Le courant impressionniste est à l’honneur à la Réunion des Musées Métropolitains (RMM) de Rouen ! Pas moins de six expositions et trois projets artistiques sont proposés dans quatre musées de l’agglomération, l’occasion de (re)découvrir aussi bien des artistes majeurs que des figures moins connues comme la céramiste Camille Moreau-Nélaton, le photographe Antonin Personnaz, le collectionneur François Depeaux ou encore des artistes contemporains. Tour d’horizon de ces expositions, à découvrir jusqu’au 15 novembre 2020 !
Sommaire
Six expositions impressionnistes dans les musées de Rouen
François Depeaux, l’homme aux 600 tableaux, au musée des Beaux Arts
François Depeaux (1853-1920) était un riche industriel rouennais qui fit fortune dans le charbon. Collectionneur passionné, il fit l’acquisition de près de 600 tableaux parmi lesquels de nombreuses œuvres de Sisley, Monet, Renoir…
Proche des artistes et amateur d’art visionnaire, il fut l’un des premiers à s’intéresser à l’impressionnisme à une époque où beaucoup boudaient encore ce genre nouveau. Il est ainsi le premier à faire l’acquisition d’une toile de la série des Cathédrale de Monet en 1892 et apporte son soutien aux artistes. Il fut aussi très proche de Sisley qui n’aura pas réussi à avoir le succès de ses confrères impressionnistes de son vivant, Depeaux écrira “Je ne comprends pas que les tableaux de Sisley soient difficiles à vendre, étant donné que, de l’école impressionniste, c’est à mon sens, certainement celui dont la peinture contient le plus de poésie et qui continuera à être le mieux compris”.
En 1909 il fit don à la ville de Rouen d’une cinquantaine de toiles, assurant ainsi l’entrée du mouvement impressionniste dans les collections publiques. Auguste Leblond, alors maire de Rouen, déclara “Je n’ai pu m’empêcher de concevoir une légitime joie à la pensée que Rouen n’aurait plus à envier à Paris sa riche collection”.
Grâce à plusieurs prêts, cette exposition permet de réunir les œuvres des musées de Rouen à quelques autres aujourd’hui dispersées dans d’autres musées ou dans des collections privées afin de restituer une partie de sa collection. On y découvre ainsi l’aventure artistique, économique et philanthropique de François Depeaux.
Léon-Jules Lemaître, par les rues de Rouen, au musée des Beaux Arts
Le musée des Beaux-Arts de Rouen rend hommage à un enfant du pays ! Léon-Jules Lemaître est l’un des artistes les plus représentatifs de l’école de Rouen. Élève talentueux, il décrocha une bourse qui lui permit d’aller poursuivre son parcours à Paris où il assiste aux premières expositions impressionnistes.
Dans les années 1890 il se spécialise dans la production de vues de Rouen qui rencontrent un vif succès. Encore aujourd’hui, l’exposition plait beaucoup aux visiteurs qui peuvent s’amusent à retrouver les vues des tableaux dans la ville.
Antonin Personnaz photographe impressionniste, au musée des Beaux Arts
Antonin Personnaz (1854-1936) était un grand collectionneur d’art impressionniste. Il légua aux musées nationaux 142 oeuvres d’artistes majeurs comme Degas, Renoir, Pissarro ou encore Sisley. On connaît moins cependant une autre de ses facettes, celle de membre actif de la Société française de photographie.
En 1907, les frères Lumière ont commercialisé l’autochrome, premier procédé photographique en couleurs. Cet instrument connaît un vif succès, notamment auprès d’Antonin Personnaz pour qui le rendu granuleux et pointilliste de la plaque autochrome rappelle le style des impressionnistes. Il réalise ainsi plus d’un millier de clichés dont certains présentent des peintres au travail ou bien des paysages proches de ceux représentés par les artistes. L’exposition présente quelques-uns de ces autochromes.
L’herbier secret de Giverny au Muséum d’Histoire Naturelle
Le Muséum d’Histoire Naturelle de Rouen se penche sur l’oeuvre de Monet sous un angle mêlant l’art et les sciences. L’exposition L’herbier secret de Giverny met en regard des peintures du Maître avec des planches d’herbier récoltées à Giverny (où Claude Monet a passé la moitié de sa vie) par son beau-fils Jean-Pierre Hoschedé.
Tandis qu’au XVIIIe siècle la constitution d’herbiers était réservée aux cercles savants, cette pratique se démocratisa largement au XIXe siècle. Ces herbiers permettent aujourd’hui de dresser un panorama de la flore de Normandie au temps de la Belle Epoque et de suivre l’évolution des espèces sur le territoire.
En confrontant ces planches d’herbiers aux toiles de Monet, l’exposition nous offre un nouveau regard sur le peintre, révélant ainsi sa passion pour la botanique. On peut ainsi voir un coquelicot atypique prélevé à Giverny dont la découverte est attribuée à Claude Monet et qui a été baptisé “papaver moneti”.
