Résumé :
Ce livre présente quelques pages du Journal d’un génie, ouvrage dans lequel Salvador Dali se livre au quotidien avec impudeur et humour.
Avis :
Depuis la rétrospective Dali au Centre Pompidou, on entend parler un peu partout de l’artiste espagnol. Si j’adore le travail du peintre, je ne connaissais pas du tout ses écrits. Je me suis donc laissé tenter par ce livre : même si l’édition 2€ de Folio ne présente qu’une petite partie de l’oeuvre, elle a cependant le mérite d’en donner un aperçu pour commencer à lire Dali en douceur !
Je connaissais l’esprit hors norme de Dali mais je ne pensais pas que cela se traduisait aussi dans ses écrits. Dali a un imaginaire débordant et il faut s’accrocher pour le suivre ! Je dois l’admettre, je suis bien moins sensible à ses écrits qu’à sa peinture. Dali a une haute opinion de lui (euphémisme !) et si j’ai trouvé cela assez drôle au début, je m’en suis vite lassé.
Il est très difficile de savoir où s’arrête le « vrai » Dali et où commence le personnage qu’il se crée. De fait, au lieu d’en savoir plus sur le peintre, j’en ressors encore plus dérouté qu’avant.
Extraits :
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[tab]Extrait 1/3
Le jeune homme me regardait avec des yeux ronds de poisson.
– Qu’est-ce qu’il y a encore ? lui ai-je demandé.
– Ce sont vos moustaches. Elles ne sont plus les mêmes que le premier jour où je vous ai vu.
– Elles oscillent constamment et elles ne sont pas pareilles deux jours de suite. Maintenant, elles sont un peu décadentes parce que j’avais confondu d’une heure le moment de votre arrivée. Elles n’ont pas encore travaillé. Elles sortent vraiment du rêve, de la vie onirique.
A la réflexion, ces mots me parurent banals pour Dali et créèrent en moi une insatisfaction qui m’obligea à une invention unique. Je lui dis :
– Attendez !
Et je courus coller deux fibres végétales à la pointe de mes moustaches. Ces fibres ont la propriété rare de se rouler et dérouler continuellement. De retour, j’ai fait observer le phénomène au jeune homme. Je venais d’inventer les moustaches radar.
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[tab]Extrait 2/3
Un des Barcelonais, horloger très connu, me dit, n’en pouvant plus :
– Rien de tout cela ne vous étonne ! Bien. Mais imaginons une chose. Il est minuit maintenant et à l’horizon se dessine une lueur qui annonce l’aurore. Vous regardez intensément et tout d’un coup vous voyez sortir le soleil. A minuit ! Ca, ça ne vous étonnerait pas ?
– Non, répondis-je, ça ne m’étonnerait pas le moins du monde.
L’horloger barcelonais s’est écrié :
– Eh bien, moi oui, ça m’étonnerait ! Et même tellement que je me croirais devenu fou.
Alors Salvador Dali a laissé tomber une de ces réponses lapidaires dont il a le secret :
– Moi, c’est le contraire ! Je croirais que c’est le soleil qui est devenu fou.
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[tab]Extrait 3/3
Jamais, jamais, jamais, jamais l’excès d’argent, de publicité, de succès ou de popularité ne m’a donné – ne serait-ce qu’un quart de seconde – l’envie de me suicider… bien au contraire, j’aime cela. Dernièrement, un ami, qui ne pouvait pas comprendre que tout ce bruit ne me fasse pas souffrir, me demanda, tentateur :
– Alors, vous ne ressentez aucune sorte de souffrance avec tant de réussite ?
– Non !
Et suppliant :
– Même pas une toute petite sorte de névrose ? (Son expression voulait dire : « par charité ».)
– Non ! répondis-je catégoriquement.
Puis, comme il était excessivement riche, j’ajoutai :
– Je peux vous prouver que je suis susceptible d’accepter 50 000 dollars tout de suite, sans broncher.
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Note :
1964 – 114 pages – ISBN : 978-2-07-031700-4
Salvador Dali (1904-1989) – Espagnol
Editions Folio
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