Ce qui fait le charme de Lyon ce sont les pralines, les traboules et… le musée d’art contemporain, le « macLYON » pour les intimes. Eh oui ! Je classe ce musée au même niveau que les pralines, c’est dire le coup de cœur que j’ai eu pour cet étonnant lieu culturel.
Ce qui frappe dans ce musée, c’est son ouverture. Une ouverture vers le public, vers les artistes locaux et internationaux mais aussi sur les questions de société puisque le macLYON n’hésite pas à mettre à l’honneur des œuvres porteuses de messages forts.
En ce début d’année 2022, ce sont ainsi quatre nouvelles expositions qui vous attendent, jusqu’au 10 juillet, vous invitant à changer votre regard sur différents sujets. Tour d’horizon de ce que vous pourrez y découvrir…
Article réalisé en collaboration commerciale avec le macLYON
Sommaire
Entrez dans l’arène de Mary Sibande
Comment ne pas être happé, voire hypnotisé par cette œuvre magistrale ? Mary Sibande nous invite à entrer dans une arène où des chiens rouges, enragés, nous entourent. Notre seule échappatoire : une femme entièrement vêtue de rouge et une voix, celle de l’artiste, qui nous alerte sur la montée de la violence en Afrique du Sud. Cette œuvre fabuleuse, « La ventriloque rouge », est un théâtre de la violence où l’artiste prête sa voix à ceux qui n’en ont pas. Pourquoi ce rouge ? Et que fait vraiment ce ventriloque ? Pour comprendre cette œuvre, il faut connaître l’histoire de Mary Sibande et de son pays.
Ces dernières années, l’Afrique du Sud a été le théâtre de nombreuses scènes de violence car malgré la fin de l’apartheid, la population noire reste dans une forme de précarité. Une discrimination sociale et économique existe toujours dans ce pays où le revenu annuel moyen des familles noires n’atteint pas 6 500 euros lorsqu’il dépasse les 30 000 euros pour les familles blanches. De ces inégalités sont nées de nombreuses révoltes qui ont profondément marqué l’artiste.
Depuis plusieurs années, Mary Sibande projette dans son art son expérience de femme sud-africaine noire en créant un personnage, « Sophie », qui évolue au fil de ses œuvres. Dans ses premières créations, Sophie était habillée d’un vêtement bleu typique de celui que portaient les employées en Afrique du Sud. Puis, au fil du temps, Sophie est devenue une femme-prêtresse désormais vêtue de rouge.
Les histoires de Sophie sont intimement liées aux histoires que les femmes de ma famille m’ont racontées quand j’étais enfant, mais elles vont bien au-delà. (…) Le bien le plus précieux de Sophie réside dans sa capacité d’imagination. (…) La plupart de ces situations décrivent une femme triomphant des stéréotypes qui sont généralement prêtés aux femmes noires, qui nous collent à la peau depuis des siècles. – Mary Sibande
Pour cette œuvre, Mary Sibande s’est inspirée d’une expression sud-africaine qui associe la colère à un chien rouge. Une couleur synonyme de frustration et de rage. Ce sont ces chiens que l’on retrouve dans l’arène et qui prennent forme à mesure que l’injustice grandit.
Au milieu, le personnage de Sophie – moulé sur le corps de l’artiste – dessine un chien avec ses mains par un jeu d’ombres chinoises et tente d’expliquer aux enragés comment canaliser leur colère. La ventriloque rouge est une oeuvre puissante qui ne peut que nous interpeler. Un coup de coeur.
Il faut souligner aussi le remarquable travail des équipes du macLYON qui ont donné corps à l’arène et à la robe somptueuse de la ventriloque.
Little odyssée, l’exposition pour petits (et grands !) enfants
Avez-vous déjà remarqué que les enfants doivent toujours se hisser sur la pointe des pieds pour bien voir les œuvres dans les musées ? Et si, pour une fois, c’était aux adultes de faire un effort ? Voici le parti pris de cette exposition qui met les œuvres à hauteur d’enfants. Mais attention ce n’est pas parce que cet accrochage est dédié au jeune public qu’il présente des « sous-œuvres » ou qu’il ne peut pas intéresser les adultes ! Bien au contraire : les grands enfants sont aussi les bienvenus et apprécieront sans doute les cartels très didactiques qui permettent à tous les publics de comprendre des œuvres d’art contemporain aux messages parfois difficiles à saisir si on ne prend pas la peine de s’y intéresser.
