Si vous n’avez pas encore eu l’occasion d’aller au FRAC Franche-Comté (Fonds régional d’art contemporain de Franche Comté), c’est le moment de se rendre à Besançon pour découvrir ses nouvelles expositions sur les thèmes du récit, de la narration, du langage.
Le Frac de Franche-Comté est installé depuis 2013 dans la Cité des Arts à Besançon, dans les bâtiments de l’architecte japonais Kengo Kuma : tout de verre, d’aluminium, et de bois, ils forment de grands espaces d’expositions à la fois lumineux, épurés et chaleureux, dans lesquels les œuvres peuvent prendre toute leur place.
Vous pourrez y découvrir quatre expositions jusqu’au dimanche 8 mai :
- Une exposition collective, « Légende »
- Acquisitions récentes
- Susan Hiller/ the last silent movie
- Morgane Vié/ contempler la noix de coco
L’ensemble de ces expositions s’organise autour du thème du langage.
Légende
L’exposition « Légende », foisonnante, est un peu difficile d’accès pour le non-initié à qui une partie des références reste obscure. Cependant le livret distribué à l’entrée de l’exposition, sert de guide et permet d’approfondir et de mieux cerner le propos. Idée originale, il fait également office de catalogue d’exposition, permettant ainsi à chacun de repartir avec un contenu substantiel. Laurent Buffet, commissaire invité, explore à travers cette exposition la question de la narration à partir d’une sélection d’œuvres datant des années 1960 à nos jours.
Ces œuvres sont d’une grande diversité : certaines reposent sur des performances, comme l’œuvre biographique de Nicolas Coche qui est en création durant le temps même de l’exposition. Une table recueille les traces des performances dirigées par l’artiste : une fois par semaine un acteur au téléphone avec Nicolas Coche accomplit simultanément les actions effectués par celui-ci dans sa maison, tandis qu’une scripte les retranscrit sur le papier. Un document biographique s’écrit ainsi au fil du temps devant les visiteurs. D’autres font preuve d’un sens du décalage et de l’humour certain, comme l’accrochage d’une rétrospective imaginaire du travail de l’artiste Hubert Renard dans une petite pièce indépendante : des œuvres de cet artiste mystérieux ne sont visibles que des cartels détaillés qui engagent un jeu avec l’imagination du spectateur. D’autres encore impressionnent par leur caractère démesuré, comme le récit écrit sur un mur par Jean-Christophe Norman, « Grand Mekong Hotel (2011-2016) » qui relate une performance de l’artiste qui a tracé en bateau sur les eaux du Mékong le plan de l’appartement de Marguerite Duras à Paris.
Acquisitions récentes du FRAC Franche-Comté
Des acquisitions récentes, l’œuvre qui a le plus fasciné lors de la visite est peut-être celle de Marie Velardi, Futurs antérieurs, XXIe siècle : cette frise chronologique déroule une histoire imaginaire du XXIème siècle et avance dans le futur à travers des descriptions courtes tirées de récits de science-fiction.
On peut ainsi lire qu’en 2002 « Des jardins collectifs sont cultivés sur Mars. Deux heures de pluie sont suffisantes pour que les graines germent et pour que des arbres immenses grandissent en une nuit, apportant de l’oxygène aux vallées martiennes. De la nourriture congelée est importée depuis la Terre dans des conteneurs volants. Depuis Février 2002, une douzaine de petites villes se sont développées.», ou encore qu’au « Début du XXIème siècle : il n’y a plus de prison car il n’y a plus de motif pour le crime, celui-ci a disparu. Voici la solution : on a confié toutes les richesses à la nation et il est garanti pour chacun une large satisfaction des besoins […] ».
Cette œuvre questionne notre vision de l’avenir. C’est dans cette optique que l’artiste a confié envisager de la continuer dans les prochaines années : elle se concentrerait alors principalement sur les fictions optimistes pour participer à la création d’un imaginaire positif de l’avenir.
« Contempler la noix de Coco »
L’exposition de Morgane Vié, « Contempler la noix de Coco », s’intéresse à la photographie populaire. Une ambiance intimiste se dégage des œuvres de cette jeune artiste diplômée de l’école des Beaux-Arts de Besançon: une série de portraits de la jeune artiste pris dans différents pays, et réalisés par des photographes professionnels auxquels elle a laissé carte blanche, interrogent les normes esthétiques et le rapport de l’être à l’image, tandis qu’un écran ouvert sur skype permet aux visiteurs d’observer et même de dialoguer avec certains de ses amis à l’autre bout du monde. D’anciennes cartes postales et photographies dont le dos nous est révélé achèvent de nous plonger dans son univers nomade et délicat.
The last silent movie
The last silent movie, de Susan Hiller, dégage pour sa part un parfum de nostalgie, puisqu’elle est l’occasion de découvrir les courbes sonores des langages en voie de disparition à travers vingt-quatre estampes et un film. Devant un écran noir sur lequel apparaissent en lettres blanches les noms des langues, on se régale de sons inusités. L’étonnement culmine avec le silbo, une langue entièrement sifflée qui permettait aux peuples montagnards de communiquer sur de grandes distances.
Le FRAC de Franche-Comté propose avec cette programmation riche et diverse un ensemble qui reste d’une grande cohérence grâce à un regard artistique enjoué et dynamique. Il semble qu’à Besançon, l’art contemporain nous déconcerte avec finesse, humour, et non sans bienveillance.
Informations pratiques :
Frac franche-comté
Cité des arts – 2 passages des arts, 25000 Besançon
03 81 87 87 40
Ouverture au public
14h – 18h du mercredi au vendredi
14h – 19h samedi et dimanche
Fermeture
le 1er mai, les 24, 25 et 31 décembre,
le 1er janvier
Tarifs: 4 euros tarif plein, 2 euros tarif réduit.
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