Ah, Lisbonne : son soleil, ses pastéis, ses azulejos et ses monuments ! A environ 2 heures de vol de Paris, la capitale du Portugal est une destination idéale pour s’évader quelques jours. Après Clémence, je suis à mon tour parti découvrir Lisbonne en novembre dernier. Malgré la période hivernale, le soleil était au rendez-vous et je suis tombé sous le charme de la ville.
Voici donc un cityguide pour découvrir Lisbonne, accompagné d’un focus historique pour mieux comprendre comment la ville s’est construite.
- En bref : les informations bien pratiques !
- L’histoire de Lisbonne : splendeur et tremblements
- Visiter Lisbonne : les 15 activités à faire absolument
En bref : les informations bien pratiques !
Logement
- Comptez environ 50€ la nuit sur AirBNB et 60 à 90 € la nuit dans un hôtel de bon standing.
- Je suis descendu à l’hôtel Quinta Colina situé en centre-ville. Il est charmant et le petit déjeuner est fait maison ! Une terrasse est en accès libre pour les résidents de l’hôtel, avec une superbe vue sur la ville. En période basse, il est proposé à 70 € la nuit, petit déjeuner inclus pour deux.
Transports
- L’aéroport est situé à environ 30 minutes du centre-ville en métro et le trajet coûte seulement 1,45€.
- Lisbonne mérite bien son surnom de ville aux 7 collines, c’est une cité très vallonnée et il faut mieux aimer marcher et avoir de bons mollets pour bien l’apprécier ! Prévoir de bonnes chaussures.
- Si marcher n’est pas votre fort, de nombreux bus et tramway sillonnent la ville. Le ticket de transport à la journée coûte 6€.
- Là-bas, Uber n’est pas cher, la plupart des trajets vous coûteront seulement 4 à 7 €, une option pratique et qui peut être économique si vous voyagez à plusieurs.
Restauration
- Le mythe d’une ville peu chère n’est plus vraiment d’actualité. Les tarifs sont moins chers qu’à Paris mais comptez 12-15€ pour un bon plat.
- Le café en revanche se trouve autour de 70 centimes.
- Comptez environ 1€ pour déguster une pastéis de Nata (plus de précisions dans la suite de l’article).
- Les plats de poisson sont légion, difficile de passer à côté de la morue, « bacalhau », une institution à tester !
Culture
- Les entrées aux musées et monuments excèdent rarement les 10€ et se situent même la plupart du temps autour de 5€.
- Les églises sont gratuites sauf parfois les salles du trésor en accès payant.
L’histoire de Lisbonne : splendeur et tremblements
De la fondation de la ville aux multiples invasions
La légende raconte que c’est Ulysse qui aurait fondé la ville, lui donnant son ancien nom : Olissipo. Mais la réelle création de Lisbonne est attribuée aux phéniciens qui y auraient installé vers 1200 av. JC un comptoir profitant des atouts géographiques du lieu : un port naturel situé sur la route de la Méditerranée à l’Atlantique ainsi que sur l’axe du commerce avec les tribus de l’intérieur des terres. Ce comptoir, baptisé “Alis Ubbo” (port sûr), pris peu à peu de l’importance et passe sous la domination de Carthage au Ve siècle avant JC.
Olissipo ne résiste pas à l’expansion de l’Empire Romain qu’elle intègre autour de – 200. Jules César accorda à la ville une grande autonomie ce qui lui permit de continuer à prospérer grâce au commerce. A la chute de l’Empire, elle fit l’objet de plusieurs invasions, notamment par les Suèves et les Wisigoths qui la renomment Ulishbona, par les Arabes qui la nomment Al Usbuna puis par les chrétiens si bien que la ville se retrouve teintée de trois cultures différentes : juive, maure et chrétienne.
L’âge d’or avant le désastre
Les XV et XVIe siècles font de Lisbonne la capitale du commerce mondial. C’est le temps des grandes Découvertes : les nombreuses expéditions par voies maritimes menées notamment par Vasco de Gama contribuent à la splendeur du Portugal. Les richesses affluent en masse sur les quais : or, diamants, épices, ivoires, soieries, porcelaines… c’est l’âge d’or !
