A Versailles, dans le domaine de Trianon, le hameau de la Reine contraste avec le luxe habituel de la vie de château. Ici, quelques chaumières dispersées autour d’un lac vous plongent dans un cadre de vie simple et paisible proche de la nature. Simple ? Pas tout à fait ! Derrière le décrépit de façade se trouvent en effet des pièces richement décorées car le hameau de la Reine est avant tout une incroyable fantaisie souhaitée par Marie-Antoinette. Partons à la découverte du seul village de France qui ne porte pas de nom !
Un mouvement de retour à la Nature
A la fin du XVIIIe siècle, un important mouvement de retour à la nature apparaît, porté notamment par les idées de Rousseau. C’est dans ce contexte que Marie-Antoinette, qui réside au Petit Trianon à Versailles, souhaite que le domaine soit enrichi d’un jardin anglais qui verra le jour en 1777 puis d’un village construit autour d’un nouveau lac. L’objectif est aussi pédagogique puisqu’il s’agit également d’éduquer le Dauphin à son futur métier de roi au contact de la nature et des paysans.
En 1783, alors âgée de 27 ans, la Reine confie à l’architecte Richard Mique la construction du Hameau qui sera achevé en 1786.
Les dix maisons du Hameau de la Reine
Dix maisons d’aspect rustique, inspirées par les peintures d’Hubert Robert, voient le jour. Si certaines ont un vrai usage agricole, d’autres possèdent un intérieur raffiné, dédié aux plaisirs de la Reine.
La grange et la laiterie de préparation
Ces deux maisons ont malheureusement été détruites sous Napoléon Ier (voir la suite de cet article), il n’en reste aujourd’hui que les fondations. La grange servait notamment de logement pour le chef jardinier tandis que la laiterie de préparation était consacrée aux productions laitières et alimentait en eau courante les fabriques du Hameau.
La maison de la Reine
C’est la partie centrale du Hameau, réservée à l’usage de la Reine qui peut s’y reposer ou recevoir des convives. Récemment restaurée, la maison de la Reine est désormais accessible en visites guidées (voir ci-dessous).
Le réchauffoir
Contrairement à ce que son nom peut laisser penser, il s’agit d’une véritable cuisine constituée d’un four à pain, d’une cheminée à broche rotative mais aussi d’un potager et d’une citerne. Il jouxte la maison de la Reine.
Le boudoir
Cette maison permettait à la Reine de recevoir des invités pour des entrevues privées dans un cadre élégant.
Le pigeonnier et la maison de garde
Comme son nom l’indique, le pigeonnier abritait les pigeons, poules, coqs et poulets. Il jouxte la maison de garde qui servait de logement pour Jean Bersy, en charge de la sécurité de la Reine. Sous cette maison, un passage souterrain lui permettait de patrouiller en toute discrétion.
La tour de Malborough
En 1722, à la mort du général anglais Marlborough, on compose la célèbre chanson “Malbrough s’en va-t-en guerre, mironton, mironton, mirontaine…”. Madame Poitrine a l’habitude de chanter cette rengaine au Dauphin dont elle est la nourrice. La chanson reste ainsi dans les esprits et donnera son nom à la tour où l’on entreposait le matériel de pêche.
La Laiterie de propreté
La Reine et ses invités pouvaient y déguster les produits fabriqués dans la laiterie de préparation tels que des crèmes, fromages blancs ou beurre.
Le moulin
Ce bâtiment est un véritable trompe l’oeil. Il ne sert pas à moudre du grain mais est purement décoratif !
Le Hameau de la Reine à la Révolution
Sous la Révolution, le Hameau est livré à son propre sort. Construits dans des matériaux peu nobles car prévus pour être éphémères, les bâtiments se dégradent rapidement. En 1810, Napoléon Ier le rénove afin de l’offrir à sa seconde épouse, Marie-Louise d’Autriche, petite nièce de Marie-Antoinette. Malheureusement, la grange et la laiterie de préparation sont en trop mauvais état et sont détruits. En revanche, les décors détruits à la Révolution sont recréés.
Malgré cette intervention, le Hameau résiste mal au travail du temps et plusieurs campagnes de restauration ont dû être menées pour pouvoir les maintenir en état.
La restauration de la Maison de la Reine et du réchauffoir
Une importante campagne de restauration a été menée entre 2015 et 2018 sur la Maison de la Reine et le réchauffoir qui sont depuis peu à nouveau ouverts – une première depuis 2 siècles ! Les ouvrages ont été assainis et les charpentes, ouvertures et structures maçonnées ont été entièrement restaurées.
Ce qui frappe dans la Maison de la Reine, c’est le contraste entre le faux décrépit de l’extérieur et l’aménagement plutôt luxueux de l’intérieur. Pourtant, la demeure est peu décorée, il n’y a pas de tableaux. Tout simplement car la Reine n’y dormait pas, elle rentrait chaque soir au Petit Trianon. La Maison de la Reine est une maison d’été que l’on se contente de fleurir.
L’ameublement présenté aujourd’hui n’est plus celui de Marie-Antoinette, dispersé à la Révolution. A défaut, on peut y voir les meubles commandés pour Marie-Louise en 1810.
Visiter le Hameau de la Reine
Le Hameau de la Reine est accessible avec le billet « Domaine de Trianon » (12 €) ou bien avec le Passeport ouvrant accès à l’ensemble du domaine de Versailles (20 € – 27 € les jours des Grandes Eaux musicales).
L’intérieur de la Maison de la Reine ne se découvre qu’en visite guidée uniquement (10 € en plus du droit d’entrée). Pensez à réserver votre visite à l’avance.
Merci au Château de Versailles, notamment à Jérémie Benoît, conservateur en chef des châteaux de Trianon pour ses explications riches et passionnantes ainsi qu’à Thomas et Antoine.
Informations pratiques
Adresse
Hameau de la Reine
Château de Versailles
78000 Versailles
Horaires
L’après-midi uniquement, de 12h à 19h30, du mardi au dimanche
Site internet
Tarifs
Tarif domaine de Trianon : 12 €
Tarif Passeport (accès à l’ensemble du domaine de Versailles ) : 20 € – 27 € les jours de Grandes Eaux Musicales
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Voir les commentaires Hide commentsTrès bel article qui donne envie de s ‘ y précipiter !