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Chaque année, au sortir de l’hiver, les jardins de Versailles semblent renaître : les statues sont libérées de leurs housses de protection, les arbres reverdissent et l’eau jaillit à nouveau des fontaines, sublimant le magnifique parc. C’est ainsi que de d’avril à octobre, il est possible de profiter des “Grandes Eaux Musicales” et de se promener dans les jardins au rythme de la musique baroque tandis que les fontaines et les bassins sont mis en eau.

Mais d’où vient l’eau de Versailles ? Comment s’organise l’approvisionnement en eau des fontaines ? Nous avons pu pénétrer dans les souterrains du jardin en compagnie des fontainiers du château. Suivez-nous dans ce labyrinthe fascinant !

Alimenter Versailles en eau : un défi permanent

Dès 1661, des bassins sont construits à Versailles. Les toutes premières fontaines sont alimentées par une pompe mécanique qui puisait l’eau dans les étangs des alentours mais pour offrir au Roi plus de fontaines, ce pompage empirique révéla rapidement ses limites et la question de l’approvisionnement en eau devint de plus en plus pressante.

Il fallut donc sans cesse imaginer de nouveaux dispositifs pour augmenter les capacités en eau du jardin, situé en plaine et éloigné d’importants cours d’eau. En 1664, la construction d’un moulin à vent actionné par des chevaux permet de pomper dans l’étang de Clagny et de remplir un réservoir de près de 600 m3, de quoi alimenter dès 1666 une douzaine de fontaines et d’inaugurer les premières “Grandes Eaux” de Versailles.

En 1668, le cours de la Bièvre fut barré afin de remplir de nouveaux réservoirs qui se révèlent trop modestes. En 1672, trois réservoirs sont construits sous la terrasse du château, des “cathédrales d’eau” – encore partiellement en service aujourd’hui – mais qui restent insuffisants pour alimenter l’ensemble des fontaines en permanence. À défaut, on imagina alors un système de sifflets qui permettait aux fontainiers d’actionner ou d’éteindre les fontaines au fur et à mesure de l’avancée du Roi dans les jardins, offrant au souverain l’illusion d’un spectacle continu.

Les échecs successifs des solutions alors imaginées conduisent à élaborer un projet ambitieux : puiser l’eau de la Seine et l’amener à une centaine de mètres au-dessus du niveau du fleuve. Cette invention folle, la machine de Marly, constituée de 14 roues de 12 mètres de diamètre, marque les esprits en raison de son gigantisme. Achevée en 1685, elle restera en service jusqu’en 1817. Pourtant, elle s’avère vite décevante, sa capacité plus limitée que prévue ainsi que ses multiples pannes et fuites ne permettent toujours pas de faire fonctionner les fontaines en continu.

Sous les fontaines de Versailles : dans les coulisses des Grandes Eaux 3

Un dernier projet pharaonique est lancé en 1685 : dévier l’Eure, située à 160 km de Versailles ! Mais la guerre contre la Ligue d’Augsbourg mit fin prématurément à ce chantier qui monopolisait un trop grand nombre de soldats. Il ne fut donc jamais possible de faire fonctionner l’ensemble des fontaines à plein régime et en continu.

À la fin du règne de Louis XVI, par soucis d’économie, le nombre de jets est diminué : certains bosquets ont disparu, d’autres ont été simplifiés. C’est ainsi que l’on passa de 1400 à 600 jets. Actuellement, les jardins de Versailles en comptent 670. Depuis 1980, des pompes ont été installées dans le Grand Canal permettant de recueillir l’eau des fontaines mais aussi les eaux pluviales.

Dans le réseau hydraulique de Versailles : les coulisses des Grandes Eaux

Sous les magnifiques jardins se cache un vrai labyrinthe ! Pas moins de 35 km de canalisations sont déployées pour alimenter l’ensemble des fontaines. Un réseau si bien entretenu au fil des siècles que 20 km de conduites sont encore d’origine.

Sous la terrasse, un réservoir de 2 000 m3, également d’époque, est encore utilisé et permet d’alimenter les 55 bassins et fontaines de Versailles qui nécessitent pas moins de 3 000 m3 d’eau par heure pendant le fonctionnement des Grandes Eaux ! Un fonctionnement resté manuel : les fontainiers actionnent les fontaines grâce à des manivelles, à l’ombre des visiteurs qui n’imaginent pas le spectacle qui se joue en coulisse. Seule exception, si vous êtes observateur, au moment de la mise en eau des bassins de Neptune vous pourrez observer sur les côtés le travail des fontainiers.

Versailles compte une équipe de 13 fontainiers qui entretient le réseau au quotidien. Un métier pour lequel il n’existe pas de formation, les connaissances se transmettent de générations en générations.

Informations pratiques

Château de Versailles
Place d’Armes, 78000 Versailles

Spectacle « Les Grandes Eaux Musicales »
Tous les weekend d’avril à octobre, de 9h à 19h
Tarif plein : 9,5 € / Tarif réduit : 8 €
Billet couplé avec accès au château : 28 € / 24 €
http://www.chateauversailles-spectacles.fr

Merci aux équipes de Château de Versailles Spectacle pour leur accueil et leur sympathie.

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Comments to: Sous les fontaines de Versailles : dans les coulisses des Grandes Eaux
  • 8 mars 2023

    Merci Antoine pour ces informations. J\’ai visité un des réservoirs ce matin c\’est impressionnant.

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