À l’occasion de l’année de la Corée en France, le Musée Cernuschi invite à découvrir la richesse de la scène artistique coréenne, le temps d’une brillante exposition de peinture contemporaine. Y sont réunis des artistes coréens majeurs du XXe siècle ayant tissé des liens étroits avec la France, tout en gardant une grande sensibilité emprunte de leur culture natale.
Loin de chercher l’exhaustivité – plus de 300 artistes ayant séjourné en France -, Séoul Paris Séoul propose une sélection de peintures éminemment qualitative, propre à éveiller la curiosité et l’émotion du visiteur. Présentée dans une scénographie épurée et minimaliste, qui n’en magnifie que plus les œuvres, cette exposition se construit en deux temps forts : une première étape, historique et chronologique, permet au visiteur de replacer la Corée dans son contexte et d’appréhender les parcours et démarches de ses artistes selon le contexte géopolitique national et international. Dans un second temps, l’existence d’une identité plastique coréenne commune entre ces artistes est questionnée.
Il faudra attendre les années 50 pour voir la Corée commencer à se faire une place sur la scène artistique internationale. La fin de la Seconde guerre Mondiale, la Guerre de Corée de 1950 à 1953 puis la partition du pays entrainent l’exil de nombreux artistes vers la France. Plus qu’un refuge, ils viennent s’y former et intégrer les techniques plastiques occidentales.
Les 50’s sont des années d’intense bouillonnement artistique, très agitées avec la guerre de Corée #SeoulParisSeoul pic.twitter.com/Us3t2ZEgI7
— Mllepix (@Mllepix) 25 Novembre 2015
A partir des années 70/80, la démarche change, les artistes ne se rendent plus à Paris avec les mêmes attentes : ils y travaillent ou recherchent l’enrichissement d’une expérience interculturelle, sans en attendre forcément une formation artistique. Or c’est de par leur déracinement qu’ils découvrent leur identité coréenne. Ils s’affranchissent ainsi davantage des codes occidentaux et explorent des méthodes et procédés venant revisiter leur culture d’origine.
Ds les 70/80’s, de nbx artistes coréens viennent s’installer à Paris et y découvrent leur identité #SeoulParisSeoul pic.twitter.com/Pgtte60FJN
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Le cas des femmes dans ces expatriations est tout particulièrement intéressant ; elles ont souvent des parcours atypiques et quelque peu tardifs. Elles quittent en effet la Corée vers 40/50 ans afin d’échapper aux diktats de leur société (la pression sociale est très forte en Corée, le rôle de la femme comme maîtresse de maison étant primordial) et vivre pleinement leur passion, chose impossible en Corée.
Une incise dans l’exposition présente l’importance de l’héritage de la calligraphie, centrale dans l’art d’Extrême-Orient. Que les artistes la pratiquent de manière ancestrale ou la revisitent en lui donnant de nouvelles formes, elle occupe une place prépondérante dans l’art coréen.
Les traits communs de cet art forment justement le cœur de la seconde partie de l’exposition, interrogeant l’existence d’une identité plastique coréenne. Une réponse unique ne peut naturellement être donnée ; malgré des esthétiques communes et des sensibilités proches, les démarches artistiques de cette scène dynamique sont d’une trop grande richesse pour supporter la généralisation.
L’exposition propose malgré tout trois angles d’approche – « Permanences calligraphiques », « L’imagination de la matière » et « A l’unisson du monde » – à travers lesquels des traits communs peuvent être trouvés. Dévoilées avec sensibilité, des œuvres d’une grande finesse s’offrent alors aux yeux du visiteur.
On se laissera guider en promenant le regard sur les volutes des calligraphies dont l’implication corporelle lors de la création est tout aussi importante que le résultat final (la calligraphie coréenne fait intervenir un mouvement de l’épaule plus que du poignet, contrairement à la tradition occidentale ; le mouvement d’écriture en lui-même peut alors être considéré comme une performance artistique).
Le rapport au noir et blanc et à la gestuelle est très important dans l’art coréen #SeoulParisSeoul pic.twitter.com/jVeVV2lmpx
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On s’étonnera des effets de matières atteints par le recours au hanji – papier traditionnel asiatique considéré comme l’un des meilleurs papiers au monde – revisité par les artistes. On s’extasiera de la profondeur des nuances de noir des œuvres travaillées au charbon.
On s’émouvra enfin devant les sublimes tableaux de Bang Hai Ja, qui travaille le hanji et la couleur comme nul autre et offre des œuvres d’une luminosité incroyable. De la lumière née de la lumière, tel est la conclusion poétique de cette exposition, et telle est la démonstration brillante réalisée par cette artiste.
La lumière née de la lumière, la lumière centrale dans l’oeuvre #SeoulParisSeoul pic.twitter.com/aCdTDlis2W
— Mllepix (@Mllepix) 25 Novembre 2015
Informations pratiques :
Jusqu’au 7 février 2015
Musée Cernuschi
7 avenue Vélasquez, Paris 8e
Du mardi au dimanche, de 10h à 18h
Plein tarif : 8 € / Tarif réduit : 6 €
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