Mais tout bascule le 1er novembre 1755 lorsqu’une triple catastrophe dévaste la ville. En ce jour de la Toussaint alors que de nombreux fidèles sont dans les églises, un violent séisme ravage Lisbonne. Plusieurs habitants meurent sous les décombres. Les survivants se ruent vers les quais pour éviter de subir le même sort en cas de nouvelles secousses mais une heure plus tard un tsunami s’abat sur la ville suivi de multiples incendies qui se déclenchent dans de nombreuses zones de la ville. Ce cataclysme fait entre 50 et 70 000 victimes parmi une population de 275 000 habitants et met un terme à l’âge d’or du Portugal, contraint de ralentir fortement son aventure coloniale au profit de l’Angleterre. L’événement a un énorme retentissement dans toute l’Europe ; Voltaire y consacre un poème et évoque ce tremblement de terre dans Candide :
“À peine ont ils mis le pied dans la ville en pleurant la mort de leur bienfaiteur qu’ils sentent la terre trembler sous leurs pas, la mer s’élève en bouillonnant dans le port, et brise les vaisseaux qui sont à l’ancre. Des tourbillons de flammes et de cendres couvrent les rues et les places publiques ; les maisons s’écroulent, les toits sont renversés sur les fondements, et les fondements se dispersent ; 30 000 habitants de tout âge et de tout sexe sont écrasés sous des ruines, Le matelot disait en sifflant et en jurant : « Il y aura quelque chose à gagner ici.- Quelle peut-être la raison suffisante de ce phénomène ? Disait Pangloss. – voici le dernier jour du monde !”
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La reconstruction de Lisbonne
Vint ensuite le temps de la reconstruction, menée notamment par le Marquis de Pombal qui pris des mesures drastiques pour rassembler les cadavres, éviter les épidémies, lutter contre le feu et dissuader les pilleurs en installant des potences en places publiques. Il mobilisa l’armée afin d’empêcher la fuite des habitants et les obliger à reconstruire la cité. Avec ces mesures, le marquis de Pombal fut comme un dictateur mais il permit à la ville de se relever : de nouveaux quartiers furent dessinés, on installa des égouts qui améliorèrent l’hygiène et des portes coupe-feu qui réduisirent les incendies. Des architectes inventèrent enfin des constructions anti-sismiques… Lisbonne devint la ville du futur.
En 1808, le Portugal est rattaché à l’empire Napoléonien mais les nombreux pillages des troupes françaises conduisent les Portugais à appeler les Anglais au secours. Napoléon est vaincu mais Lisbonne entre sous le colonialisme anglais entraînant plusieurs révoltes et révolutions jusqu’au début du XXe siècle.
Après une période sanglante et l’assassinat du roi, une république précaire est proclamée en 1910 : au lendemain de la première guerre mondiale, le Portugal n’échappe pas à la vague fasciste menée par António de Oliveira Salazar qui portera un régime autoritaire pendant quarante ans. Dans les années 70, l’économie s’effondre ruinée par la guerre des colonies africaines qui conduit le peuple à renverser la dictature lors de la Révolution des Œillets.
Depuis, les Lisboètes ont cherché à reconstruire la ville. Entré dans l’Union Européenne en 1986, le Portugal se montre bon élève en développant une politique culturelle et accélérant son ouverture aux entreprises. Ces dernières années, il souffle sur Lisbonne – et plus largement sur le Portugal – un vent nouveau : le tourisme explose, les entreprises affluent et l’immobilier est en plein boom. Comme vous allez le voir, ce n’est pas à Lisbonne que vous allez vous ennuyer !
Visiter Lisbonne : les 15 activités à faire absolument
1. Flâner dans le centre-ville
Comme pour toute ville, c’est idéalement à pied que vous découvrirez Lisbonne : prenez le temps de flâner dans le centre (quartiers Bairro Alto et Alfama), de pousser la porte des églises et de vous perdre dans les nombreuses rues colorées qui ne manquent pas de charme.
Sur de nombreux bâtiments, vous verrez des carreaux de faïence aux motifs différents d’un édifice à l’autre. Il s’agit des « azulejos » : ils n’ont pas seulement une fonction décorative, ils servent aussi à protéger de l’humidité et des incendies.
2. Faire un tour dans le Tram 28
Plusieurs lignes de tram sillonnent la ville mais attention : ce ne sont pas des trams modernes, non non ! Il s’agit de petits trams jaunes, restés dans leur jus et qui sont devenus un emblème de Lisbonne. Le Tram 28 est le plus célèbre car cette ligne sillonne la plupart des quartiers touristiques mais attention : il est pris d’assaut ! Pour ne pas trop faire la queue et avoir une place assise, mieux vaut l’emprunter tôt le matin ou tard le soir et depuis la station Martim Moniz qui est son point de départ.
