Saviez-vous qu’à la fin du XVIIIe siècle un mur entourait Paris ? Le “Mur des fermiers généraux” permettait de collecter un impôt sur les marchandises qui entraient dans la capitale. Très impopulaire, cette enceinte a été l’une des causes de la Révolution. Découvrez à quoi ressemblait cette enceinte peu commune et ce qu’il en reste aujourd’hui.
Sommaire
L’objectif du Mur des Fermiers Généraux : collecter l’impôt
Au XVIIIe siècle, Paris n’avait pas la superficie que l’on connaît aujourd’hui. La ville s’étendait jusqu’à la seconde ceinture de boulevards, ce qui correspond peu ou prou au tracé actuel des lignes 2 et 6 du métro.
En 1782, les fermiers généraux (gestionnaires de l’impôt) suggèrent à Louis XVI d’ériger un mur d’enceinte de 24 kilomètres autour de la ville, percé de 57 points de passage équipés d’un bureau d’octroi pour permettre de collecter plus facilement l’impôt sur les marchandises qui entrent dans la ville.
La construction des barrières est confiée à l’architecte Claude-Nicolas Ledoux (à qui l’on doit aussi la Saline Royale d’Arc-et-Senans) et les travaux ont lieu entre 1784 et 1790.
Un mur très impopulaire
La fonction fiscale de cette enceinte la rend très vite impopulaire : les parisiens se sentent emprisonnés pour mieux payer. On rapporte alors l’alexandrin suivant : « Le mur murant Paris rend Paris murmurant », des murmures qui seraient même l’une des causes de la Révolution de 1789 !
L’Assemblée constituante supprime l’octroi dès 1791. Il sera cependant rétabli en 1798 par le Directoire mais sous la forme d’une perception plus légère destinée aux hôpitaux de Paris.
Quant à l’architecte Claude-Nicolas Ledoux, sa participation à l’édification du mur le rendra très impopulaire. Livré en pâture à l’opinion publique, il sera suspendu par Necker en 1789. A Arc-et-Senans, le musée Ledoux lui rend hommage en présentant plusieurs maquettes de ses réalisations rêvées ou aujourd’hui disparues qui révèlent un architecte incroyablement visionnaire.
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La destruction du Mur des Fermiers Généraux
A partir de 1860, avec l’agrandissement de la superficie de Paris, le Mur des Fermiers généraux perd son intérêt et l’enceinte est démolie sous l’impulsion des travaux d’Haussmann. Seuls quatre vestiges ont été préservés et restent encore visibles aujourd’hui :
- les deux colonnes de la Barrière du Trône, place de la Nation ;
- la barrière d’Enfer, place Denfert-Rochereau (qui accueille aujourd’hui l’entrée des Catacombes ainsi que le musée de la Libération de Paris – musée du général Leclerc – musée Jean Moulin) ;
- la rotonde du parc Monceau ;
- la rotonde de la Villette, place Stalingrad, qui accueille désormais un restaurant et une galerie d’art.
LIRE AUSSI : Sur les traces du Paris détruit par les travaux d’Haussmann
A quoi ressemblaient les barrières aujourd’hui disparues ?
Malgré leur fonction de collecte de l’impôt, ces barrières étaient parfois très élégantes. On trouve plusieurs représentations des barrières réalisées par Palaiseau sur Gallica, le moteur de recherche de la Bibliothèque nationale de France. Cliquez sur les vignettes pour afficher les visuels en grand.
Barrière des Amandiers (20e arrondissement) Barrière de Bercy (12e arrondissement) Barrière des Champs Elysées (8e arrondissement) Barrière de Charonne (20e arrondissement) Barrière du Combat (10e arrondissement) Barrière de Lourcine (13e arrondissement) Barrière des Martyrs (18e arrondissement) Barrière de Montmartre (18e arrondissement) Barrière de Montreuil (20e arrondissement) Barrière de Ménilmontant (20e arrondissement) Barrière de Pantin (19e arrondissement) Barrière de Picpus (12e arrondissement) Barrière des Rats (20e arrondissement) Barrière de Reuilly (20e arrondissement) Barrière de Saint-Denis (18e arrondissement) Barrière de Vaugirard (15e arrondissement) Barrière de Vincennes (12e arrondissement) Barrière d’Arcueil (14e arrondissement) Barrière d’Aunay (11e arrondissement) Barrière de Belleville (20e arrondissement) Barrière de Charenton (12e arrondissement) Barrière de Clichy (18e arrondissement) Barrière de la Cunette 15e arrondissement) Barrière du Roule (8e arrondissement) Barrière de l’Ecole Militaire (15e arrondissement) Barrière d’Enfer (14e arrondissement) Barrière des Fourneaux (15e arrondissement) Barrière de la Gare (11e arrondissement) Barrière de Grenelle (15e arrondissement) Barrière d’Italie (13e arrondissement) Barrière de Longchamp (16e arrondissement) Barrière du Maine (15e arrondissement) Barrière de Monceau (8e arrondissement) Barrière du Montparnasse (14e arrondissement) Barrière des Paillassons (15e arrondissement) Barrière Poissonnière (18e arrondissement) Barrière Sainte-Marie (16e arrondissement) Barrière Saint-Mandé (12e arrondissement) Barrière Saint-Martin (19e arrondissement) Barrière des Vertus (10e arrondissement) Barrière de la Chopinette (10e arrondissement) Barrière des Bassins (16e arrondissement)
A la Saline Royale d’Arc-et-Senans, le musée consacré à Claude-Nicolas Ledoux présente également des maquettes des barrières aujourd’hui disparues.
Pour compléter cette lecture, je vous invite à lire l’article consacré à la Saline Royale d’Arc-et-Senans, également construite par Claude-Nicolas Ledoux ; ainsi que l’article sur les traces du Paris détruit par les travaux du Baron Haussmann.
Des personnes ont réagi à cet article
Voir les commentaires Hide commentsTrès intéressant merci
Avec plaisir ! 🙂
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Le mur des fermiers generaux n entourait pas Paris « au 18e siècle » puisqu il a étė construit FIN 18e, sous Louis XVI…. Il a entourė Paris au 19e jusqu à sa destruction sous Napoleon III (1860).