Culturez-vous
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Il faut un art subtil pour ourdir incognito la disparition d’un « rond pas tout à fait clos finissant par un trait horizontal ». Qui ? Quoi ? Motus ! Sans adjuvant, sans spoil, l’on lira dans un plaisir plus grand la disparition, discours abracadabrant mais pas banal. Saluant l’imagination d’un grand scribouillard français, nous nous plions  ici sans faillir au pari fou mais jouissif ; ardu mais hardi ! Car il a du punch (plus un vrai brio !), lui qui fait fi du motif cinq sur nos vingt-six connus. Pour vrai, circonvolutions, substitutions, comparaisons sont l’outil principal du coup magistral. Pourtant, tout parait clair, pur, sans galimatias. Tout au plus approfondit-on un jargon français mal connu, ou parfait-on son latin (si jamais l’on sut son latin un jour…).

La narration ? On suit la disparition d’Anton Voyl, pris d’un mal aussi soudain qu’inconnu. Maîtrisant roman noir autant qu’humour grinçant, G.P. conduit nos H. Poirot (pas trop pro mais constants) jusqu’au bout d’un opus parcouru par l’obnubilation du blanc. La mort, folio par folio, apparait sous son vrai jour, brutal. Nous croyions a l’incipit qu’il n’y aurait pas d’historia, qu’il s’agissait d’un bon mot brillant mais vain : nous nous trompions ! L’action nous ravit, nous voulons savoir la fin du roman, nous aimons aussi son fond.

La disparition nous parait un vrai pari, contraignant mais surtout stimulant par son innovation. G.P. nous convainc – à l’instar d’OuLiPo dont il fait parti – qu’un carcan auto-admis aboutit à un produit passionnant plutôt qu’à la frustration. G.P. va jusqu’à la transcription du Booz Assoupi par Victor Hugo. Toujours suivant sa loi, tout y va : Rimbaud, Mallarmus, Moby Dick… sont traduits dans son babil biscornu. Pris au vif, on n’a plus ni inhibitions, ni prohibitions. Là où il n’y a pas provocation, il n’y a pas plaisir. Quoi qu’il soit, ni Brassaï, ni Picabia, ni Aragon n’aurait (à mon avis) banni l’ami G.P. On aurait fait grand cas du ton symbolisant du brillant roman, opus primarium du courant OuLiPo (dit roman lipogrammatical par nos savants !)

Voilà un avant-goût du travail… ahurissant ? affolant ? inouï ? charmant ? amusant ? infantil ? ou tout ça à la fois. Galurin bas !

 
Notation : Georges Perec - La disparition 1
 

1969 – 328 pages – ISBN : 978-2070715237
Georges Perec – Français
Editions Gallimard l’Imaginaire

 

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Comments to: Georges Perec – La disparition
  • 29 janvier 2017

    Voila un travail quasi normal dont la plupart on la foi. La disparition brava la situation, la mission du roman car G.P installa l’imagination, la mystification pour y sortir
    BRAVO A G.P

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