Lorsqu’un enfant collectionne les petits morceaux de rien, les colle, les sculpte et les assemble ; on appelle ça un enfant qui joue. Lorsqu’un adulte fait la même chose ; on appelle ça un artiste.
Difficile de décider à quelle catégorie appartient David de Tscharner. Quand il vous parle, il ne peut s’empêcher de trifouiller dans ses poches. Il y malaxe sans y penser quelque petit objet insignifiant glané sur un trottoir, à proximité du Frac, où il expose sa Fantasmagorie. Insignifiant, vraiment ? Comme tous les enfants, David de Tscharner entassait dans un coffre-au-trésor, une boite-à-malice, les coquillages, papiers brillants, et autres trouvailles que la vie lui offrait. Il n’a simplement jamais cessé de le faire.
Il y a du rêve et de l’enfance, de la simplicité et le jeu du hasard dans la Fantasmagorie qu’il nous offre. Ses petites sculptures, il les enferme dans de mystérieuses boites et les projette à travers un objectif sur les murs blancs de la salle. Les images obtenues sont-elles grossies ou déformées par le procédé ? Il est le seul à le savoir. Cette technique, empruntée aux scientifiques néerlandais du 17e siècle, s’appelle « la lanterne magique » et servait à l’époque à mettre en mouvement tout un petit théâtre d’ombres effrayantes.
Dans la pénombre, la lumière blanche éclaire comme d’anciennes diapositives ces petites natures mortes – autre spécialité des Pays-Bas du 17e siècle que les britanniques, moins définitifs, on appelées still lives. David de Tscharner ne fait que prolonger la connivence déjà bien établie à l’époque entre scientifiques et artistes. Le rôle de l’image est d’illustrer la théorie, de donner à connaître, d’expliciter le fonctionnement de la Nature, qu’elle soit l’œuvre de Dieu ou du hasard. David de Tscharner met sous nos yeux les restes du quotidien comme Willem Claesz décortiquait les fruits, dévoilait les mécanismes des montres à gousset et renversait les verres : l’artiste dissèque les objets comme on dissèque les corps, au nom de la science. Chacun, à sa manière, obtient un résultat d’une précision photographique, né de l’utilisation de la camara oscura.
Pour prolonger le plaisir, allez découvrir vous-même la Fantasmagorie au FRAC des Pays de la Loire et/ou plongez vous dans le livre de Svetlana Alpers, L’art de dépeindre.
Informations pratiques :
FRAC des Pays de la Loire
Boulevard Ampère, 44470 Carquefou
Jusqu’au 4 janvier 2015
Du mercredi au dimanche, de 14h à 18h
Visite commentée le dimanche à 16h
Entrée libre
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