La Monnaie de Paris propose une exposition peu banale : dans Take me I’m yours, tout ce qui est exposé est à emporter ! Une expérience originale qui invite le visiteur à réfléchir aux notions de valeur et de partage.
L’exposition à emporter
Cela semble devenir une habitude, la Monnaie de Paris cherche à se démarquer en proposant des installations qui sortent de l’ordinaire. Après la sulfureuse exposition chocolatée de Paul McCarthy puis l’étrange musée d’art moderne de Marcel Broodthaers, c’est une nouvelle exposition originale qui prend place quai de Conti.
L’exposition Take me I’m yours est sous-titrée “Dispersion à l’amiable” : chaque visiteur peut prendre les œuvres exposées et les emporter. L’objet se transforme en œuvre à partir du moment où vous consentez à l’emporter.
Ce concept n’est pas nouveau, il a été imaginé par Christian Boltanski et Hans Ulrich Obrist en 1995 à la Serpentine Gallery de Londres. Les deux artistes, qui assurent le commissariat de l’exposition de la Monnaie de Paris, se sont entourés de 42 confrères pour monter cette nouvelle version.
A travers ce caractère transmissible de l’œuvre, chaque artiste interpelle le visiteur à sa manière. A titre d’exemple, Yoko Ono vous invite à laisser un petit mot sur un arbre à souhaits ; vous pourrez repartir avec l’un des vêtements laissés par Christian Boltanski ; Roman Ondak vous permet d’échanger un objet contre un autre ; Angelika Markul vous propose de déguster un morceau de fémur en sucre… Les œuvres se créent, se prennent, s’échangent, se consomment voire s’achètent si vous consentez à mettre quelques euros dans des distributeurs signés Fabrice Hyber, Christine Hill et Yoko Ono.
Prenez et donnez-en tous !
La communication autour de l’exposition insiste énormément sur l’aspect “tout est à emporter” où la notion de partage se limite à un don unilatéral. Je regrette que le visiteur ne soit pas prévenu qu’il a la possibilité d’apporter des choses également. Ainsi Jonathan Horowitz vous invite à déposer des objets que les prochains visiteurs pourront emporter, ce qui vous permet de prendre véritablement part au concept de cette exposition.
Mais tout n’est pas perdu si vous n’avez rien à troquer : pour 1 €, un photomaton vous tirera le portrait en double : un exemplaire à emporter avec vous et un autre à laisser dans l’exposition.
Véritable exposition ou vide grenier ?
En déambulant dans la Monnaie de Paris on est en droit de se demander si nous sommes vraiment dans une exposition. Les vieux démons de la société de consommation arrivent vite et le côté culturel peut rapidement laisser place au plaisir d’amasser les petits cadeaux que l’on peut grappiller tout au long des salles. Pourtant, parmi toutes les œuvres que l’on peut emporter, celles qui m’ont le plus intéressé sont celles qui témoignent du passage des précédents visiteurs : il est amusant de se demander qui a laissé ces objets que l’on peut prendre, de même que l’on aimerait savoir qui capturera ceux que l’on dépose. La notion de partage s’est donc révélée très importante pour moi pendant cette visite.
Cette exposition joue clairement plus sur le côté expérientiel que culturel. La réflexion vient davantage une fois rentré chez soi que dans l’exposition, lorsque l’on se demande pourquoi on a pris ces différents objets et l’usage que l’on en fera. L’œuvre n’est donc pas terminée puisqu’elle s’éparpille sans fin, en une dispersion à l’amiable…
Informations pratiques :
Monnaie de Paris
11, Quai de Conti (Paris 6e)
Jusqu’au 8 novembre 2015
Tous les jours, de 11h à 19h
Nocturne le jeudi jusqu’à 22h
Plein tarif : 12 € / Tarif réduit : 8 €
Des personnes ont réagi à cet article
Voir les commentaires Hide commentsJe suis allée y faire un tour, je suis presque entièrement du même avis que toi :). J’ai juste trouvé sympa au final le fait que l’on ne soit pas prévenu à l’avance qu’on peut déposer des choses: personnellement cela m’a permis de me poser la question de « qu’est-ce que j’ai avec moi là maintenant qui ne m’est pas vraiment utile, ou à quoi je ne suis pas attachée? »: et bien pas mal de choses en fait (après c’est peut-être mon côté bordélique^^). Sinon comme tu le dis très bien, la réflexion vient dans un second temps…L’exposition est vraiment très ludique, je me suis laissée emporter puis me suis sentie un peu vide passé la pulsion consommatrice, toute seule chez moi avec mon grand sac d’objets glanés un peu partout…qu’en faire maintenant?