Ce dessin, intitulé « Pêcheur » (Ryoshi Zu) est très probablement un autoportrait de l’artiste, Katsushika Hokusai. En effet, on observe dans la partie supérieure de l’œuvre, deux poèmes brefs se terminant l’un par « Manji » et l’autre par le caractère signifiant « ivresse ». Or, Hokusai signait parfois ses œuvres par « Manji » et, par ailleurs, « ivresse » peut se lire ei, ce qui serait une référence à lui-même ou à sa fille O-ei.
Outre cette possible parenté, assez fascinante puisque les autoportraits avérés de l’artiste sont extrêmement rares, le dessin marque par sa finesse. Le visage bonhomme du personnage central est particulièrement expressif et détaillé. On retrouve ici le talent d’Hokusai pour prendre les expressions et les visages. Avec sa pipe, son air détendu et sa canne repliée, le pêcheur est représenté se reposant, rêvant si l’on en croit ses yeux partant vers l’horizon. Le dégradé du haut de son vêtement semble confirmer cette impression et renforce la dualité dans la composition de l’œuvre. La moitié basse fourmille de détails et est dans l’ensemble très contrastée et colorée, signifiant quelque chose de très terrien. La moitié haute est au contraire plus nuancée et vaporeuse, presque vide et évoque plutôt l’évasion, le rêve. Le noir du sol s’oppose au ciel, couleur du papier.
Ce dessin a été réalisé au début du XIXème, probablement vers 1818-1830, c’est-à-dire dans la période où Hokusai peint ses œuvres les plus célèbres. Cette période se caractérise également pour l’artiste par un regain d’activité dans le genre du surimono. Les surimono sont de luxueuses estampes imprimées à titre privé, agrémentées de courts poèmes, faisant usage de cartes de vœux, de faire-part… Ce dessin en est un très bel exemple.
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