Dom La Nena est une jeune artiste d’origine brésilienne bourrée de talent. Voyez plutôt : âgée de seulement 23 ans elle est déjà multi-instumentiste, auteur, compositeur et interprète.
A l’occasion de la sortie d’Ela, un premier album rempli de délicatesse, de légèreté et de fraîcheur, Dom La Nena a accepté de me rencontrer et a eu la gentillesse de répondre à mes questions.
[box type= »info »]Dom La Nena sera en concert à la Boule Noire le 21 mars. Nous vous offrons 2 x 2 places pour aller l’écouter. Tentez votre chance ![/box]
Pourquoi ce surnom « La Nena » ?
La Nena est surtout utilisé en Amérique du Sud, en Argentine ou en Colombie. En Colombie ça veut surtout dire bébé et en Argentine c’est jeune fille, un peu « la petite » mais comme tu le dis en France : tu n’es pas obligée d’être petite ni jeune pour qu’on t’appelle comme ça. J’ai habité 5 ans en Argentine et je suis partie très jeune, j’avais 13 ans lorsque je suis partie étudier le violoncelle là-bas du coup j’étais tout le temps la plus petite dans les groupes et on m’appelait « La Nena », c’est resté. Je ne sais pas dans 30, 40 ans comment ça va se passer si j’aurai toujours le même pseudo ou pas !
Tu as 23 ans, tu joues du violoncelle, du piano, du ukulélé… c’est assez impressionnant ! Depuis quand tu joues de la musique ?
J’ai commencé le piano quand j’avais 5 ans et le violoncelle à 8 ans. J’ai surtout commencé à travailler en tant que violoncelliste à 18 ans.
Et d’où te vient cette passion ?
Mes parents ne sont pas du tout musiciens mais ils sont très mélomanes. Ils m’ont encouragée à faire de la musique mais au départ je le faisais pour le plaisir, je ne me posais pas de questions. Quand j’ai eu 10 ans j’ai eu un coup de cœur pour le violoncelle. Comme j’étais au conservatoire, il y avait des gens qui jouaient mieux que moi, à un autre niveau, j’ai commencé à écouter ce que les autres jouaient et je me suis dit « je veux vraiment jouer ça » et quand j’ai eu 10 ans je m’y suis mise à fond, je savais que je voulais être violoncelliste.
C’est pour cela que dès 13 ans tu as pris la décision de partir ?
Oui, on est restés en France jusqu’à mes 12/13 ans et puis quand on est retournés à Porto Alegre c’était assez dur de continuer là-bas, il n’y a pas vraiment de culture musicale dans la ville. Du coup je suis partie à Buenos Aires.
D’où la chanson Buenos Aires sur l’album ?
Oui !
Venons-en à ton album, il s’en dégage quelque chose d’assez naïf, fragile, enfantin, ça semble correspondre à ta personnalité. Tu as été libre pour le faire ?
Oui, totalement parce que quand j’ai commencé à écrire des chansons puis à l’enregistrer je ne le voyais pas du tout comme un album, je ne voyais pas ce que ça allait faire. Les chansons je les ai faites chez moi, je suis rentrée de tournée avec Jane Birkin et puis tout d’un coup je me suis retrouvée à la maison. J’avais pas mal de temps libre et je me suis aperçu que j’avais envie de composer depuis un moment donc je me suis permise de commencer à essayer mais c’était pour mon challenge personnel, pour le plaisir et du coup j’ai commencé à écrire des chansons et je me suis dit « maintenant il faut que je les chante ! ». Donc j’ai commencé à chanter un peu…
A la base tu n’es pas chanteuse ?
Non pas du tout, j’ai fait un peu de chorale au conservatoire mais je n’ai jamais vraiment pris de cours de chant avant. Donc j’ai fait les chansons chez moi, j’ai fait de la démo et après j’ai montré ça à des amis, tout le monde m’a beaucoup encouragée puis j’ai fait quelques petits concerts aussi. Ça m’amusait de chanter et jouer en même temps, tout d’un coup je m’apercevais que j’arrivais à le faire…
Peux-tu nous parler de ta collaboration avec Piers Faccini ?
On se connaissait déjà, on avait fait quelques concerts à emporter ensemble. Pour en revenir à l’album j’avais envie de l’enregistrer, j’ai commencé en studio à Paris et j’étais pas du tout à l’aise : tu es en studio, il y a une pression financière et puis il y a d’autres gens : l’ingénieur du son, les musiciens… ça ne me convenait pas du tout, j’avais besoin d’une intimité, de ne pas avoir de regard extérieur. J’ai arrêté après une semaine et puis j’en ai parlé avec Piers, il me dit « Tu peux venir à la maison j’ai un studio super, j’enregistre mes albums là-bas ». Il habite dans les Cévennes et au fond du jardin il a son studio, c’est un cadre incroyable. A la base je devais faire l’album seule. Je suis fan de Piers depuis longtemps mais je n’osais pas lui proposer une collaboration, je ne savais même pas si ça allait devenir un album. Je suis restée une semaine, j’ai enregistré une première base de toutes les chansons, j’ai fait les arrangements que je voulais et puis je lui ai dit « je te laisse les fichiers, tu fais ce que tu veux, je te laisse carte blanche ». Il a bossé dessus et puis ça s’est tellement bien passé que l’on a décidé de faire tout l’album ensemble. C’est après ça que l’on a commencé à chanter ensemble et à faire des dates en duo.
Etait-il prévu de faire la chanson Dessa Vez en duo ?
Non, je suis allée chez lui, j’avais déjà enregistré la chanson, le violoncelle, la voix et puis on s’est dit « ce serait chouette si on la faisait ensemble », c’est venu comme ça sur le moment. Ce n’était pas prévu mais c’était une chance incroyable.
