Ce ne sont pas les lourds travaux imposés au musée des Beaux-Arts de Nantes qui altèreront le dynamisme de la ville en matière d’expositions ; la preuve par deux, l’une consacrée au peintre français Charles de la Fosse (1636-1716) à la Chapelle de l’Oratoire, l’autre aux collections hollandaises et flamandes des collections du musée au Château de Nantes. Deux expositions qui brillent autant par leur contenu que par leur scénographie, claire et didactique. Car la chapelle de l’Oratoire se trouve à deux pas du Château de Nantes, n’hésitez pas à consacrer une après-midi de mauvais temps à l’une puis à l’autre !
Entre les murs du château des ducs de Bretagne, Flamands & Hollandais (à voir jusqu’au 30 août 2015) présente l’exceptionnelle qualité de la peinture du nord en six sections, répartissant avec simplicité les œuvres selon leur sujet (et suivant ainsi la classification classique des sujets, allant du plus prestigieux au plus trivial) : tableaux religieux, peintures d’histoire, portraits, natures mortes, paysages et peintures de genre. Étrangement, alors qu’on aurait pu reprocher le manque d’audace de cette approche plus que pédagogique, la clarté du propos séduit immédiatement. L’ensemble sonne comme une invitation pure et simple à la contemplation, à la dégustation même, de ces toiles précises et voluptueuses, que les Flamands aimaient à regarder à la loupe le soir, à la lueur d’une chandelle. Comment ne pas sentir la jouissance à peindre dans les grappes de raisins de Osias Beert, dans la collerette alambiquée de François II Pourbus ou dans les minuscules personnage de Jan I Brueghel ? D’un détail à l’autre, de l’éclat d’un regard à la douceur d’une étoffe, la peinture flamande et hollandaise dévoile un appétit sensuel pour la matière, pour sa retranscription fidèle et délicate.
Quittez le château, montez les escaliers, passez sous les arbres et vous voici déjà devant la Chapelle de l’Oratoire qui présente l’œuvre peint et dessiné de Charles de la Fosse (jusqu’au 30 septembre 2015). Consacrée aux « amours des dieux », l’exposition n’est qu’emportement, joues empourprées, poses alanguies et chairs nacrées. Charles de la Fosse n’étant pas le plus cynique des peintres du XVIIème siècle, il a peint les divinités grecques avec l’humanité d’un homme amoureux, a poudré de sucre et d’or les élans de Vénus et représenté les attentes féminines dans des couchers de soleil brûlants. En représentant les épisodes de la mythologie grecque comme des histoires humaines, émouvantes, Charles de la Fosse en donne une vision moderne et se fait conteur contemporain des plus fascinantes destinées mythologiques.
Emportés dans ce tourbillon d’amours et d’herbe fraîche où reposent les déesses charmantes, gardez votre bonne humeur, sortez de la chapelle, faites quelques pas dans la rue longeant le musée des Beaux-Arts en pleins travaux, et vous tomberez sur le divin jardin des plantes de Nantes, qui accueille pour l’été une exposition végétale de Claude Ponti : le dessinateur voit ses personnages mythiques sculptés dans des massifs de plantes et de fleurs. Une grosse bête qui dort dans l’herbe vous invitera à une sieste au soleil, vous donnant ainsi l’occasion de réfléchir à votre parcours artistique de la journée… Avant de filer manger des biscuits nantais !
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