Le Cri d’Edward Munch est une œuvre particulièrement célèbre, elle est même devenue un emoji ! Mais que nous dit vraiment ce tableau ? Pourquoi Munch a-t-il peint ce cri ? Découvrez les dessous de cette toile aux multiples sens cachés ! Analyse.
Sommaire
Edvard Munch : un artiste torturé
Pour comprendre un peu mieux l’œuvre d’Edvard Munch (1863-1944), il faut se pencher sur son enfance. Très tôt, Munch est confronté à la mort : à seulement 5 ans, sa mère décède de la tuberculose puis il perd l’une de ses sœurs de cette même maladie alors qu’il n’a que 13 ans. Peu après, une autre de ses sœurs souffre de dépression grave et sera internée à vie tandis que son frère meurt subitement d’une pneumonie quelques mois seulement après son mariage.
Forcément traumatisé par ces drames successifs, Munch est souvent touché par la dépression ce qui transparaît souvent dans son travail. Ses œuvres abordent souvent les thèmes de l’angoisse, la mélancolie, la peur, la mort et la douleur. Par la peinture il souhaite exprimer, selon ses propres termes, “les états d’âme les plus subtils”.
Quel est ce Cri ?
Il n’existe pas une version du “Cri” mais cinq : trois peintures, un pastel et une lithographie créés entre 1893 et 1917. Le Cri fait partie d’une série de tableaux intitulée la “Frise de la Vie”.
Mais alors, que représente ce tableau ? Un extrait du journal intime d’Edvard Munch nous permet d’en apprendre davantage. Le 22 janvier 1892, il écrit ces quelques lignes :
« Je me promenais sur un sentier avec deux amis — le soleil se couchait — tout d’un coup le ciel devint rouge sang. Je m’arrêtai, fatigué, et m’appuyai sur une clôture — il y avait du sang et des langues de feu au-dessus du fjord bleu-noir de la ville — mes amis continuèrent, et j’y restai, tremblant d’anxiété — je sentais un cri infini qui passait à travers l’univers et qui déchirait la nature ».
Eh oui ! Contrairement à l’idée reçue, le cri ne vient pas du personnage mais de la nature. Le personnage apparaît effrayé et se couvre les oreilles pour estomper un cri assourdissant.
Une éruption volcanique à l’origine du Cri ?
Alors d’où vient ce “cri infini qui déchirait la nature” ? Selon quelques scientifiques, cela pourrait être lié à un phénomène naturel. En 1883 le Krakatoa, un volcan indonésien, entre dans une violente éruption et provoque un bruit assourdissant, le plus fort entendu sur Terre. Les secousses sismiques auraient parcouru sept fois le globe avec un bruit si puissant qu’il aurait été entendu à 4 800 km à la ronde.
L’éruption aurait par ailleurs rejeté dans l’atmosphère des millions de particules de cendres volcaniques s’éparpillant notamment jusqu’en Norvège.
Ce phénomène pourrait ainsi expliquer ce que l’artiste décrit dans son journal, le ciel rouge sang et le “cri infini qui passait à travers l’univers”.
Une autre théorie est davantage liée à la personnalité torturée de l’artiste. Munch vivait à côté de l’hôpital psychiatrique où sa sœur était internée. Le cri pourrait être la représentation de son anxiété et de ses angoisses.
Un visage terrifié et terrifiant
En 1892, soit un an avant de peindre “Le Cri”, Munch peint le tableau “Désespoir”. Les deux toiles se ressemblent énormément : couleurs, format, proportions… tout est identique à l’exception du personnage principal.
Dans Le Cri, l’homme au manteau et au chapeau est remplacé par cette figure mystérieuse au visage émacié que l’on peine à décrire : est-ce un homme ou une femme ? une personne vivante ou morte ? est-il vêtu d’une robe ou d’un manteau ?… Alors d’où vient ce visage saisi d’horreur ?
Robert Rosenblum, un historien de l’art, a émis l’hypothèse que ce visage pourrait être inspiré d’une momie du peuple péruvien Chachapoya. En effet, en 1889 Edvard Munch étudie à Paris après avoir obtenu une bourse. Il se pourrait qu’il ait vu cette momie qui était exposée au musée d’ethnographie du Trocadéro et il est vrai que les ressemblances sont assez frappantes.
Qui sont les deux personnages au loin ?
Si vous regardez attentivement cette œuvre, deux personnages semblent s’éloigner vers la gauche. Il s’agit de d’amis de l’artiste, ainsi qu’il le décrit dans son journal : « Je me promenais sur un sentier avec deux amis (…) mes amis continuèrent, et j’y restai, tremblant d’anxiété« .
Cette phrase nous explique aussi que cette œuvre est autobiographique et que le personnage qui se couvre les oreilles, terrifié, est bien l’artiste lui-même.
La réception de l’œuvre
C’est en 1895 que Le Cri est présenté pour la première fois au public à la galerie Blomqvist d’Oslo. A l’époque, les critiques sont nombreuses et beaucoup mettent en doute la santé mentale d’Edvard Munch à tel point qu’un étudiant en médecine va jusqu’à le traiter de fou.
Sur le tableau conservé au Nasjonalmuseet de Norvège, une inscription énigmatique présente dans le coin supérieur gauche indique en norvégien : “Ne peut avoir été peint que par un fou”. Pendant longtemps on s’est demandé qui avait déposé cette inscription. Finalement, des analyses récentes ont révélé que c’était Munch lui-même qui aurait apposé cette phrase, en pied de nez à ses détracteurs.
Aujourd’hui, Le Cri est considérée comme une œuvre majeure. Par ses couleurs vibrantes et peu réalistes, elle montre une nouvelle façon de créer de l’art. C’est un tournant entre le mouvement symboliste et le mouvement expressionniste.
En 2012, l’une des versions du Cri a été vendue aux enchères chez Sotheby’s New York pour la somme de 119,92 millions de dollars !
Un cri entré dans la culture populaire
Désormais, Le Cri est l’un des chefs-d’œuvre les plus connus au monde. Il a fait l’objet de multiples parodies à commencer par l’emoji présent dans tous nos téléphones en passant par de très très nombreuses reprises…
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Où est exposé Le Cri d’Edvard Munch ?
Comme expliqué plus haut, il existe cinq versions du Cri. La plus célèbre est celle de 1893 exposée à la Galerie Nationale (Nasjonalgalleriet) d’Oslo.
Deux autres versions (un pastel sur carton de 1893 et une tempera sur carton de 1910) sont présentées au Musée Munch (Munchmuseet) également à Oslo. Un pastel sur Carton de 1895 est en collection privée.
Des personnes ont réagi à cet article
Voir les commentaires Hide commentsPassionnant merci bcp
l\’incroyable découverte de la vie et l\’ Oeuvre de ce peintre
je n\’avais rien compris
un article fantastique
Merci
il existe aussi un cri de Rodin de 1893 les 2 se sont inspirés l\’un l\’autre ?
I have always truly loved this work of art : it totally reflects my double personality (I am bipolar) and the incredible horror I too often feel at being nothing, my brain being split between terror and exaltation.
I however have a wonderful family and feel deeply loved.
Nevertheless, the covid has quite isolated me from my friends and I feel left out : pretty hard …
Munch is a wonderful artist, and all his art is worth seeing !
Merci beaucoup sa ma beaucoup aidé pour mon oral du brevet vous étent les boss
Salut moi aussi je vais le prendre pour l\’oral de brevet . ravie d\’avoir lus ton commentaire où tu disait que cela t\’avais servie .^^
Merci beaucoup pour cet éclairage, riche et a la portée de tous. Je suis ravie d avoir lu cet article !