À Nantes, ville tournée vers l’océan, le Musée d’arts propose une échappée fascinante dans l’âge d’or des géants des mers avec l’exposition « Paquebots 1913-1942, une esthétique transatlantique ».
Cette exposition explore l’influence des paquebots sur l’art et le design de la première moitié du 20e siècle. Objet moderniste à la fois immense à quai mais microscopique sur les océans, les paquebots ont fasciné les avant-gardes et influencé tous les arts, de la littérature à l’architecture en passant par les affiches, la photographie, la peinture ou encore la mode.
Laissez-vous emporter par cette traversée artistique ! Larguez les amarres, fermez les écoutilles : zoom sur cette nouvelle exposition à découvrir jusqu’au 23 février 2025…
Article réalisé en collaboration avec le Musée d’arts de Nantes
Le paquebot, un objet moderniste
Il y a un peu plus de 110 ans, en 1913, l’Amérique regardait vers l’Europe : l’exposition Armory Show ouvrait ses portes et initiait les Etats-Unis à l’avant-garde.
Parmi les sources d’inspiration des artistes de cette époque il y a le paquebot. Objet moderniste par excellence avec ses chantiers impressionnants, ses grandes cheminées et ses proportions hors normes qui en font un immeuble flottant, le paquebot fascine tous les milieux artistiques.
Pour les pays européens, les paquebots représentent la puissance de leur nation. Le Queen Mary de la Grande-Bretagne (1934), l’Europa de l’Allemagne (1928), le Rex de l’Italie ou encore le Normandie de la France (1935) se livrent une course continue pour décrocher le « Ruban Bleu » qui récompense la traversée la plus rapide de l’Atlantique-Nord.
Pour valoriser les prouesses de ces géants des mers, les affiches, publicités et magazines se multiplient à l’image des créations signées Cassandre, Paul Colin et Jean Auvigné. Avec la révolution photographique, de nombreux clichés apparaissent aussi pour présenter les épopées des nouveaux paquebots.
Mais l’influence des paquebots ne s’arrête pas là : les décorateurs et architectes s’inspirent à leur tour des silhouettes puissantes et aérodynamiques de ces géants des mers. Robert Mallet-Stevens, Eileen Gray ou encore Le Corbusier voient dans les paquebots un renouveau de l’esthétisme architectural.
Les peintres, affichistes et cinéastes s’emparent également de ces grandes machines, témoins d’un nouveau monde industriel.
L’expérience du voyage
Les paquebots incarnent un paradoxe : à quai ils sont immenses et impressionnants tandis que sur les flots ils apparaissent minuscules et frêles. A bord, tout est fait pour protéger le passager de la conscience de cette fragilité : on reprend les codes du palace en faisant des paquebots un objet luxueux, notamment en première classe.
Les compagnies françaises font du paquebot un symbole de l’art de vivre, vantant le confort, la tradition culinaire et le luxe de ses décors. Véritables vitrines flottantes, les salons et suites de première classe sont décorés par les plus grands artistes de l’époque (Dupas, Dunand…) et servent à mettre en avant les plus belles créations du moment. Les décors du Normandie ont ainsi fait l’objet de répliques miniatures qui ont été acquises par des passagers fortunés.
A bord, les passagers se voient proposer de nombreuses activités pour tromper l’ennui. Les ponts deviennent des terrains de jeux en tous genres : tennis, courses et même tir au pigeon !
Dans les années 1920-1930, le paquebot devient un laboratoire de la vie moderne où l’on prend plaisir à profiter du soleil, à pratiquer du sport. On adopte des tenues révolutionnaires pour l’époque : maillots de bain, pyjamas, shorts… tandis que les dîners sont propices au port de tenues confectionnées par les plus grandes maisons de haute couture. La vie à bord marque aussi une révolution dans le style féminin avec l’avènement du t-shirt, de la marinière, des pantalons et des cheveux courts.
Trait d’union entre deux continents, la traversée transatlantique est plus qu’un simple voyage. Pendant quelques jours, les passages ne sont ni en Europe ni aux Etats-Unis, c’est un moment suspendu, une parenthèse apatride tandis que le vieux continent observe la montée des nationalismes.
Une salle immersive
Pour se faire une idée de ce qu’est l’expérience de la traversée, une salle immersive projette sur trois écrans des images d’archives, citations, documentaires amateurs et extraits de films hollywoodiens.
La fuite de l’Europe
L’exposition se termine sur l’année 1942. Cette époque marquée par la Seconde Guerre mondiale signe la fin du rêve cosmopolite.
Les surréalistes fuient vers New York et le départ de nombreuses personnes, cibles des régimes totalitaires, font du paquebot un instrument d’exil. La vie à bord n’a alors plus rien à voir avec les moments de joie et de loisir des années précédentes, la traversée est incertaine et douloureuse comme en témoignent les œuvres de Lasar Segall, Marcel Duchamp et Kay Sage.
1942 marque aussi le naufrage du Normandie, immortalisé par un impressionnant reportage photographique.
La triste fin du Normandie
Construit à partir de 1931 à Saint-Nazaire, le Normandie est réquisitionné à la fin de l’année 1941 par les Etats-Unis et renommé USS Lafayette pour en faire un transport de troupes. En 1942, au cours des travaux de réaménagement, un incendie se déclare et les grandes quantités d’eau utilisées pour maîtriser le feu font chavirer le navire.
La carcasse du bateau restera plusieurs années dans le port de New York avant d’être démolie.
Cette exposition passionnante est à découvrir jusqu’au 23 février 2025 au musée d’arts de Nantes. Elle sera ensuite présentée du 5 avril au 21 septembre 2025 au MuMA – Musée d’art Moderne André Malraux – du Havre.
Une œuvre de Hans Op de Beeck à découvrir parallèlement à l’exposition
Dans la Chapelle de l’Oratoire, le Musée d’arts de Nantes présente Sea of Tranquillity, une œuvre de l’artiste contemporain Hans Op de Beeck constituée d’une maquette monumentale d’un vaisseau fictif et d’un court-métrage qui nous plonge dans ce paquebot à la fois étrange et menaçant qui avance dans la nuit.
Particulièrement saisissante, sublimée par le calme de la Chapelle où elle est exposée, cette œuvre captivante est à découvrir absolument.
Visitez les collections permanentes du musée d’arts de Nantes
Profitez de votre visite de l’exposition pour faire un tour dans les collections permanentes du musée qui offrent un panorama des grands mouvements artistiques français et européens du 13e siècle à nos jours et qui comptent parmi les plus belles collections publiques françaises.
Vous pourrez notamment y admirer des toiles de Georges de La Tour, Tintoret, Simon Vouet, Charles de La Fosse, Rubens, Watteau, Delacroix, Corot, Delaroche, Courbet, Renoir, Pissarro, Seurat, Signac, Sonia Delaunay, Ingres, Dufy, Signac, Monet, Kandinsky, Picasso, Chagall, Soulages, Fabrice Hyber, Anette Messager ou encore Joan Mitchell.
Informations pratiques
Adresse :
10, rue Georges Clemenceau
44000 Nantes
Horaires :
Tous les jours, sauf les mardis, de 11h à 19h
Nocturne les jeudis jusqu’à 21h
Site internet du musée :
https://museedartsdenantes.nantesmetropole.fr/
Tarifs :
Tarif plein : 9€
Tarif réduit : 4€
Gratuit lors des nocturnes du jeudi à partir de 19h ; le premier dimanche du mois et pour les moins de 18 ans
Article réalisé en collaboration avec le Musée d’arts de Nantes
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