En 1929, la bourse de New York s’effondre, marquant le début de la Grande Dépression et entraînant les Etats-Unis dans la plus grande crise économique du XXe siècle. L’explosion du chômage et de la pauvreté plongent le pays dans une situation dramatique. Une génération entière, privée d’emploi et de dignité, remet en question sa foi dans le progrès américain. Les peintres n’échappent pas à ces questionnements et traduisent dans leurs toiles l’ambiance anxiogène de l’époque.
La peinture américaine des années 1930 a vu l’émergence d’artistes aujourd’hui considérés parmi les plus grands du XXe siècle. L’exposition proposée jusqu’au 30 janvier 2017 au musée de l’Orangerie dresse le portrait de cette décennie tourmentée et de ses conséquences sur l’Art.
“The Age of Anxiety”
L’exposition présente des œuvres majeures des années 1930, provenant, pour un quart, de l’Art Institute de Chicago. Classées par thématiques, ces toiles montrent les différentes facettes de la société américaine de cette décennie.
Le monde du travail est bien entendu l’objet de tous les regards : de l’industrie qui conserve une forme de fascination, au retour à la terre qui offre une image rassurante (en témoigne le célèbre American Gothic de Grant Wood), en passant par les travailleurs comme les dockers de Saint-Louis – représentés par Joe Jones – ou les ouvriers agricoles qui vivent des situations difficiles.
Paradoxalement, le désir de divertissements prend de plus en plus de place pour pallier les difficultés de la vie quotidienne. La musique, la danse, la fête et le cinéma se traduisent à leur tour dans la peinture. Pourtant, cette ville spectacle n’a de joyeux que sa surface. La solitude et l’angoisse restent toujours présentes, ce que souligne Edward Hopper dans son tableau New York Movie représentant une jeune femme plongée dans ses pensées en marge d’un spectacle.
Face à ce marasme, on se tourne vers le passé pour retrouver son identité et une forme de fierté. Les œuvres historiques sont alors nombreuses, que ce soit pour se souvenir de la guerre d’indépendance ou des premiers colons mais aussi pour évoquer des périodes troubles comme l’esclavagisme.
Pourtant, la frivolité de la ville spectacle et le renforcement du sentiment patriotique ne parviennent pas à combler l’anxiété qui jaillit de la récession, de la pauvreté et de la guerre. Les autoportraits sont torturés et les toiles montrent une vision de cauchemars en écho aux drames qui secouent les Etats-Unis autant que l’Europe et auxquels les peintres ne sont pas insensibles.
Vers un art moderne
En 1941, avec l’entrée des Etats-Unis dans le conflit mondial et l’effort de guerre mis en place, l’Amérique renoue avec une période de forte croissance économique qui met fin à la Grande Dépression.
La peinture américaine des années 1940, représentée brièvement dans l’exposition par Hopper et Pollock, prend des chemins parfois différents : un réalisme froid chez le premier face à une forme d’abstraction chez le second. Pourtant, ces deux styles portent une forme d’intériorité, des pensées intimes et des interrogations nourries tout au long des années 30 et qui seront le terreau de l’art moderne américain.
L’Amérique des années 1930 est certes une période trouble mais qui s’avère aussi cruciale pour comprendre l’histoire – et l’histoire de l’Art – des Etats-Unis du XXe siècle. L’exposition du musée de l’Orangerie, bien que courte, a le mérite d’être claire et de présenter des œuvres majeures de cette époque. On notera notamment la présence exceptionnelle du célèbre tableau American Gothic de Grant Wood qui quitte pour la première fois l’Amérique du Nord.
Cette exposition sera ensuite présentée à la Royal Academy of Arts de Londres du 25 février au 4 juin 2017.
Informations pratiques :
Musée de l’Orangerie
Jardin des Tuileries, Paris 1er
Exposition présentée jusqu’au 30 janvier 2017
Tous les jours, sauf le mardi, de 9h à 18h
Plein tarif : 9 € / Tarif réduit : 6,5 €
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