Femme espagnole est un portrait de Gustave Courbet peint en 1855. Il représenterait la jeune femme qui prit soin du peintre à l’automne 1854, lorsque Courbet attrapa le choléra. Le tableau fut présenté au Salon et lors de l’Exposition universelle de 1855. Il fut l’œuvre la plus commentée à l’époque parmi les dix que présenta Courbet. Toutefois, les critiques furent majoritairement négatives : on reprocha à Courbet son réalisme, d’avoir représenté une femme laide au teint brouillé et aux traits jugés peu harmonieux.
Malgré l’apparition et le développement des portraits photographiques, le portrait demeure, au milieu du XIXème siècle, un genre prisé et vendeur. A travers une mise en scène et une représentation souvent très codifiée, l’artiste cherche à mettre en valeur son sujet : sa beauté, mais aussi sa personnalité, son charisme, sa fortune.
Prenant le contre-pied de ces codes, Courbet se plait à peindre ses sujets sans chercher à les rendre lisses. Il laisse apparaître la matière même de la peinture, dans une recherche qui tend à retrouver le caractère brut voire trivial du visage peint. Il ne s’agit pas d’idéaliser ou de rendre artificiellement harmonieux, il ne s’agit pas de réécrire une histoire idéale à partir du sujet représenté. Ce parti-pris artistique a pu coûter à Courbet de nombreux clients. Ainsi, Berlioz a détesté le portrait de lui réalisé par le peintre en 1850. Il le jugea trivial et commun et, somme toute, peu en accord avec l’image de lui-même qu’il voulait laisser à la postérité.
Femme espagnole s’inscrit tout à fait dans cette démarche. Les traits du visage sont marqués et les traces de pinceaux viennent suggérer l’irrégularité de la peau. Cette recherche de réalisme rend plus troublante la subtile sensualité dégagée par la position du sujet et sa chevelure, magnifiquement représentée et qui semble envahir le tableau.
Femme espagnole est actuellement exposé au Philadelphia Museum of Art.
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