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Dans les environs de Lens, le patrimoine minier fait partie du paysage : il suffit de regarder à l’horizon pour distinguer terrils et chevalements, témoins d’une industrie révolue mais pourtant pas si vieille.

Aujourd’hui, quelques sites emblématiques se visitent et permettent de comprendre ce qu’était la vie d’un mineur. D’autres, désormais reconvertis en hôtels, musées ou sites de randonnées, offrent un nouveau souffle à la région. Partons à la découverte de ce patrimoine aussi passionnant que surprenant !

  1. Un peu d’histoire : le bassin minier dans le Pas-de-Calais
  2. Etre mineur au XXe siècle
  3. La vie dans la mine
  4. Le choc de la fermeture des mines
  5. La reconversion du patrimoine minier

Un peu d’histoire : le bassin minier dans le Pas-de-Calais

Les premières mines arrivent dans le Nord vers 1720 mais seulement en 1842 dans le Pas-de-Calais qui profite ainsi des avancées techniques développées depuis plus d’un siècle. Plusieurs puits sont percés, nommés par un numéro, et qui sont de véritables fourmilières. A titre d’exemple, dans le puits n°11 dont subsiste toujours le chevalement (la structure métallique qui permettait l’accès à la mine), quelques 1 000 mineurs travaillaient pour extraire 1 000 tonnes de charbon par jour.

Les mines fonctionnent jusqu’en 1914. La Première Guerre Mondiale va ravager la région, Lens sera presque entièrement détruite et les mines n’échapperont pas au désastre. Tout a été reconstruit à la fin de la guerre pour une remise en production dans les années 20.

Mosaïque sur le patrimoine minier dans la gare de Lens
Dans la gare de Lens, reconstruite après la Première Guerre Mondiale, des mosaïque rendent hommage à l’activité minière de la région.

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, les mines alors en mains privées fournissent du charbon à l’ennemi si bien qu’à l’issue de la guerre l’Etat prendra la décision de nationaliser cette industrie et cherchera à produire encore plus en investissant dans de nouvelles constructions comme la tour “19” de Loos-en-Gohelle qui permettait d’extraire 12 000 tonnes de charbon par jour avec seulement 3 000 mineurs.

En 1961, un plan gouvernemental annonce la fermeture des mines, la plupart fermeront à la fin des années 80, la dernière à avoir été exploitée se situe en Lorraine, elle a fermé en 2004.

Être mineur au XXe siècle

Cette vie minière nous semble parfois archaïque et bien éloignée de notre vie moderne. Pourtant, seulement quelques dizaines d’années nous séparent de cette époque. Pour comprendre ce qu’étaient les conditions de vie d’un mineur au XXe siècle, il faut commencer par aller non pas vers les mines mais dans les villes. Pourquoi ? Car l’organisation des villes minières en dit long sur le quotidien de ces ouvriers. En effet, le mineur bénéficiait d’un statut à part, les compagnies minières lui offraient plusieurs avantages sociaux : loyer, spectacles, éducation ou encore soins médicaux. Il ne faut pourtant pas s’y méprendre : si on offrait ces services ce n’était pas par grandeur d’âme mais bien pour conditionner la vie du mineur.

Les maisons étaient ainsi pourvues d’un jardin pour permettre au mineur de profiter de l’extérieur au maximum et compenser les moments passés sous terre ; l’entretien du jardin était par ailleurs obligatoire sous peine de sanction, ceci pour occuper le mineur et éviter qu’il fréquente les bars et donc les syndicats !

Maison de mineur à Loos-en-Gohelle
Maison de mineur à Loos-en-Gohelle

L’accès à l’éducation permettait de former les garçons au travail à la mine tandis que les jeunes filles apprenaient à s’occuper d’un foyer. Les soins offerts préservaient une main d’oeuvre qui manquera toujours. Quant aux loisirs on encourageait la pratique d’un instrument à vent pour développer les capacités pulmonaires… Bref, tout était pensé pour permettre au mineur d’être plus productif.

La vie dans la mine

Si hors de la mine le quotidien était facilité, son travail était extrêmement rude et pénible. Le Centre Historique Minier de Lewarde a reconstitué une mine et permet d’avoir un aperçu du travail du mineur : après avoir pris un casque et une lampe, ce dernier empruntait un ascenseur pour atteindre le fond de la mine situé entre 200 et 1 300 mètres avec une tenue extrêmement rudimentaire, sans gants ni chaussures de sécurité !

Ce métier souterrain n’était pas sans risques : il fallait se méfier des écroulements, des inondations et surtout du grisou, un gaz explosif qui pouvait faire des ravages. En 1906, la catastrophe de Courrières fera ainsi 1 099 morts…

Sous terre, le mineur côtoie des chevaux, pauvres bêtes descendues dans les mines à partir de 1847 pour tirer des chariots. Comme leur descente est longue et laborieuse, ils restaient sous terre parfois des années tant qu’ils restaient productifs. Ils seront remplacés par des trains dans les années 50/60.

