Le tableau Metropolis de George Grosz n’est pas très connu et pourtant c’est une toile à l’histoire passionnante . Elle est le témoin à la fois de la transformation des villes au début du XXe siècle mais aussi du cataclysme de la Première Guerre Mondiale. Découvrons ce tableau (d)étonnant.
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Dans quel contexte George Grosz a-t-il peint cette toile ?
Au début du XXe siècle, de nombreux peintres sont fascinés par la transformation des villes en de vastes métropoles mais si la plupart des artistes en font une interprétation optimiste, George Grosz quant à lui ne porte pas du tout le même regard.
En effet, George Grosz a fortement été influencé par le contexte historique au moment où il a peint cette toile. Après avoir fréquenté l’Académie de Dresde, il revient à Berlin en 1912 au coeur de la Belle Epoque. La Première Guerre Mondiale n’a pas encore éclatée mais la paix est armée et les progrès techniques développent une foi aveugle en la science. Grosz se retrouve dans une société qu’il perçoit comme égoïste et repliée sur elle-même.
Lorsque la guerre éclate, il s’enrôle dans l’armée avant d’être réformé pour raisons de santé.
« La guerre était pour moi l’horreur, la mutilation et l’anéantissement. »
Au moment où il peint Metropolis, entre 1916 et 1917, Berlin est une ville de cauchemar. Des récoltes catastrophiques de pommes de terre obligent la population à suivre un fort rationnement, on appellera cette période « l’hiver des navets » puisque ce légume deviendra l’aliment de base.
Que représente Métropolis ?
La scène du tableau prend place à Berlin, comme en témoigne l’hôtel Atlantic, établissement central de la capitale allemande. Dans un style cubiste et futuriste, George Grosz y représente une foule déshumanisée, prisonnière d’un mode de vie infernal. Cette situation est exagérée au moyen de lignes de fuite très fortes qui forment deux diagonales de part et d’autre de l’immeuble, et par ce rouge irréel émanant d’un soleil brulant.
Dans cette peinture, la mort est omniprésente. On peut y voir notamment un attelage macabre conduit par un squelette, ainsi qu’un personnage semblant venu de l’au-delà qui recouvre les vivants d’un linceul.
Cependant, la toile n’est pas dépourvue d’espoir. Sur la façade de l’hôtel une étoile filante donne un peu de magie et d’optimisme. Dans le coin supérieur gauche, on peut aussi voir un drapeau américain, symbole d’évasion. L’artiste – qui a américanisé son nom en le faisant passer de Georg Groß en George Grosz, y immigrera au début des années 1930 lorsque Hitler arrivera au pouvoir.
Où peut-on voir ce tableau ?
Dans les années 1920, Metropolis est acheté par un musée allemand avant d’être présenté comme de « l’art dégénéré » dans une exposition portée par le régime Nazi. La toile sera finalement vendue par le troisième Reich pour financer son programme de réarmement. L’œuvre passe alors de mains en mains avant d’atterrir dans une galerie new-yorkaise où George Grosz lui-même rachètera sa toile.
Aujourd’hui, elle fait partie des collections du très beau musée Thyssen-Bornemisza de Madrid.
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Voir les commentaires Hide commentsUn musée (éphémère pour 5 ans) est désormais dédié à George Grosz depuis ce 14 mai 2022. Les expositions se succèderont dans un lieu atypique.
J\’ai adoré
https://www.daskleinegroszmuseum.berlin