ci a émigré et ses biens sont confisqués. Le domaine est venu en 1798 à Cardot-Villers, membre de la “Bande Noire”, un groupe de spéculateurs qui achetait des monuments pour en revendre les matériaux. C’est ce triste sort qui attend la Ferté-Vidame : le château est peu à peu démantelé – d’où son état actuel – et 31 000 arbres sont abattus. Si bien que le château n’aura pas tenu trente ans !
Malgré ce démantèlement, Cardot-Villers ne parvint pas à rembourser ses dettes. Il perd ses droits sur le domaine qui devient propriété de l’Etat. A la Restauration, Louis-Philippe d’Orléans, dernier roi de France, récupère le domaine avec l’ambition de le restaurer. Il réaménage les communs qui deviendront l’une de ses résidences secondaires mais le manque d’argent et la révolution de 1848 interrompent prématurément son projet.
Le domaine tombe alors dans l’oubli et voit défiler plusieurs propriétaires. En 1923, la société Citroën l’achète pour y installer un centre d’essais. Ce n’est qu’en 1945 que la Ferté-Vidame est acheté par l’Etat avant d’être cédé en 1991 au département de l’Eure-et-Loir.
Depuis, le département protège les ruines. S’il est possible de se promener dans le parc, il est en revanche interdit d’entrer au milieu des ruines, pour des raisons de sécurité mais aussi pour ne pas perturber une espèce protégée de chauves-souris qui a élu domicile dans les caves.
Informations pratiques
Adresse
Parc du château de la Ferté-Vidame
Place du vieux marché
28340 La Ferté-Vidame
Horaires
Le parc du château est ouvert du 1er novembre au 31 mars de 9h à 17h30 et du 1er avril au 31 octobre de 9h à 19h.
Site internet
Tarifs
Parc accessible en visite libre
Des personnes ont réagi à cet article
Voir les commentaires Hide commentsa l heure actuelle le parc a lafrancaise ressemble, plutot a un friche ou les retaiter et les handicape ne peuve si aventurer monsieu le president il et grand temp de remettre vos jardinier au boulot pour l instant present c est une honte//////!!!
sautation