« La poésie sauvera le monde, si rien ne le sauve. Au reste, elle le sauve chaque jour de son indignité. »
C’est avec cette phrase que commence cet essai de Jean-Pierre Siméon et le ton est donné : il s’agit de redonner à la poésie la place qu’elle mérite dans notre quotidien.
Il n’est pas surprenant de voir Siméon lutter pour une meilleure (re)connaissance de la poésie puisqu’il est le directeur artistique du Printemps des Poètes et qu’on lui doit déjà plusieurs recueils de qualité. Je vous recommande notamment Traité des sentiments contraires, Les douze louanges et Lettre à la femme aimée au sujet de la mort, tous trois édités chez Cheyne).
« C’est quoi cette vie, se demanda-t-il, cette vie où un homme est trop occupé pour lire des poèmes ? »
Raymond Carver, La vitesse foudroyante du passé
Siméon se pose une question assez proche : pourquoi la poésie est-elle de moins en moins présente dans notre quotidien ? Dans notre société où l’image est si présente, nous ne laissons plus notre imaginaire se développer. Le vide fait peur, nous ne prenons plus le temps de nous ennuyer. Siméon tente de nous faire comprendre que si la poésie ne saurait être la panacée, elle est cependant indispensable et nécessaire :
« L’homme du XXIe siècle, homme distrait, est captif des représentations dont il est assailli, asservi à ce que la grande machinerie des mots et des images surabondants, projettent devant lui. Il n’a plus ni l’espace ni le temps de produire de lui-même l’imaginaire qui les constituerait. L’imaginaire est aujourd’hui un territoire occupé et soumis. Et je dis que tout poème est un acte de résistance contre cette oppression. »
Dans nos vies où tout semble toujours passer trop vite (qui n’est pas à la recherche du temps perdu ?), il est parfois bon d’appuyer sur la touche pause, de s’interroger et de prendre un peu de recul. La littérature, et notamment la poésie, est un bon moyen d’y parvenir. La poésie sauvera le monde nous rappelle l’utilité et l’urgence de prendre le temps.
Dans un de ses poèmes, Siméon disait “Mais j’ai beaucoup réfléchi, et aujourd’hui, je sais : la poésie, c’est comme les lunettes. C’est pour mieux voir. » et de poursuivre « les vitamines A, B, C, D, ça ne suffit pas. (…) Il faut administrer un poème par jour. Au moins. » Tâchons d’appliquer cette ordonnance !
Jean-Pierre Siméon
Editions Le Passeur, collection Hautes Rives
2015, 86 pages
ISBN : 978-2-36890-356-8
Des personnes ont réagi à cet article
Voir les commentaires Hide commentsLa poésie est l\’art de dire l\’indicible.
C\’est cette faculté extraordinaire de dire avec les mots ce qu\’on n\’arrive pas à exprimer avec son corps son cœur ses tripes sa bouche ses mains ses yeux mais qu\’on concentre dans ces évocations de mots qui permettent à chacun de se retrouver
de s\’y retrouver..
La poésie est cette faculté d\’appréhender les trois temps de ce monde
le passé le présent l\’avenir
et de n\’en faire qu\’un pour permettre à chacun de trouver cette lumière au bout du tunnel ou encore le soleil au dessus des nuages..
MLa poésie permet à chacun de se mettre au dessus des nuages pour vivre le mieux possible
pour déposer un fardeau
et/ou cueillir la rosée du matin
La poésie est peut-être ce qui reste à l\’homme après avoir fait le tour des sciences de l\’histoire de la philosophie et lui laisser le temps de survivre sereinement..
La poésie est toujours un art solitaire qui se dévore et se dévoile à plusieurs..
Roberto Juarez disait :
\ » La poésie est un essai d\’exprimer ce qu\’il est quasi-impossible s\’exprimer…\ »
En poésie on doit être naïf
dans le sens d\’être
prêt à s\’étonner
prêt à s\’indigner
prêt à agir..
La vie est enracinée au fond de moi avec du soleil tout autour…
Yves Rouxel