Les œuvres choisies dans cette exposition sont une invitation à l’éveil des sens. Vous y découvrirez des œuvres très colorées et même, parfois, interactives. Mes coups de cœur : les créations d’Erwin Wurm adaptées tout spécialement pour être à la taille des enfants, qui invitent les visiteurs à jouer dans le musée ; l’arrangement de Ange Leccia qui nous fait voyager avec une multitude de globes terrestres ; ou encore les petits paysages de la taille d’une boîte d’allumettes peints par Numa Droz qui forcent les adultes à se pencher pour les admirer : une vraie revanche pour les enfants !
Et si vous vous sentez l’âme d’un artiste, « L’espace Odyssée » vous invite à utiliser les crayons mis à votre disposition pour créer votre plus belle œuvre !
Le théâtre de David Posth-Kohler en lien avec l’œuvre de Bruce Nauman
Le macLYON organise régulièrement des « Crossover » : il s’agit d’inviter un artiste émergent à réagir à une œuvre de la collection. Pour ce nouveau regard croisé c’est David Posth-Kohler qui a choisi de confronter son travail à l’œuvre de Bruce Nauman.
David Posth-Kohler a grandi dans le milieu du cirque et de la magie « Ma mère se faisait découper en trois dans des boites et je nourrissais des colombes qui disparaissaient dans des chapeaux » – confie-t-il avec amusement ! Une expérience qui lui a fait voir le monde comme un théâtre social et qui l’a beaucoup influencé dans son art. David Posth-Kohler s’intéresse ainsi tout particulièrement à la question du corps et à la mise en scène.
Dans son installation imaginée pour le macLYON, il crée des cloches en forme de visages qui sonnent comme au début d’une pièce de théâtre pour nous avertir que la pièce – dont nous sommes acteurs – va bientôt commencer. Et au milieu, une boite où un moulage de la tête de l’artiste se trouve. Une création en écho avec Bruce Naumann qui réalisait lui-aussi des moulages de son visage et dont vous pourrez découvrir des vidéos où il se mettait en scène dans des performances filmées.
Thameur Mejri ou un regard critique sur la société contemporaine
C’est la première fois qu’un musée français consacre une exposition à Thameur Mejri, artiste tunisien né en 1982 qui a été considérablement influencé par le contexte politique de son pays.
Bien que la Tunisie soit l’un des premiers pays où le printemps arabe a eu lieu, la stabilisation politique se fait cependant attendre. Thameur Mejri fait partie d’une génération qui a grandi dans un environnement de dictature et de surveillance et qui tente désormais de s’émanciper des pouvoirs en place (que ce soit la société, la famille ou encore la religion).
Dans ses toiles et dessins, il juxtapose des corps avec des objets et pictogrammes issus de la culture populaire. Luttant ou fusionnant avec cette étrange iconographie, les corps deviennent des êtres hybrides en mutation, comme s’ils cherchaient à s’émanciper de la doxa qui les entoure.
Cette accumulation d’objets, tantôt drôles, tantôt inquiétants, montre aussi les limites du corps humain et la relation de dépendance que nous avons avec ceux qui détiennent les moyens de production.
Découvrir Lyon le temps d’un weekend
Si vous allez visiter le macLYON, profitez-en pour passer quelques jours dans la ville et découvrir les nombreuses surprises que Lyon vous réserve !
Pour vous aider à préparer votre séjour, voici un guide de voyage pour un citytrip culturel à Lyon :
Informations pratiques
Adresse :
macLYON
Cité Internationale
81 quai Charles de Gaulle
69006 Lyon
Horaires :
Jusqu’au 10 juillet 2022
Du mercredi au dimanche, de 11h à 18h
Site internet :
https://www.mac-lyon.com/fr
Tarifs :
Plein tarif : 8 € – 6 € jusqu’en avril 2022 (musée ouvert partiellement)
Tarif réduit : 4 € – 3 € jusqu’en avril 2022
Gratuit pour les moins de 18 ans et les personnes non imposables
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Article réalisé en partenariat avec le macLYON
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