3. Admirer Lisbonne depuis les nombreux Miradouros
La ville étant très vallonnée, on y trouve plusieurs « Miradouros », des espaces situés sur les parties hautes qui offrent de jolis points de vue sur Lisbonne. Vous trouverez les emplacements de quelques-uns de ces miradouros sur la carte qui accompagne cet article.
4. Voir l’ascenseur de Santa Justa
En déambulant en ville, difficile de ne pas voir une immense structure métallique : l’Elevator de Santa Justa est un ascenseur d’inspiration Eiffel construit vers 1900 par Raoul Mesnier du Ponsard. Il y a souvent foule pour l’emprunter alors vous pouvez vous en passer surtout que des escaliers permettent d’accéder au même point de vue.
5. Déguster les Pasteis de Nata
Ces petits gâteaux remplissent les vitrines des pâtisseries lisboètes et il vous sera impossible de passer à côté. Il s’agit d’une pâte feuilletée garnie d’un flan au léger goût de cannelle. Mais attention : toutes les Pasteis ne se valent pas. Pour en avoir testé plusieurs, mes préférées sont celles de Manteigaria, une toute petite boutique située en plein centre, Rua do Loreto 2. Fraîcheur garantie : on voit les pâtissiers les préparer devant soi. Elles sont croustillantes et vendues seulement 1€ pièce. On les déguste sur place avec un café en les saupoudrant de cannelle et / ou de sucre glace ou bien à emporter grâce à de jolies petites boîtes cartonnées de 2 ou 6 Pasteis qui sont proposées sans surcoût, parfait pour ramener un peu de Portugal chez soi ! Elles se conservent 2/3 jours mais perdent rapidement leur croustillant.
6. Dîner au Time Out Market
Voici un concept original que je rêverais de trouver à Paris. Dans ce grand marché couvert, les tables sont au milieu et les restaurateurs tout autour. Ici il y en a pour tous les goûts : des chefs étoilés qui cuisinent le « bacalhau » (la morue) ; des pizzas ; des plats asiatiques et des desserts à tomber… On prend à emporter et on s’installe sur l’une des tables centrales. C’est idéal quand on vient entre amis mais que chacun a des goûts différents : tout le monde peut trouver son bonheur !
7. Rencontrer Fernando Pessoa
La figure du plus célèbre écrivain portugais (1888 – 1935) est présente partout dans Lisbonne : et pour cause, c’est ici qu’il est né et qu’il est mort. On retrouve sa silhouette au chapeau dans les souvenirs pour touristes, les décorations de magasins, il y a même un musée Pessoa que je n’ai malheureusement pas eu le temps de visiter. Devant le café A Brasileira, Rue Garrett 120-122, il y a une sculpture de l’écrivain, attablé. J’ai pu discuter un peu avec lui, il m’a révélé tous les secrets du monde !
« La valeur des choses n’est pas dans la durée, mais dans l’intensité où elles arrivent.
C’est pour cela qu’il existe des moments inoubliables, des choses inexplicables et des personnes incomparables. »
8. Voir l’église São Domingos
Construite en 1241, cette église était à l’époque la plus grande de Lisbonne, on y célébrait les mariages royaux. Mais son architecture a été bien des fois mutilée : ravagée par deux tremblements de terre en 1531 et en 1755 puis par un incendie en 1959. Restaurée puis rouverte au public depuis 1994, elle porte encore les stigmates des drames passés ce qui en fait un édifice religieux insolite, surprenant et saisissant, à voir absolument.
9. Découvrir le Couvent des Carmes
Non loin, le couvent des Carmes a également fait les frais du tremblement de terre de 1755. Il ne reste que les ruines de l’église qui ont été conservées et qui sont les traces les plus visibles du séisme. Ces vestiges donnent une idée du chaos dans lequel la ville a dû être plongée en ce milieu du XVIIIe siècle. Aujourd’hui, on y trouve un musée d’archéologie. Le tarif d’entrée est de 4 €
+ d’informations sur le site du couvent des Carmes
10. Franchir la porte de la Cathédrale de Sé
Restons dans les édifices religieux avec la cathédrale de Sé, qui date de la fondation de la nation portugaise. Son architecture est insolite : les tours crénelées font, de loin, penser à un château fort.