Camille Moreau-Nélaton, une femme céramiste au temps des impressionnistes au musée de la Céramique
C’est la première fois qu’une exposition est dédiée à Camille Moreau-Nélaton qui était pourtant une artiste impressionniste talentueuse
Dans la société bourgeoise de la fin du XIXe siècle, les femmes étaient encore loin d’être libérées. On attendait d’elles qu’elles s’occupent du foyer et il était alors impensable qu’elles exercent un travail à l’extérieur de la maison. L’exercice de la peinture ou de la couture était approuvé mais devait cependant rester une activité de loisir. Si Camille Moreau-Nélaton a pu exposer et vendre ses créations malgré ce contexte c’est grâce à l’ouverture d’esprit de son mari. Cependant, puisque profiter de ses gains aurait été jugé indécent, elle reversait l’intégralité de ses revenus à des sommes de charité.
Malgré ce statut amateur imposé par le carcan de la société de l’époque, Camille Moreau-Nélaton a été reconnue de son vivant comme une des plus grandes spécialistes de la céramique.
L’exposition rassemble des pièces aujourd’hui dispersées dans les collections publiques et privées, permettant d’observer un éventail de ses travaux portant notamment sur le traitement du décor, des émaux et de la couleur.
Collaboration de Camille Moreau-Nélaton (auteure du décor) avec Théodore Deck (céramiste), 1872 Jardinière : Carpes et flore aquatique, Camille Moreau-Nélaton (auteure du décor) Carpes et pêcher en fleurs, Camille Moreau-Nélaton (auteure du décor) Vase : platane avec ses fruits et olivier, Camille Moreau-Nélaton (auteure du décor)
Crinolines et chapeaux, la mode au temps des impressionnistes au musée industriel de la Corderie Vallois
Le musée industriel de la Corderie Vallois préserve un patrimoine industriel du début du XIXe siècle. Cette ancienne filature de coton, fermée en 1978, a été reconvertie en musée grâce à la persévérance d’une association qui s’est battue pour la préserver. Maintenue en l’état, on peut encore y voir les machines en fonctionnement à l’occasion de visites guidées.
Partant du constat que la mode est omniprésente dans les tableaux des peintres impressionnistes qui se sont plu à représenter le cadre de vie de leurs contemporains en ville comme à la campagne, l’exposition Crinolines et chapeaux met en regard des vêtements de la fin du XIXe siècle avec des tableaux.
Dans la mode comme dans la peinture, la fin du XIXe siècle a été une période charnière grâce à des innovations commerciales comme l’arrivée de la haute couture ou des grands magasins mais aussi techniques avec l’apparition de colorants synthétiques. Avec ce défilé haut en couleurs, l’exposition permet de voyager dans le temps et donne (presque) l’impression d’entrer dans les toiles !
Les projets artistiques
Parallèlement à ces expositions, la RMM s’ouvre à la création actuelle en présentant trois projets contemporains ayant un lien avec le mouvement impressionniste. Tous trois sont présentés au sein du musée des Beaux Arts.
Claire Tabouret
Cette artiste française installée à Los Angeles a vécu sa première rencontre avec la peinture à quatre ans devant les Nymphéas de Monet. Son travail s’articule aujourd’hui autour de représentations du corps.
“Comme une sorte d’évidence. dès l’instant où je suis confrontée aux Nymphéas, le manque se fait immédiatement ressentir. depuis, j’ai cherché à peindre le plus possible pour retrouver ce premier état de stupeur rencontré avec la peinture de Monet.”
Jean-Baptiste Bernadet
Peintre de la couleur, Jean-Baptiste Bernardet présente des oeuvres intenses et vives. La toile présentée dans le musée évoque la peinture impressionniste et donne l’impression d’être face à une version saturée des Nymphéas.
Nymphéas noirs
Place à la Bande Dessinée dans le projet « Nymphéas noirs » de Michel Bussi, Didier Cassegrain et Fred Duval. Ils présentent les planches de leur adaptation en bande dessinée du roman éponyme de Michel Bussi qui est aussi un hommage à la peinture impressionniste.
Visitez les expositions en ligne
Depuis Paris, Rouen est accessible en seulement 1h30 en train et certains billets sont proposés à 20 € l’aller / retour ! Il est donc très facile d’aller visiter ces expositions qui sont accessibles avec un billet unique proposé à 11 €. Si malgré tout vous ne pouvez pas vous rendre à Rouen, ces expositions sont accessibles virtuellement et gratuitement sur le site de la Réunion des Musées Métropolitains de Rouen Normandie ce qui vous permet déjà d’en avoir un bel aperçu.
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Normandie Impressionniste 2020
Ces expositions s’inscrivent dans le cadre du festival Normandie Impressionniste qui, depuis 2010, cherche à célébrer le territoire normand par l’intermédiaire de son héritage impressionniste. Ce mouvement d’avant-garde a été une vraie révolution dans le domaine artistique s’affranchissant des canons académiques. Centrée sur la vie au jour le jour, cette peinture a été portée par une trentaine d’artistes qui ont su se regrouper pour présenter leurs œuvres en dehors des salons habituels.
Pour la quatrième édition de Normandie Impressionniste, l’accent est mis sur la couleur au jour le jour et s’ouvre sur la création actuelle pour célébrer la création artistique sous toutes ses formes.
Bonnes visites !
Article proposé dans le cadre d’un partenariat média avec la Réunion des Musées Métropolitains de Rouen Normandie
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