Quels sont les thèmes que tu abordes dans l’album ?
Je ne me suis pas dit « je vais parler de ceci ou de cela ». J’écris de façon assez inconsciente. Ça reste en plus dans un langage assez métaphorique. Même les gens qui parlent Portugais ils pensent qu’une chanson parle d’amour alors qu’en fait elle parle d’autre chose, ça laisse des portes d’interprétation assez ouvertes. Mais c’est sûr qu’il y a des éléments qui sont très présents dont la naïveté de l’enfance. Disons que l’enfance c’est le seul moment de ma vie que j’ai passé au Brésil et je pense que c’est pour ça que c’est revenu avec cette espèce de mal du pays et cette nostalgie de l’enfance mais qui est aussi une nostalgie du pays, ça correspond à la même période.
Comment as-tu choisi les chansons de ton album ?
J’ai pris près de deux mois à composer, j’en avais beaucoup plus. J’ai fait un premier tri, j’ai commencé par les jouer sur scène et puis tu commences à te familiariser avec certaines et tu vois celles que tu aimes bien et celles que tu n’aimes pas et celles que les gens aiment. En fait ça s’est fait assez naturellement, elles se sont un peu choisies toutes seules !
Ton album est sorti le 18 février et connaît déjà un bon accueil, ça te fait quoi ?
Pour moi c’est assez étonnant et hyper satisfaisant. C’est surprenant car il me semble que ce n’est pas un album qui soit très commercial. Il y a la barrière de la langue, c’est très intimiste. Je pensais qu’il aurait plus de mal à atteindre les gens et en fait je suis très touchée de voir que les gens sont touchés par lui. On m’a dit qu’on sentait une sincérité, une naïveté qui était touchante et pour moi cette sincérité est une des plus grandes qualités de l’album, je ne me suis pas posé la question de me dire « ça ne va pas passer à la radio », j’avais aucune pression de temps, d’argent, il pouvait très bien rester dans mon ordi pour que mes parents et mes copines l’écoutent (rires). Mais c’est dur de penser à un deuxième album, j’espère pouvoir garder cette naïveté, cette liberté et cette fraîcheur.
Justement, quels sont tes prochains projets ?
Pour le moment l’album me prend pas mal de temps puis j’ai le projet avec Rosemary qui s’appelle Bird on a wire. On a pas mal de dates en 2013/2014, on va enregistrer un disque et puis je vais faire des dates avec Piers aussi en duo. Et puis l’album est sorti aux Etats-Unis, au Canada, il va sortir au Brésil et dans toute l’Europe donc ça va me prendre pas mal de temps d’aller d’un pays à un autre. Et puis commencer à réfléchir à un prochain bébé !
Tu as déjà commencé à composer de nouvelles musiques ?
Oui j’ai de nouvelles chansons mais je les laisse murir encore !
As-tu envie de chanter en français ?
Chanter oui mais écrire… je n’y arrive pas. J’ai essayé, peut-être qu’un jour ça viendra mais dès le départ ça me semblait naturel d’écrire en portugais parce que c’est ma langue maternelle même si ce n’est pas celle que je parle le plus. C’est surtout une langue qui est extrêmement musicale et je trouve ça tellement dur d’écrire en français, je n’y arrive pas.
Tu travailles déjà avec beaucoup d’autres artistes, si tu pouvais faire une collaboration avec un artiste de ton choix ce serait qui ?
Je suis déjà hyper contente avec les artistes avec qui je bosse ! J’ai déjà un duo avec Rosemary de Moriarty, ça se passe super bien. Piers pour moi c’est la crème anglophone de ce qui se passe en France, musicalement on s’entend super bien. Dans la chanson française, ce que je trouve qu’il y a le mieux c’est Camille. J’ai eu la chance de l’avoir sur le disque, elle fait des chœurs sur une chanson. Donc je n’ai pas vraiment de réponse, je suis déjà très gâtée !
Est-ce que tu aurais pu envisager de faire un autre métier ?
Je me suis toujours dit que si je n’étais pas musicienne je serais masseuse, j’adore masser les gens, j’ai un truc dans les mains (rires) je me suis toujours dit que j’aurais pu être ostéo ou masseuse ! J’aurais aimé faire d’autres études littéraires, de philo ou de théâtre mais j’ai jamais eu le temps.
Si tu pouvais ne garder qu’un seul album, ce serait lequel ?
Ah c’est dur ! Il y a les enregistrements de musique classique qui m’ont beaucoup marquée mais si on enlève la musique classique, dans la musique populaire ce serait peut-être un album brésilien : Acabou Chorare de Novos Bahianos. Il est magnifique !
De la même façon, si tu pouvais ne garder qu’un seul livre ?
Ce serait La Marelle de Cortazar. C’est son plus gros bouquin et il m’a marquée à vie. Même par rapport à l’écriture, c’est très bordélique mais en même temps c’est passionnant.
Que dirais-tu aux lecteurs de Culturez-Vous pour les convaincre d’écouter ton album ?
Allez-y ! Osez le nouveau ! Souvent soit les gens sont curieux soit ils ont peur de la nouveauté. Je ne mords pas, au pire vous n’aimerez pas !
Que peut-on te souhaiter pour la suite ?
Par rapport au fait de continuer à faire des albums, ce qui est important pour moi, que j’essaie de garder au maximum c’est cette fraicheur, faire les choses de manière innocente, sincère.
Un dernier mot ?
Ela !
Dom La Nena sera en concert le 21 mars à la Boule Noire (Paris).
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