L’Opéra Comique, ses dorures, ses boiseries et ses sculptures, ses fauteuils de velours rouges, ses plafonds et ses balcons, un lieu illuminé et animé dans lequel la foule vient s’émerveiller le temps d’une soirée… Que l’on y soit déjà allés ou pas, lorsque l’on pense à ce type d’endroit, c’est tout un imaginaire commun qui nous apparaît soudain. Mais la journée, quand tout est fermé, se révèlent des secrets insoupçonnés, que je vous livre en exclusivité !

© RMN-René-Gabriel Ojeda – Opéra Comique
Un peu d’histoire
Egalement appelé salle Favart, le théâtre national de l’Opéra Comique constitue l’une des principales salles de spectacle de Paris. Créé sous le règne de Louis XIV en 1714 – soit un an seulement avant sa mort – il représente l’une des plus anciennes institutions théâtrales et musicales de France, aux côtés de l’Opéra de Paris et de la Comédie française. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’opéra comique n’a pas forcément pour vocation première de faire rire. Il est avant tout un art de la rue inspiré des comédiens italiens et né dans les foires…
Fondée par Catherine Baron et Gautier de Saint-Edme à partir de troupes qualifiées de foraines qui se produisaient lors des foires annuelles de Paris, la troupe de la foire de Saint Germain était spécialisée dans les pantomimes et parodies d’opéras. En 1714, grâce à son spectacle d’un genre nouveau, la troupe obtient de la part du roi soleil, grand amateur d’art et de musique, le privilège de disposer de son propre théâtre. A une seule et unique condition toutefois : intercaler des dialogues parlés dans les oeuvres chantées. L’opéra comique était né.

A partir de 1783, l’Opéra Comique de Paris prend le nom de salle Favart, en référence à un fameux auteur de livrets, Charles-Simon Favart. Mais il va être tout au long des XIXe et XXe siècles le théâtre – c’est le cas de le dire ! – d’une histoire tantôt prestigieuse, tantôt tumultueuse, marquée par de grands succès artistiques autant que de difficultés économiques, souffrant de la concurrence et enchaînant les fermetures et les déménagements, et brûlant par deux fois avant de devenir le célèbre Opéra que l’on connaît aujourd’hui. Une histoire riche et mouvementée donc, inscrite dans chaque pierre, chaque dorure, chaque sculpture du bâtiment.
Visite en off, quelques anecdotes inédites sur l’Opéra Comique
A l’Opéra Comique, des découvertes surprenantes nous attendent dès l’entrée principale, où nous sommes accueillis par deux statues féminines, grandes héroïnes de l’opéra comique : Carmen (opéra comique de Bizet, 1875) et Manon (opéra comique de Massenet, 1884). Si ces personnages sont facilement identifiables, quelques petits détails nous échappent cependant. Pour vous donner un exemple, le socle sur lequel repose Manon est légèrement décalé de son installation d’origine. Un déplacement dû aux vibrations continues du métro parisien… que les artistes et architectes de l’époque n’avaient manifestement pas anticipé !

© RMN-Grand Palais – Christophe Chavan
Au premier étage, on pénètre ans la grande salle de réception, le foyer. Aux murs, des peintures reprennent différentes scènes de l’opéra comique. Un décor que l’on pourrait aisément attribuer à la construction d’origine, si un détail (oui, tout ici n’est qu’affaire de détails, je vous l’accorde !) ne permettait de les dater. Au dessus de l’une des portes de la salle apparaît, dissimulée dans le décor, la Tour Eiffel ! Un clin d’oeil de l’artiste, qui nous permet de raccrocher ces peintures au début du XXe siècle, c’est à dire après le dernier incendie dont a souffert le bâtiment.
Ce qui m’invite à faire une parenthèse historique : il faut savoir que le théâtre de l’Opéra Comique fut le premier en France à être doté d’un équipement totalement électrique ! Il fut pourvu d’un système d’éclairage innovant pour l’époque, mis en place à la suite du dernier et terrible incendie survenu un soir de 1887, à cause d’un éclairage au gaz vieillissant. Déclenché en pleine représentation de Mignon, il avait alors provoqué la mort d’une centaine de personnes, dont de nombreux artistes et employés du théâtre, et plus de deux cent blessés !

Mais le plus intéressant, c’est bien entendu la grande salle de spectacle, la fameuse salle Favart, avec son décor à couper le souffle ! Comme l’ensemble des salles dites « à l’italienne », elle est peu cloisonnée, ouverte sur l’espace central, permettant ainsi une communication visuelle optimale et une impression de large réunion. A ce jour, elle offre 1 255 places, contre près de 2 000 pour l’Opéra de Paris, raison pour laquelle on dit du théâtre de l’Opéra Comique qu’il est un « petit Garnier » à dimensions humaines.

Bien, jusqu’ici, rien de bien original…et pourtant ! Une caractéristique majeure, peu perceptible au premier coup d’oeil, réside dans l’inclinaison des sièges. En y prêtant attention, on remarque que notre corps n’est pas entièrement tourné en direction de la scène, mais légèrement décalé de manière à faire face à l’ensemble de la salle. Et ce pour une raison simple : l’Opéra Comique constituait autrefois un lieu dans lequel on venait non pas dans l’unique but de profiter d’un spectacle, mais aussi pour se montrer et s’observer en société !
Que serait une visite off d’un tel lieu sans un dernier passage par les coulisses où, là encore, de belles surprises nous attendent ! Un endroit pour le moins étonnant et unique en son genre, si long et si étroit à la fois qu’on le confondrait sans hésiter avec un simple couloir ! Quand on imagine que décors, artistes et techniciens circulent au quotidien dans cet espace si étriqué pour nous offrir des spectacles de qualité, on ne peut que leur tirer notre chapeau.. et lever le rideau !
Maintenant vous savez – presque – tout sur l’Opéra Comique alors, si un jour vous avez l’occasion d’y aller, n’hésitez pas à bien observer car, qui sait, de nouveaux secrets pourraient bien se révéler !
Pour en savoir plus sur l’Opéra Comique : http://www.opera-comique.com/
Du 1er juillet 2015 au 31 décembre 2016, l’Opéra Comique est fermé pour travaux mais continue à vivre sur le web.
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