Dans un pays inconnu, la mort arrête de faire son travail : plus personne ne meurt. Pour autant, ce qui pourrait apparaître comme une bonne nouvelle n’est pas sans poser de gros problèmes car, s’ils ne meurent plus, les hommes continuent de vieillir. On imagine dès lors le chaos dans lequel le pays est plongé : hôpitaux surchargés, compagnies d’assurance qui font faillite, pompes funèbres au chômage technique. Quelque familles, dépassées par les événements, vont même jusqu’à conduire leurs proches à la frontière pour les laisser quitter ce monde ! Et que dire de l’Eglise dont les notions de Paradis et d’Enfer volent en éclat ? Heureusement, un beau – ou triste – jour, la mort revient s’occuper des hommes.
C’est avec ce livre que je commence ma découverte de Saramago. La première chose qui frappe avec cet écrivain, c’est qu’il a un style bien à lui. Le texte est compact, très peu aéré, loin des conventions typographiques habituelles. Les dialogues s’enchaînent sans retour à la ligne, seule une majuscule nous permet de constater que le changement de voix a eu lieu. Les premières pages sont donc un peu déroutantes mais une fois que l’on s’y est habitué, la lecture est un vrai régal.
Imaginez qu’à partir de ce soir, minuit, plus personne ne meurt. On serait probablement ravi… sauf que la vieillesse continue à faire son travail et que des centaines puis bientôt des milliers de personnes se retrouvent dans un état étrange, à un cheveu d’une mort qui ne veut pas venir.
Ce n’est pas sans humour ni sans une pointe de cynisme que Saramago explore cette situation incroyable. Avec amusement, il se plait à nous décrire quelques situations cocasses qui lui permettent de pointer du doigt quelques travers de notre société. Mais, ce qui est intéressant, c’est que l’écrivain va très loin dans la prescience, jusqu’à personnifier la mort. Eh oui car il s’agit bien d’une personne qui a pour charge de nous faire passer de vie à trépas… quand elle le veut bien, on apprendra ici qu’elle est parfois capricieuse ! Saramago nous en dresse un portrait tantôt drôle, tantôt tendre, parfois mélancolique. On se prendrait presque d’affection pour cette dame faucheuse finalement bien solitaire.
Un roman très plaisant, et un auteur que je vous invite à découvrir, si ce n’est pas déjà fait.
Et vous, vous avez lu ce livre ? Qu’en avez-vous pensé ?
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Extrait :
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Découvrez un autre extrait de ce livre dans l’article 58 secondes de musique pour résumer une vie.
Note :
Edition originale 2005, traduit en français en 2008 par Geneviève Leibrick
263 pages – ISBN : 978-2-7578-1162-7
José Saramago (1922 – 2010) – Portugais – Prix Nobel de littérature en 1998
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