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Saviez-vous que l’exploitation des mines de charbon du Nord-Pas de Calais n’a pris fin qu’en 1990 ? Pour préserver le souvenir de cette histoire minière pas si vieille mais qui a durablement marqué les mémoires et les paysages du Nord de la France, le Centre Historique Minier vous propose une visite immersive et vous invite à descendre dans une mine !

C’est à Lewarde, près de Douai, que se découvre depuis 40 ans ce lieu culturel, le plus grand musée de la mine de France, en lieu et place de la Fosse Delloye où un millier de mineurs par jour ont travaillé entre 1931 et 1971.

Quelle est l’histoire du bassin minier du Nord-Pas de Calais ? Comment vivaient les mineurs ? A quoi ressemblait le travail dans la mine ? Autant de questions auxquelles le Centre Historique Minier répond au travers d’une visite passionnante et ludique sur la vie des « gueules noires ».

Article réalisé en collaboration avec le Centre Historique Minier

Le bassin minier du Nord-Pas de Calais : 3 siècles d’histoire(s)

Si l’extraction du charbon remonte au Moyen Âge, le développement des mines va connaître son essor en France à partir de la fin du 18e siècle, avec l’arrivée de la révolution industrielle.

Le développement des mines dans le Nord de la France

Dans le Nord, les premières traces de charbon sont détectées en 1734 et la toute première compagnie minière, la Compagnie des mines d’Anzin, est fondée en 1757 mais c’est surtout dans la deuxième moitié du 19e siècle que les compagnies minières se multiplient après la découverte d’un important gisement de charbon. En moins d’un demi-siècle, le Nord-Pas-de-Calais devient le plus grand Bassin minier de France.

Quelques chiffres

  • 2 milliards de tonnes de charbon seront extraites du bassin minier du Nord-Pas de Calais, soit 30 millions de tonnes par an en moyenne.
  • 200 000 personnes sont employées en moyenne sur le bassin minier dans l’entre-deux-guerres et après la Seconde Guerre mondiale
  • Le puits le plus profond atteignait 1200 mètres de profondeur

Une exploitation ponctuée de drames

Au début du 20e siècle, les mines de charbon tournent à plein régime et atteignent des records de production. Hélas, cette période est aussi marquée par de terribles catastrophes : les coups de grisou (explosion d’un gaz dans la mine) et coups de poussières sont la hantise des mineurs et provoquent régulièrement des accidents mortels. Le plus grand drame minier d’Europe aura lieu dans la Compagnie des mines de Courrières le 10 mars 1906 avec 1099 morts.

Catastrophe minière de Courrières
Illustration de la catastrophe de Courrières

L’après-guerre et la fin de l’industrie minière en France

Les deux guerres mondiales apportent elles aussi leurs lots de désolation en ravageant le bassin minier. Si bien qu’au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, l’État décide de nationaliser les mines dont le rôle est devenu stratégique pour reconstruire la France.

A partir des années 60, l’exploitation des mines en France devient de moins en moins rentable face à l’importation de charbon en provenance d’autres pays et le développement de nouveaux types d’énergie annonce le déclin de cette industrie. En 1963, un plan gouvernemental prépare la fermeture des mines, la plupart cesseront leur activité dans les années 80. Dans le Nord, l’activité minière prend fin en 1990 et, en France, la dernière mine située en Lorraine fermera ses portes en 2004.

Centre historique minier de Lewarde
L’un des deux chevalements de la fosse Delloye

La fosse Delloye à Lewarde et la création du Centre Historique Minier

C’est au moment de l’âge d’or de l’extraction du charbon que nait la fosse Delloye. Mise en place par la Compagnie des Mines d’Aniche, elle commence son activité en 1931 et fonctionne pendant 40 ans, jusqu’en 1971. Un millier de mineurs y travaillent et en extraient 1 000 tonnes de charbon par jour.

Dès la fin des années 60, alors que les mines commencent à fermer, la direction des Houillères du Bassin du Nord et du Pas de Calais est déjà convaincue de la nécessité de créer un Centre Historique Minier. La volonté est de garder une trace de l’activité minière dans le Nord de la France qui serait, pour les générations futures, un témoignage de cette industrie qui a marqué les hommes et les femmes mais aussi les paysages de la région pendant trois siècles.

La fosse Delloye à Lewarde est choisie en 1973 pour accueillir le Centre Historique Minier. En effet, ses bâtiments sont encore en bon état ; le site est de taille raisonnable ce qui en facilite l’entretien ; la proximité avec Douai et les axes routiers en font un lieu accessible ; par ailleurs la fosse a connu les différentes époques minières, aussi bien le temps des compagnies privées que celui de la nationalisation. Autant d’atouts qui en ont fait le lieu idéal pour y installer le Centre.

Visite du Centre historique minier de Lewarde

Ouvert au public en 1984, le Centre Historique Minier attire les foules dès sa création avec déjà 100 000 visiteurs par an dans les années 1990 et autour de 165 000 ces dernières années. Cette fréquentation témoigne de l’intérêt du public pour cette page de l’histoire dont l’importance a été saluée par l’UNESCO qui a inscrit le Bassin minier du Nord/Pas de Calais sur la liste du patrimoine mondial.


