On aurait vite fait de passer devant ce chef-d’œuvre exceptionnel du département des Antiquités orientales sans le remarquer. Bien connu des initiés, ce minuscule pendentif en or (1,4cm de haut pour 1,5 cm de large !) résulte d’une véritable prouesse technique. Réalisé entre 3300 et 3100 avant notre ère, à l’époque dite de l’Uruk récent, il provient de la région de Suse au Sud-Ouest de l’Iran actuel.
Voici quelques raisons de délaisser un peu la Joconde pour aller lui rendre une petite visite :
Un tour au département des Antiquités orientales
Il permet de découvrir le passionnant, riche, et dépaysant département des Antiquités orientales : la reconstitution de la cour du palais de Khorsabad avec ses taureaux ailés à tête humaine de plus de 4m de haut vaut le détour, ainsi que plein d’autres œuvres !
Un chef d’œuvre de métallurgie
Il est l’un des premiers témoignages d’orfèvrerie (on travaillait surtout le plomb, le cuivre et l’argent jusqu’alors).
La finesse du travail réalisé sur cette œuvre d’un réalisme impressionnant au regard de sa taille est aussi l’occasion d’un petit cours sur la métallurgie : ce pendentif regroupe à lui seul toutes les techniques connues à l’époque ! Je n’en citerai que deux, les plus remarquables :
- la fonte à la cire perdue, celle qui a permis de donner sa forme générale au chien. Le principe est assez simple : on réalise un modèle en cire du chien (avec un noyau d’argile en son centre) puis on confectionne un moule en argile par-dessus, dans lequel on ménage de petits trous appelés évents. On fait cuire ce moule pour le solidifier, et la chaleur fait fondre la cire qui s’échappe alors par les évents. Le métal en fusion est ensuite coulé dans la place ainsi laissée libre, puis le moule est cassé après son refroidissement, libérant la pièce qui a généralement besoin d’être polie et retravaillée légèrement.
- la soudure, grande avancée technique dans le domaine de la métallurgie, dont il est le premier témoignage connu. Elle a permis de mettre la bélière (petit anneau de suspension) sur le dos du chien. Il s’agit de fixer l’anneau avec un alliage de cuivre et d’or: la présence du cuivre, qui a pour caractéristique de fondre à une température moins élevée que l’or, a permis d’ajouter cette partie sans faire fondre l’ensemble.
Des chiens et des hommes au IVème millénaire avant notre ère
Enfin le collier ciselé autour du cou de l’animal nous rappelle le rôle essentiel joué par les chiens dans les sociétés pastorales du IVème millénaire avant notre ère. Si la domestication du plus fidèle ami de l’homme a commencé avant même le néolithique, la société de Suse leur accordait une place toute particulière dans son art. Ici nous avons sans doute plus affaire à un petit chien de compagnie, reconnaissable à son corps trapu et à sa petite queue recourbée, qu’à un gardien de troupeau ou à un chasseur : des lévriers à la silhouette élancée étaient utilisés pour ces tâches.
Pour le trouver dans le dédale des salles, voici quelques indications : une fois dans le département des Antiquités Orientales, cherchez la salle 7 réservée à l’Iran aux Ve, IVe, et début du IIIe millénaire avant notre ère. Il se trouve dans la vitrine n°3.
Des personnes ont réagi à cet article
Voir les commentaires Hide commentsMerci pour la découverte, j’ai pourtant arpenté la section maintes fois mais sans le voir !
De rien, contente que mon article ait été utile :)! Oui il est tellement minuscule qu’on ne le remarque pas du tout, c’est dommage d’ailleurs qu’il ne soit pas plus mis en valeur!
Tiens, c’est l’objet du jour sur le compte Twitter du Louvre… cause ou effet ? 😉
Ils ont peut-être entendu mon appel à la mise en valeur ^^
C’est marrant, ils ont publié leur objet du jour 30 minutes avant que l’on partage cet article sur Twitter. Les grands esprits se rencontrent ! 😉