Depuis le début du XVIe siècle, la Tour Saint-Jacques est un monument emblématique du centre de Paris. Mais saviez-vous qu’il s’agit du vestige d’une église détruite à la Révolution ? Et que vous pouvez visiter cette tour pour profiter d’un point de vue imprenable sur la ville ? Partons à la découverte de ce monument emblématique.
La construction de l’église Saint-Jacques et de son clocher
Au XIIe siècle, Paris est une ville encore peu étendue, composée de trois zones : le siège du pouvoir politique, judiciaire et religieux sur l’île de la Cité ; l’Université et les grandes abbayes sur la rive Gauche ; les marchands et artisans sur la rive droite.
Dans cette dernière partie de la ville se trouve le quartier des bouchers, une corporation très riche qui finance la reconstruction de l’église Saint-Jacques qui prend, dès le XIIIe siècle, le nom de Saint-Jacques-de-la-Boucherie.
Parmi les donateurs, on compte Nicolas Flamel, devenu célèbre grâce à une légende. Sa grande richesse et son érudition font croire qu’il est alchimiste et qu’il a percé le mystère de la pierre philosophale permettant de transformer le plomb en or. Flamel n’était en réalité qu’un très bon investisseur immobilier ! On trouve encore au 51 rue de Montmorency une de ses maisons, considérée par certains comme la plus vieille maison de Paris.
Au début du XVIe siècle on décide de remplacer le clocher de l’église. Les travaux démarrent en 1508 et durent 14 ans, sous la direction de Jehan de Félin. Si à cette époque le style renaissance est déjà en vogue, on décide pourtant d’élever un clocher gothique flamboyant, avec les nombreuses chimères et gargouilles associées à ce style. La nouvelle Tour compte alors 12 cloches.
La destruction de l’église à la Révolution
Peu après la Révolution, l’église devient Bien National et est vendue comme de nombreux monuments religieux ou ayant appartenu à la noblesse (voir l’Abbaye de Jumièges ou le château de la Ferté-Vidame). Transformée en carrière de pierres en 1797, l’église est peu à peu démantelée ; seul le clocher est préservé grâce à une clause dans l’acte de vente interdisant sa démolition.
La Tour accueille cependant un occupant inattendu : un fabriquant de plombs de chasse s’aperçoit que ses 54 mètres de hauteur permettent de développer son industrie. En effet, les gouttes de plomb lâchées en haut de la Tour refroidissent en tombant et forment des billes une fois au sol ! Mais cette activité n’est pas sans dangers et provoquera deux incendies. Face à cette menace pour le monument comme pour le quartier, la ville de Paris rachète la Tour en 1836 et lance une vaste opération de restauration à partir de 1852, consécutivement au percement de la rue Rivoli pendant les travaux du baron Haussmann.
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Restauration et exploitation de la Tour Saint-Jacques
Cette restauration est menée par l’architecte Théodore Ballu qui opère de profondes transformations. La principale consiste à ancrer l’édifice dans un nouvel environnement : puisque l’église est désormais détruite on créé un square destiné à valoriser la Tour seule ; privée de sa dimension religieuse, la Tour a perdu ses cloches, on ferme donc les baies par des vitraux ; de nombreuses pierres sont restaurées voire remplacées ; certaines nouvelles sculptures sont ajoutées, sans forcément chercher à respecter l’architecture d’origine : comme a pu le faire Violet Le Duc sur d’autres monuments on crée un Moyen Âge imaginaire comme cette sculpture de sirène !
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A l’issue de la restauration, on installe au pied de la Tour une sculpture du mathématicien et philosophe Blaise Pascal qui aurait fait des expériences sur la pression de l’air dans la Tour Saint-Jacques – mais nous n’avons aucune preuve de ces expériences.
En 1891, une station météorologique est ouverte dans la Tour et y restera tout au long du XXe siècle. La pièce consacrée à cette fonction est restée dans son jus et offre un spectacle inattendu dans un tel monument ! De cette pièce, on peut voir toute la structure de la Tour et contempler les vitraux. Sur ces derniers, on a inséré les monogrammes « TB » de l’architecte Théodore Ballu et « NF » de Nicolas Flamel.
A partir de 2001, la fragilisation de l’édifice par la pollution et les intempéries provoque plusieurs chutes de pierres. La ville de Paris et la conservation des Monuments Historiques lancent alors une nouvelle campagne de restauration qui durera 12 ans.
Visiter la Tour Saint-Jacques
Depuis 2013, la Tour Saint-Jacques est ouverte à la visite. Pendant environ une heure, on peut découvrir l’intérieur de la Tour, notamment l’ancien cabinet de météorologie. Mais la cerise sur le gâteau s’obtient après avoir gravi quelques 300 marches : une superbe vue sur Paris, à près de 60 mètres de hauteur.
Si cette vue n’est certainement pas la plus haute de la capitale, elle présente cependant l’avantage d’être dans l’hypercentre de la ville ce qui permet de contempler la Seine et les principaux monuments.
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Des visites sont organisées de juin à début novembre par Des Mots et des Arts, du vendredi au lundi, chaque heure, de 10h à 17h. Vous pouvez acheter vos billets sur place, dans le kiosque qui fait face à la Tour mais il est recommandé de réserver en ligne.
La visite, bien que passionnante, est déconseillée aux personnes souffrant de vertige et / ou de claustrophobie.
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Merci à Des Mots et des Arts et à notre guide Natalia pour cette visite.
Informations pratiques :
Adresse :
Square de la Tour Saint-Jacques
75004 Paris
Horaires :
De juin à début novembre
Du vendredi au lundi
Visite chaque heure, de 10h à 17h
Site internet :
http://www.desmotsetdesarts.com/
Tarifs :
Tarif plein : 10 €
Tarif réduit : 8 €
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