Visite du Centre Historique Minier de Lewarde

Installé sur un site de 8 hectares, le Centre Historique Minier permet de comprendre ce qu’était la vie du mineur grâce à la visite de bâtiments industriels et de lieux de travail authentiques.

Des bâtiments authentiques pour découvrir la vie du mineur

Plusieurs bâtiments se découvrent en visite libre et permettent de voir comment s’organisait la vie du mineur en dehors de la mine. On découvre ainsi les bureaux administratifs où travaillaient l’ingénieur, les géomètres ou encore le comptable ; la salle de bains ; la lampisterie où le mineur récupérait sa lampe avant de descendre à la mine ; mais aussi les lieux de convivialité avec la reconstitution d’un estaminet et d’un logement typique du mineur.

Drôles de pendus

Après la catastrophe de Courrières, un journaliste a surnommé la salle de bains « salle des pendus », un nom qui lui a été inspiré par la vision des affaires du mineur, suspendues en hauteur au bout d’une corde par gain de place et pour éviter qu’elles ne soient mouillées.

Dans cette salle, chaque mineur avait un numéro qui lui était attribué, il lui suffisait de tirer la corde correspondant à son numéro pour faire descendre ses affaires et se changer.

Salle des pendus au Centre historique minier de Lewarde
La salle de bains ou « salle des pendus »

Un espace permanent, également en visite libre, vient compléter ce parcours et permet de comprendre comment se forme le charbon, comment ont évoluées les mines au fil des années et quelles étaient les conditions de vie du mineur (ses droits sociaux, son rythme de vie, ses loisirs…).

Une plongée au cœur de la mine

La partie la plus impressionnante se découvre en visite guidée : équipés d’un casque, on descend pendant une heure au fond d’une mine aménagée. On y découvre le triage où les femmes et les « galibots » (les enfants) triaient le charbon, ainsi que l’ensemble des techniques et des conditions de travail des mineurs, de l’époque de Germinal jusqu’aux années 1990.

C’est indéniablement une visite qui marque les esprits et qui permet d’avoir un aperçu de la difficulté du travail des « gueules noires » comme on surnommait les mineurs.

Pour compléter ces visites, des rencontres-témoignages avec un ancien mineur sont proposées. Ces échanges authentiques donnent naissance à des moments privilégiés où le mineur fait part de son histoire et de ce qu’était son quotidien.

Des expositions temporaires

Autour du parcours permanent, des expositions temporaires sont organisées tout au long de l’année. Actuellement, on peut y voir :

  • Une exposition des photographies de Youry Bilak sur les Mineurs d’Ukraine, présentée jusqu’au 22 septembre 2024.
  • « La conquête de l’Ouest », une exposition sur la découverte du charbon dans le Pas-de-Calais, est à découvrir jusqu’au 11 novembre 2024.

En lien avec les Jeux Olympiques et Paralympiques, l’exposition « La mine, c’est du sport », sera proposée à partir du 1er juin 2024 et jusqu’en mai 2025. Elle montrera toute la vie sportive qui entourait le travail à la mine, souvent encadrée par les compagnies minières qui cherchaient à occuper le temps libre du mineur tout en développant ses capacités physiques.

Le Centre Historique Minier fête ses 40 ans

Ouvert au public en 1984, le Centre Historique Minier souffle cette année sa 40e bougie ! Pour fêter cet anniversaire, deux semaines de festivités sont organisées du 2 au 18 mai 2024 avec des concerts, la diffusion de films, un bal ou encore une ouverture en soirée lors de la Nuit européenne des musées.

Le point d’orgue de ces festivités aura lieu le dimanche 5 mai avec le baptême du Géant du Centre Historique Minier, créé pour les 40 ans, rejoignant ainsi la grande famille des géants du Nord de la France, un folklore encore très vivant.

A table !

Au milieu de votre visite, faites une pause au restaurant Le Briquet accessible à l’intérieur du Centre Historique Minier et qui propose une cuisine locale et maison dans un cadre agréable.

Attention : réservation conseillée surtout en haute saison


En vidéo

Découvrez un aperçu du Centre Historique Minier dans cette vidéo :


Informations pratiques

Adresse :
Centre Historique Minier
Fosse Delloye – Rue d’Erchin
59287 Lewarde

Y aller depuis la gare de Douai
Prendre la ligne de bus A en direction d’Azincourt et descendre à l’arrêt « Place des Vésignons ». Le Cenre Historique Minier se trouve ensuite à une vingtaine de minutes à pied.

Horaires :
Horaires variables selon la saison, consultez le site internet du Centre Historique Minier

Site internet :
www.chm-lewarde.com

Tarifs :
Tarif plein : 13,5 €
Tarif réduit : 7,70 € pour les – de 18 ans, étudiants et personnes handicapées avec leur accompagnateur
Forfait famille (2 adultes et 2 enfants) : 36 €


Article réalisé en collaboration avec le Centre Historique Minier

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