Résumé :
Christopher McDougall, journaliste et runner, se blesse régulièrement. Dans ses recherches sur les différentes méthodes pour protéger sa foulée, il entend parler des Tarahumaras, tribu de super-athlètes dans le Copper Canyon mexicain. Il décide donc de partir à leur rencontre et pour cela, il doit trouver le Caballo Blanco, le seul ‘blanc’ qui partage leur secret sur la course et peut les approcher.
Avis :
Born to Run est un livre culte, la Bible pour les minimalistes, ultra-runners et coureurs en tous genres. Edité aux États-Unis en 2009, il est resté classé plusieurs mois parmi les meilleures ventes.
Born to Run est à la fois un livre d’aventure, un livre de rencontres et un ouvrage scientifique. On y trouve de tout : des personnages hauts en couleur, des stars de la course à pied, des courses mythiques, de la biologie, de l’ethnologie, des récits de course, des conseils pratiques… Le tout est savamment organisé pour ne pas paraître brouillon et tenir le lecteur en haleine. Car il faut bien le reconnaître, une fois la lecture entamée, on ne peut plus le lâcher.
Deux histoires s’entremêlent et s’enrichissement mutuellement. Les deux répondent à la quête dans laquelle s’est lancé l’auteur. Tout d’abord, il veut comprendre pourquoi les Tarahumaras peuvent parcourir de très grandes distances, chaque jour, sans se blesser. Cette recherche l’amènera à vivre des aventures exceptionnelles mais aussi dangereuses dans un coin du Mexique largement dirigé par les Cartels.
Cette partie est très plaisante à lire, l’intrigue est bien ficelée, pleine de rebondissements. La découverte de Caballo Blanco, son histoire et la création du Copper Canyon Ultra Marathon est très intéressante.
La seconde histoire nous amène dans l’aventure de la course à pied. Du marathon, aux ultra-distances, de petites anecdotes en grandes courses, Christopher MacDougall nous fait traverser l’histoire de l’ultra-trail aux États-Unis en compagnie des plus grands runners américains.
De ses recherches, l’auteur apprend que l’homo sapiens a développé une capacité à courir sur des longues distances, mais pieds nus. Le pied de l’homme est un petit bijou de biomécanique qui n’a pas besoin d’amorti artificiel. Ce sont les chaussures de courses qui sont à l’origine de nombreuses de nos blessures.
Le parti-pris de l’auteur concernant le minimalisme est évident. Parti-pris que l’on retrouve dans le manque de sources. Christopher McDougall présente de nombreuses études pour étayer son argumentation, mais n’en fournit pas les sources. On doit donc le croire sur parole…ou pas !
Le récit se termine sur la fameuse course organisée en 2006 par Caballo Blanco et qui rassemblera l’auteur (qui finira bon dernier !), Jenn Shelton, Billy Barnett, Scott Jurek, Barefoot Ted et bien-sûr Caballo Blanco.
On trouvera surtout dans Born to Run, LA réponse à la question que tout coureur (quelle que soit sa discipline et sa distance) a entendu des centaines de fois : pourquoi cours-tu ? La réponse est simple : parce que je suis physiquement et biologiquement fait pour !
Si les noms de Scott Jurek, Emil Zatopek, Anton Krupicka, ou Kilian Jornet sonnent à vos oreilles, jetez-vous sur cette bible. Je vous promets qu’à la fin du livre, vous enfilerez vos chaussures de running (ou pas, si vous avez été convaincu par les avantages du minimalisme) et vous avalerez les kilomètres !
Extrait :
Comment se fait-il que Caballo puisse se lancer dans des descentes plus vertigineuses que le Grand Canyon avec des sandales hors d’âge alors que je suis incapable d’échapper à des blessures majeures au bout de quelques mois d’un modeste entraînement ? Malgré ses 2,15 m et ses 125 kg, Wilt Chamberlain n’avait aucun mal à terminer un ultra de 80 kilomètres à 60 ans, après une carrière de basketteur qui avait miraculeusement épargné ses genoux. Plus fou encore, le marin norvégien Mensen Ernst se souvenait à peine de ce qu’était la terre ferme lorsqu’il y débarqua en 1832, ce qui ne l’empêcha de faire Paris-Moscou en 14 jours à la moyenne de 200 kilomètres dans Dieu sait quelles chaussures et sur Dieu sait quelles routes pour gagner un pari. Et il ne s’agissait alors que d’une mise en jambes : Mensen courut ensuite de Constantinople à Calcutta, parcourant 145 kilomètres par jour pendant deux mois entiers, et s’octroya trois jours de repos avant d’entamer les 5 400 kilomètres de retour. Comment se fait-il que Mensen ait échappé à l’aponévrosite plantaire ? Il ne pouvait pas en souffrir, parce que ses membres inférieurs étaient en parfait état lorsqu’il succomba à la dysenterie, un an plus tard, en essayant de remonter en courant jusqu’aux sources du Nil.
Tout autour de moi surgissaient des phénomènes de la course à pied. A quelques kilomètres de la maison, dans le Maryland, Mackenzie Riford, âgé de 13 ans, participait avec sa mère au JFK 50 miles (« c’était marrant ! »)et Jack Kirk, alias le « diable de la Dipsea », courait encore le démoniaque Dipsea Trail à 96 ans. La course débute avec 671 marches taillées dans la falaise, aussi cet homme, qui avait vécu près de la moitié de l’histoire des États-Unis, devait-il grimper l’équivalent de 50 étages avant de se mettre à courir dans la forêt. « On ne s’arrête pas de courir parce qu’on vieillit. On vieillit parce qu’on s’arrête de courir », disait-il.
2012 – 420 pages – ISBN : 978-2352210627
Christopher McDougall – Américain
Editions Guérin
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Voir les commentaires Hide commentsC’est un excellent livre qui a inspiré beaucoup de coureurs que j’en connais personnelement et qui participe à des supers Marathons.