Depuis quelques années, les chiffres sur les Français et la lecture ne sont pas au beau fixe. Les Français lisent moins et donc achètent moins de livres, la faute au manque de temps, parait-il (genre !) Je me souviens pourtant de ce cher Daniel Pennac qui nous rappelait si bien dans Comme un Roman que « le temps de lire est toujours du temps volé, tout comme le temps d’écrire et le temps d’aimer » (et toc !)
Heureusement, ils étaient nombreux les voleurs de temps et dévoreurs de livres, à arpenter les allées du Salon du livre cette année : 198 000 visiteurs, de quoi faire défaillir le premier agoraphobe qui oserait mettre un pied dans le Hall de la Porte de Versailles ! Et pourtant, quel bonheur de se plonger dans cette foule de lecteurs, tous curieux et passionnés, heureux de rencontrer – enfin – l’auteur qui a pu, un jour, faire vibrer la corde sensible.
A la recherche de ses auteurs favoris
On peut s’amuser à classer les auteurs présents sur le salon du livre en trois catégories. Il y a d’abord les auteurs à succès, ceux que l’on peut apercevoir en se mettant sur la pointe des pieds et qui mettront votre patience à rude épreuve si vous espérez obtenir une dédicace.
Viennent ensuite, les « people », les personnalités que l’on voit toujours dans les médias et qui ont eu envie d’embaucher un nègre d’écrire un livre. Ce sont notamment les politiques que je soupçonne de venir sur le salon plus pour redorer leur image “proche des gens” que par réel amour de la littérature. Moi ? mauvaise langue ? Allons, qu’allez-vous donc penser !
Et puis il y a les autres, les auteurs peu connus qui attendent le lecteur. Ce sont mes préférés parce que, paradoxalement, ce sont souvent les plus talentueux. Leur manque de notoriété présente cependant un avantage : on peut prendre le temps de discuter sans qu’une horde de fans vous presse pour laisser la place.
Ainsi, j’ai eu le plaisir d’aller à la rencontre de quatre auteurs parmi les 3 500 auteurs présents sur le salon.
Philippe Jaenada et son écriture teintée de beaucoup d’humour. Je vous recommande vivement Le chameau sauvage où vous apprendrez notamment comment réagir si vous glissez en public pour ne pas avoir trop honte (très utile !)
Ce 33e salon du livre mettait à l’honneur l’Argentine, c’était donc l’occasion parfaite pour aller à la rencontre de Santiago H. Amigorena. Ce grand romantique a un style rempli de poésie qui ne cesse de m’émouvoir. J’avais été très touché par Le premier amour puis par La première défaite. Son dernier roman, Des jours que je n’ai pas oubliés, est dans la même trempe : touchant, poétique, poignant, à lire d’urgence !
Philippe Forest, brillant homme de lettres qui reste cependant très accessible. Le Chat de Schrödinger est, pour moi, le livre qui plus qu’aucun autre aura fait écho à mes propres réflexions. Je ne suis pas ressorti indemne de la lecture de ses livres – et c’est tant mieux ! Ce salon du livre a été l’occasion d’ajouter à ma “PAL” (= Pile A Lire) son dernier recueil de textes, Retour à Tokyo.
Marie Darrieuseq était venue sur la scène de la Maison de la Poésie pour présenter une lecture musicale de quelques extraits de son dernier roman, Il faut beaucoup aimer les hommes. Les extraits entendus ce jour-là étaient très beaux alors j’ai saisi l’occasion d’en découvrir un peu plus. Lecture à venir, donc !
La fin du livre ?
Après toutes ces rencontres, quand ont me dit que le livre est mort, j’ai tendance à ricaner ! On associe souvent le monde littéraire à une image vieillotte et désuète et, il faut l’avouer, certaines maisons d’édition ont du mal à s’en éloigner. Il suffit pourtant d’arpenter les allées du Salon du Livre pour comprendre que l’on fait fausse route.
Le livre se renouvelle : la littérature jeunesse est florissante et le numérique se développe de plus en plus. Il ne faut pas craindre le numérique, je ne crois pas que le livre papier pourra disparaître, ils sont tous deux complémentaires. Le numérique apporte un côté pratique et une interactivité qui peuvent séduire une autre strate de lecteurs.
Et le libraire dans tout ça ? Il serait naïf de penser qu’ils ont la vie facile, ils restent probablement les premiers touchés par l’évolution du secteur littéraire. Heureusement, même dans le numérique, de nouvelles initiatives intègrent le libraire et prennent en compte sa plus-value. C’est notamment le cas du prochain projet – bluffant ! – d’Actialuna que j’ai eu le plaisir de découvrir sur le Salon, nous aurons l’occasion d’en reparler en temps voulu !
Du côté des lecteurs, je n’ai malheureusement pas pu participer à la rencontre des blogueurs mais je les sais nombreux et très actifs. Au-delà des blogueurs, les « bibliogeeks » sont nombreux et c’est tant mieux ! Loin d’éloigner le lecteur de ses livres, internet favorise le dialogue et la découvertes d’auteurs qui, malgré des ouvrages de grande qualité, ne bénéficient pas de la couverture médiatique de Nothomb, Lévy ou Mussot (sic !).
En 2014, faut-il s’inquiéter pour la sphère littéraire ?
Il ne faut pas porter d’oeillères, le livre a connu des périodes plus fastes mais il est loin d’être enterré. Internet et le numérique bouleversent l’univers littéraire et, tandis que les lecteurs se font moins nombreux, il est difficile de trouver un équilibre économique viable pour l’ensemble des acteurs (auteur, libraire, éditeur…). Pourtant, les initiatives se multiplient pour faire comprendre que la littérature n’est pas un univers triste, qu’elle aide à se forger un imaginaire, à sortir d’un quotidien parfois – souvent – trop monotone. Alessandro Baricco le disait avec talent :
Charge à nous, bibliophiles, de continuer à insuffler ce plaisir de la lecture auprès de nos proches et lointains. Quant à ceux qui sont encore sceptiques quant l’intérêt de la lecture, je vous donne rendez-vous au salon du livre 2015, vous changerez vite d’avis !
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