Résumé (quatrième de couverture) :
Je suis Caïn, le premier assassin de l’histoire : par jalousie, j’ai tué Abel, mon frère. Pour me punir, Dieu m’a condamné à l’errance. J’ai traversé les temps bibliques et assisté aux plus ignobles des événements : le brasier de Sodome, la colère de Moïse, les massacres de Jéricho, les souffrances de Job. Aujourd’hui, j’embarque dans l’arche de Noé pour mettre fin aux agissements de ce Dieu cruel et corrompu !
Avis :
Après Les intermittences de la mort et L’aveuglement, je continue donc mon exploration de l’œuvre de Saramago. Caïn est son dernier roman puisque l’écrivain est décédé en 2010. Je ne peux m’empêcher de me demander si c’est un simple hasard que Saramago ait attendu son dernier roman pour régler ses comptes avec Dieu ? Voyant la mort approcher, a-t-il décidé d’affronter le Seigneur pour préparer une éventuelle rencontre dans l’au-delà… Who knows ?!
Pour être honnête avec vous, je ne suis pas très porté sur la religion. Ma connaissance de la bible est plutôt limitée et se résume – presque – à Ezekiel 25-17 que l’on retrouve dans Pulp Fiction « Et tu comprendras pourquoi mon nom est l’Eternel quand s’abattra sur toi la vengeance du tout puissant » – toujours bien à sortir en soirée ! D’ailleurs cette phrase correspond plutôt bien à l’ambiance de ce livre car Saramago nous y dépeint un Dieu particulièrement violent et sanguinaire (cf. extrait ci-dessous). Nul besoin d’être un expert en théologie pour comprendre pourquoi Caïn a autant choqué la communauté chrétienne !
Je ne sais pas si c’est dû à mon côté agnostique mais je n’ai pas trop accroché à Caïn. Si les autres livres de Saramago forment une histoire prenante, ici on a plutôt différents tableaux qui se suivent sans respecter de chronologie ce qui est un peu déroutant. En outre, l’écrivain se permet beaucoup de libertés avec la bible alors il est difficile pour un ignorant comme moi de savoir ce qui est vrai ou inventé. Toujours est-il que sa vision de Dieu, bien que très sombre, n’est pas totalement absurde et je pense qu’il met le doigt sur la critique qui revient le plus souvent à l’égard des religions en général : comment croire que Dieu est bon, voire même que Dieu existe, au regard des massacres qui ont eu lieu dans l’histoire ?
Ceci me rappelle d’ailleurs un passage du film Les invasions barbares où Denys Arcand explique que l’histoire de l’humanité est une histoire d’horreur. Malheureusement l’extrait ci-dessous n’est pas complet, à la fin, la Sœur à laquelle il s’adresse lui répond que si l’histoire a été aussi cruelle qu’il le dit, peut-être que Dieu existe pour nous pardonner et pour rétablir l’équilibre. Saramago n’a pas fait preuve d’autant de mansuétude puisqu’après avoir longuement critiqué l’œuvre du Seigneur, il profite de son statut d’écrivain / maître de son livre (sa façon à lui de revêtir le rôle du Tout Puissant) pour aller jusqu’à ruiner les plans de Dieu et mettre fin à l’humanité.
En bref, ce n’est pas une lecture inintéressante si vous êtes ouvert à la critique concernant la religion. Cependant, pour des lectures plus légères et agréables, je vous conseille plutôt de commencer votre découverte de Saramago par les deux autres livres déjà présentés sur ce blog.
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Extrait :
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Note :
Edition originale 2009, traduit en français en 2011 par Geneviève Leibrick
181 pages – ISBN : 978-2-7578-2661-4
José Saramago (1922 – 2010) – Portugais – Prix Nobel de littérature en 1998
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