Le château d’Angers préserve l’un des chefs d’oeuvre du Moyen Âge, le plus grand ensemble de tapisserie médiévales au monde : la Tapisserie de l’Apocalypse, aussi appelée l’Apocalypse d’Angers. Mais avant d’arriver au château, cette Tapisserie a connu bien des péripéties, jusqu’à être transformée en couvertures pour les arbres ou en doublure de rideaux ! Retour sur son incroyable histoire…
Créée à la fin du XIVe siècle, la tapisserie fut commandée par le duc Louis Ier d’Anjou au marchand Nicolas Bataille qui la fit fabriquer à Paris, d’après des cartons de Hennequin de Bruges. A cette époque, l’Europe est marquée par la peste noire – qui décime le tiers de la population – ainsi que par la guerre de Cent Ans. La thématique de l’Apocalypse est donc fréquente pendant cette période et c’est tout “naturellement” que l’on illustre l’Apocalypse de Jean. Ce texte, également appelé Livre de la Révélation, est extrait du Nouveau Testament et se présente comme la révélation de Jésus à Jean de la façon dont le peuple de Dieu sera bientôt délivré. La tenture de l’Apocalypse expose en outre des satires de la vie sociale et politique ainsi que des évocations de l’ennemi anglais.
Mais avant d’arriver au château d’Angers, la Tapisserie a connu bien des péripéties. Au XVe siècle elle est donnée à la cathédrale d’Angers qui la conserve enroulée dans des coffres lorsqu’elle n’est pas exposée lors des grandes fêtes. C’est à la Révolution que l’Apocalypse d’Angers va être très malmenée : on l’utilise comme couverture ou bien pour couvrir les orangers pendant l’hiver. Elle sert par la suite de doublure de rideaux voire de garnitures d’écuries ! La Tapisserie souffrira beaucoup de ce traitement : il n’en reste plus qu’une centaine de mètres sur les 147 d’origine. Il faut attendre le milieu du XIXe siècle pour qu’un évêque conscient de sa valeur la rachète et la lègue à la cathédrale qui mènera plusieurs campagnes de restauration.
En 1905, la loi de séparation des Eglises et de l’Etat fit de la Tapisserie une propriété publique tout en restant affectée au culte. Il faudra attendre 1952 pour qu’une convention signée avec l’évêque d’Angers prévoit l’exposition permanente et définitive de l’Apocalypse dans le château d’Angers. On fit donc construire une galerie au château, spécialement destinée à recevoir la Tapisserie mais les grandes fenêtres exposent de façon dramatique le chef d’oeuvre à la lumière du soleil ce qui dégrade considérablement les couleurs. Si bien qu’en 1975 les baies sont occultées par des rideaux puis, depuis 1996, la Tapisserie est présentée dans un lieu sombre avec un éclairage tamisé.
Dans cette immense salle uniquement consacrée à présenter et préserver la Tapisserie on perçoit toute l’immensité de ce chef d’oeuvre résolument hors normes et chargé d’histoire(s). Et si vous n’avez pas la possibilité de vous rendre sur place, vous pouvez découvrir l’Apocalyse d’Angers sur Google Arts and Culture.
A LIRE AUSSI, en écho à cette oeuvre : Olivier Roller tisse une cathédrale de fil au château d’Angers
Informations pratiques
Adresse :
2, Promenade du Bout du Monde
49100 Angers
Horaires :
Horaires variables selon l’année, consultez le site du château d’Angers
Site internet :
http://www.chateau-angers.fr/
Tarifs :
9,5 €, gratuit pour les moins de 26 ans
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Voir les commentaires Hide commentsI appreciate your effort to make your magazine readable, thank you.
[…] Autre article instructif, celui de Culturez vous concernant la tapisserie de l’Apocalypse d’Angers. […]