Visiter un musée s’apparente parfois à un voyage et c’est tout particulièrement le cas en ce moment au musée du quai Branly – Jacques Chirac qui nous invite à prendre la route des Chefferies du Cameroun, des communautés situées dans la région montagneuse des Grassfields et qui préservent une culture, des traditions et un patrimoine unique.
Sous-titrée « Du visible à l’invisible », cette exposition nous présente l’art des Chefferies mais aussi les croyances très fortes qui ont une place prépondérante dans la culture et le mode de vie de ces communautés. Zoom sur cette exposition à découvrir jusqu’au 17 juillet 2022 !
Article réalisé en collaboration commerciale avec le musée du quai Branly – Jacques Chirac
Sommaire
Les chefferies du Cameroun
Pays d’Afrique centrale, le Cameroun comptabilise plus de 25 millions d’habitants et environ 250 ethnies. Dans la région des hautes terres de l’ouest, les terres montagneuses et volcaniques appelées « Grassfields », sont des espaces marqués par des chefferies. Une organisation héritée du XVIIIe siècle lorsque de nombreux royaumes se sont constitués sous l’autorité d’un chef (fo), personnage quasi-divin qui veille au respect des traditions et de la culture Bamiléké.
L’exposition nous invite à découvrir cette culture où le monde du vivant dialogue avec celui des ancêtres grâce à plus de 270 objets en provenance de 25 chefferies, présentés aux côtés d’œuvres contemporaines qui témoignent de l’influence culturelle des chefferies sur l’art d’aujourd’hui.
Quel est le rôle du chef ?
Jadis, le chef était maître de la guerre et de la justice mais son rôle est désormais restreint aux affaires traditionnelles (héritages, litiges matrimoniaux…). Depuis la création de l’Etat du Cameroun au début des années 60, les chefs ont également la charge du maintien de l’ordre et du développement économique et social de leur territoire.
L’organisation d’une chefferie
Chaque chefferie a un territoire bien délimité, administré par un chef et un conseil de notables. L’organisation de la chefferie est très liée à sa structure spatiale et quoi de mieux que de rentrer dans une chefferie pour en comprendre le fonctionnement ? En passant au milieu de piliers sculptés semblables à une entrée traditionnelle, l’exposition nous emmène au cœur d’une chefferie dont l’axe central débouche sur le palais traditionnel puis la forêt sacrée, réservée aux initiés.
Cet axe, symbole de vie où dialoguent l’homme, les animaux et les ancêtres, est le reflet des forces qui sont à la base de la société. En effet, dans la culture et les croyances des Chefferies, les animaux et les plantes ont une place particulièrement importante. Les individus sont ainsi associés à un totem-animal avec qui ils vivent en parfaite harmonie, à tel point que lorsqu’une personne est malade, on inocule un peu de son sang à un animal que l’on va suivre pour observer les plantes qu’il mange. Celles-ci seront ensuite administrées au malade afin de le guérir.
On retrouve également certains animaux sur des sculptures, comme des symboles : le serpent à la fois craint et vénéré peut être considéré comme porteur de mauvaises nouvelles aussi bien qu’élément protecteur ; le serpent à deux têtes est symbole de ruse, de sagesse et de la royauté, etc.
Le culte des ancêtres est lui aussi très fort. Lorsqu’une personne décède, on procède à son inhumation en petit comité mais les véritables funérailles ont lieu un ou deux ans après la mort et rassemblent beaucoup de monde. On récupère à cette occasion le crâne du défunt qui acquiert dès lors le statut d’ancêtre et que l’on consulte pour les grandes décisions.
L’art au service du pouvoir
Le chef est considéré comme un personnage quasi-divin détenant un pouvoir sacré. Son rôle est d’assurer la sécurité et la prospérité de la population mais il est aussi garant des traditions. Cependant il ne gouverne pas seul, il est entouré des ancêtres et d’un conseil de notables.
L’art est souvent associé au pouvoir ou à la religion. La création ou l’utilisation des trônes, tambours ou encore des masques est soumis à des rituels, ce qui donne à ces objets un caractère sacré.
Les trônes
L’un des espaces les plus impressionnants de l’exposition est la salle où sont présentés une quinzaine de trônes, témoins de la diversité artistique des Grassfields.
Avant sa mort, le chef et le conseil des notables choisissent l’un de ses fils comme successeur. Après une période d’intronisation de neuf semaines, ce dernier acquiert plusieurs trônes, pièces maîtresses du trésor royal, puis doit faire fabriquer son propre trône.
Les vêtements portés par les peuples du Grassfields sont une forme d’expression artistique mais certaines matières sont réservées aux chefs. C’est le cas des perles qui symbolisent la richesse et le pouvoir mais aussi des plumes ou des grelots.
La place des femmes dans les Chefferies
Dans les Grassfields, les femmes sont les garantes des lignées et les gardiennes du culte. Elles participent aux naissances, mariages et funérailles et peuvent aussi avoir des rôles à fortes responsabilités.
Une Chefferie compte plusieurs reines : les épouses du chef qui ont un rôle de conseil, et la mère du chef (mafo) qui est le titre le plus prestigieux auquel les femmes peuvent prétendre, elle a le droit de représenter le chef lors de cérémonies et peut aussi se joindre aux hommes, posséder son propre terrain et parfois choisir son mari. Il est intéressant d’observer les représentations des femmes qui ne sont pas celles d’une personne fragile mais, au contraire, une femme forte aux larges épaules.
A la découverte des sociétés secrètes
Dans l’organisation de la chefferie, les « sociétés secrètes » (ou confréries), exercent un rôle de contre-pouvoir. Elles encadrent en effet le pouvoir du chef en participant aux affaires de la communauté.
Chaque société secrète a ses danses, ses rites, ses coutumes et un art qui lui est propre. Leurs masques et coiffes suggèrent aussi la présence de l’invisible. Certains masques sont chargés de forces spirituelles qui permettent la tenue de rites. Ainsi, il a fallu plusieurs cérémonies pour permettre à de nombreux objets de venir au musée du quai Branly – Jacques Chirac.
La création contemporaine à l’honneur
Tout au long du parcours de visite, des œuvres contemporaines côtoient des œuvres anciennes. Une façon de nous rendre compte du dynamisme de la création camerounaise mais aussi de l’influence que les croyances et pratiques traditionnelles ont encore sur l’art d’aujourd’hui.
Vous avez donc jusqu’au 17 juillet pour aller visiter cette exposition et découvrir l’art et la culture des Chefferies du Cameroun.
De nombreux événements sont par ailleurs organisés autour de cette exposition : visites guidées, ateliers, conférences, concerts…
Informations pratiques
Adresse :
Musée du quai Branly – Jacques Chirac
37 quai Branly
75007 Paris
Horaires :
Jusqu’au 17 juillet 2022
Tous les jours sauf le lundi, de 10h30 à 19h
Nocturne le jeudi jusqu’à 22h
Site internet :
https://www.quaibranly.fr/fr/
Tarifs :
Plein tarif : 12 €
Tarif réduit : 9 €
Article réalisé en collaboration avec le musée du quai Branly – Jacques Chirac
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