Reconstitution de l'intérieur d'une mine au Centre Historique Minier de Lewarde
Reconstitution de l’intérieur d’une mine au Centre Historique Minier de Lewarde

A partir des années 20, le métier évolue un peu. On dote les mineurs de marteaux piqueurs pour extraire plus de charbon. Ces nouvelles machines ont cependant deux gros inconvénients : elles sont très bruyantes ce qui rend le travail encore plus pénible et surtout elles génèrent énormément de poussières qui seront inhalées par les mineurs et causeront de nombreux cas de maladies. On estime à 120 000 le nombre de décès provoqués par la silicose.

Il faut attendre l’après-guerre et la nationalisation des mines pour que l’Etat investisse dans des tenues plus adaptées et limite les poussières par injection d’eau dans le charbon.

Le choc de la fermeture des mines

La fermeture des mines dans les années 80/90 a provoqué une profonde crise sociale : que faire de cette main d’oeuvre et comment reconvertir les villes où tout était pensé pour le travail dans les mines ?

Du côté des habitations, le mineur bénéficiant d’un logement gratuit à vie, certaines maisons sont encore occupées par d’anciens ouvriers. D’autres ont été rachetées par les mineurs ; d’autres encore ont été reconverties en logement sociaux. Beaucoup restent cependant à l’abandon.

Pour les emplois, si certains ont pu trouver une reconversion notamment dans l’industrie automobile, l’ancien bassin minier fait cependant face à une profonde crise de chômage.

La reconversion du patrimoine minier

Depuis quelques années, pour valoriser ce patrimoine industriel et créer un nouveau dynamisme sur le territoire, plusieurs sites miniers ont fait l’objet d’une reconversion vers le tourisme et/ou la culture. En voici quelques exemples…

Le Louvre Lens

Depuis 2012, le musée du Louvre a ouvert une antenne à Lens sur un ancien site minier. Dans ce jeune musée sont présentés gratuitement des chefs-d’œuvre en provenance de la maison mère dans la formidable Galerie du Temps. Le Louvre Lens accueille également plusieurs fois par an des expositions d’envergure internationale – actuellement, une exposition consacrée à Homère est à y découvrir.

LIRE AUSSI : Le Louvre Lens, un musée au cœur du Pas-de-Calais

Ce musée a considérablement dynamisé la ville en attirant de nombreux visiteurs et en développant un tourisme culturel.

LIRE AUSSI : 5 questions à Gunilla Lapointe, médiateur culturel au Louvre-Lens

Musée du Louvre Lens
Musée du Louvre Lens

L’hôtel Louvre Lens

Fort de ce succès, l’Hôtel Louvre Lens a ouvert ses portes à deux pas du musée il y a seulement quelques mois. Ce dernier prend place dans d’anciens corons (logements de mineurs) qui ont été réhabilités pour accueillir un établissement haut de gamme. Les chambres sont chaleureuses, le restaurant excellent et l’on y trouve même une salle de fitness et un sauna ! Un bel exemple de reconversion.

Hôtel Louvre Lens
L’hôtel Louvre Lens © DR

La base 11/19

Non-loin du Louvre Lens, L’ancien site minier qui abritait les puits 11 et 19 a également trouvé une nouvelle vie. La “Base 11/19” accueille un centre culturel, une pépinière d’entreprise et propose différentes visites guidées.

Il est notamment possible de faire une randonnée sur les terrils, ces deux collines artificielles constituées de roche extraite des mines mais inutilisables (cette roche dite « stérile » est à l’origine du mot « terril »). Du haut de leurs 185 mètres, une belle vue sur le territoire est à contempler.

Le Centre historique minier de Lewarde

A Lewarde, l’ancien site minier a été reconverti en musée où l’on peut découvrir l’histoire des mines, la vie des mineurs, plonger dans une mine reconstituée et rencontrer d’anciens mineurs qui viennent témoigner de leur quotidien.

Centre Historique Minier de Lewarde
Centre Historique Minier de Lewarde

À l’image de ces quelques initiatives, le bassin minier est aujourd’hui la source d’un formidable dynamisme. Il suffit d’y faire un tour pour rencontrer de nombreuses personnes passionnées et passionnantes qui ont beaucoup à vous apprendre sur ce territoire. Au-delà du patrimoine minier, le Pas-de-Calais a également de très beaux paysages et une belle gastronomie à vous faire découvrir mais cela fera l’objet d’un autre article, je vous en parlerai prochainement !

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Comments to: La nouvelle vie des sites miniers du Pas-de-Calais : une mine d’atouts !

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