« Il est parfaitement concevable que la splendeur de la vie se tienne prête à côté de chaque être et toujours dans sa plénitude, mais qu’elle soit voilée, enfouie dans les profondeurs, invisible, lointaine. Elle est pourtant là, ni hostile ni malveillante, ni sourde ; qu’on l’invoque par le mot juste, par son nom juste, et elle vient. C’est là l’essence de la magie qui ne crée pas, mais invoque. »
Cette citation est extraite du Journal Kafka, traduit par Marthe Robert. Si tout est caché, sombre , condamné dans l’univers kafkaïen, apparaît tout de même, sous la plume de l’auteur, la certitude de la beauté possible. Cette citation évoque pour moi aussi bien la beauté sensible que la magie du poète, qui invoque la présence par les mots. La littérature est dévoilement, révélation de ce qui est, de ce qui se tient là, soudain porté aux yeux. Les phrases de Kafka glissent le long des virgules, comme pour apprivoiser quelque chose, comme pour rassurer l’homme égaré qui ne voit plus pour venir éclore sur la force du mot, l’invocation.
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Voir les commentaires Hide commentsje ne connaissais pas cet extrait, il est bouleversant comme à chaque fois avec Kafka.
Dans le même esprit, Milena Jesenska, sa « compagne » d’un temps, s’est faite témoins de certains de ses propos dans un de ces livres, intitulé « Vivre ». Dominique A en a chanté un extrait, somptueux. Je n’ai de cesse de lire cet extrait et d’en tirer une certaine « foi » en la vie, comme il l’a énoncé.
Un petit lien avec les paroles et un extrait de la chanson : http://passagelointain.blogspot.fr/search?q=KAFKA
Et moi je ne connaissais pas cette chanson de Dominique A, merci Arno ! 🙂