11. Visiter le Panteao Nacional
Tout comme Paris, Lisbonne dispose aussi de son panthéon où reposent les grandes personnalités de la nation portugaise. Moins imposant que le panthéon Français, ce bâtiment est cependant sublime et peu cher : pour 4€ seulement, on a accès aux balcons intérieurs qui permettent de mieux observer son architecture, ainsi qu’au toit terrasse qui offre une vue sublime sur la ville.
+ d’informations sur le site du monument
12. Dominer la ville dans le Castelo de Sao Jorge
Construit au XIe siècle par les musulmans, ce château devient résidence royale du XIIe au XVIe siècle. Lors du rattachement du Portugal à la couronne d’Espagne en 1580 il pris une fonction militaire jusqu’au début du XXe siècle.
Aujourd’hui il se visite et sa position stratégique sur les hauteurs de la ville en fait un formidable point d’observation de Lisbonne.
+ d’informations sur le site du château
13. Visiter des musées
La Fondation Calouste Gulbenkian
Magnat du pétrole et collectionneur d’art, Calouste Gulbenkian rassembla quelques 6000 œuvres. A sa mort, il légua sa collection au Portugal sous la forme d’une Fondation qui porte son nom et qui est destinée à promouvoir le savoir et à améliorer la qualité de vie des personnes à travers les arts, la bienfaisance, la science et l’éducation.
Le musée expose donc sa collection avec de nombreux chefs d’œuvre : Turner, Rembrandt, Rodin, Rubens, Monnet et bien d’autres s’y côtoient !
On y trouve aussi un musée d’art contemporain consacré aux artistes et à l’histoire de l’art portugais au XXe siècle.
+ d’informations sur le site de la Fondation Gulbenkian
Le Museu National de Arte Antiga
Ce musée rassemble la plus grande collection publique du Portugal. Une collection qui s’étend du Moyen Âge au XXe siècle. Le tableau le plus célèbre est la Tentation de Saint Antoine de Jérôme Bosch, peint vers 1501. Il s’agit d’un triptyque représentant la lutte du Bien et du Mal.
+ d’informations sur le site du musée
14. En savoir plus sur l’histoire de Lisbonne au Story Centre
Près des quais, le Lisboa Story Centre présente en 1h environ l’histoire de la ville. Équipé d’un audioguide (disponible en français), on vous explique de façon didactique les moments les plus marquants de Lisbonne et notamment les répercussions du tremblement de terre de 1755 qui obligea à repenser la cité.
+ d’informations sur le site du Lisboa Story Centre
15. Aller dans le quartier de Belém
Belém est un quartier un peu éloigné du centre-ville, il vous faudra plus d’1h à pied pour y accéder et vous ne traverserez pas les meilleures zones qui sont plutôt industrielles. Optez pour le bus ou bien pour un Uber pour vous y rendre.
Là-bas, vous trouverez encore des Pasteis ! Les Pastéis de Belém sont les plus célèbres (mais pas mes préférées !). Si vous voulez les déguster, il y a souvent foule pour les prendre à emporter mais sachez qu’une succession de plusieurs salles d’environ 400 places permet de se poser pour les manger, on évite la foule, on est assis et elles ne sont pas vendues plus chères : que demander de plus ?
Côté patrimoine, plusieurs pépites vous attendent à Belém, à commencer par le Mosteiro dos Jeronimos, édifié à la demande de Manuel I en 1502, à la gloire de la monarchie. On y trouve une église ainsi qu’un cloître aux motifs floraux et marins, inspirés des Découvertes. L’église est en accès libre mais la visite du cloître vous coûtera 10€. Sa visite permet cependant d’échapper à la foule de l’église et offre en plus un accès à la tribune.
+ d’informations sur le site officiel
Un peu plus loin, la Torre de Belém est un impressionnant édifice qui a également été construit sous Manuel I, entre 1514 et 1519, pour garder le port de Lisbonne. La légende raconte aussi que c’est d’ici que serait parti le bateau sur lequel on a transporté un rhinocéros pour l’offrir au pape. Endommagé par la traversée, ledit bateau est obligé de faire escale à Marseille pour être réparé, on décide alors de déposer le rhinocéros au large, sur l’île d’If. La bête attire les curieux, jusqu’à François Ier qui aurait découvert à cette occasion l’île et son potentiel et ordonna la construction du célèbre château d’If ! Mais ce n’est qu’une légende…
> LIRE AUSSI : Le château d’If : une forteresse entrée dans la légende
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Voir les commentaires Hide commentsMerci pour toutes ces informations claires et précises, tout devient simple..