Dans le paysage du Pas-de-Calais, l’architecture du château d’Hardelot dénote. Que fait un manoir de style anglais, à quelques kilomètres seulement du Touquet et de Boulogne-sur-Mer ? Retour sur l’histoire d’un château hors normes, symbole d’une amitié franco-anglaise.
Tout commence au XIIe siècle…
Les premières traces du château datent de la fin du XIIe siècle avec la présence d’un fort en bois remplacé par un château fort de pierre au début du XIIIe siècle à la demande de Philippe Hurepel, Comte de Boulogne et fils du roi de France Philippe-Auguste, afin de se prémunir des attaques des anglais. Ce nouveau château est édifié à la même période que le château de Boulogne-sur-Mer dont il est un jumeau presque parfait avec la forme d’un ennéagone (polygone à neuf côtés) flanqué de dix tours.
A partir du XVe siècle, Hardelot vit au rythme des batailles et voit passer dans ses murs des troupes françaises, anglaises et bourguignonne. Mais le vrai tournant vient en 1615 : pour chasser des protestants qui occupent le château, Marie de Médicis le fit assiéger et démanteler. Les ruines sont alors occupées par des paysans qui y installent leur ferme.
Hardelot, un château devenu anglais
À la Révolution, le château est vendu comme bien national et racheté par des particuliers puis en 1848 par Sir John Hare, un entrepreneur de Bristol qui fait détruire les bâtiments de ferme et ambitionne de restaurer les ruines médiévales. A sa mort c’est l’un de ses compatriotes, Henry Guy, qui achète Hardelot et qui fait édifier le manoir actuel sur les ruines du XIIIe.
En 1897 John Robinson Whitley deviendra propriétaire du château ainsi que des 400 hectares de terrains allant jusqu’à la mer. Son objectif est de créer autour d’Hardelot une station balnéaire célébrant les relation franco-britanniques. La station balnéaire “Hardelot plage” voit le jour en 1905 et attire de nombreux aristocrates de France et d’Angleterre attirés par les nombreux atouts du domaine : golf, tennis, chasse, pêche mais aussi par plusieurs hôtels et restaurants.
Lors de la Première Guerre Mondiale Hardelot est utilisé par l’armée britannique puis, à la mort de Whitley en 1922, il décline peu à peu. Il est revendu en 1934 à l’abbé Bouly, un personnage surprenant père de la radiesthésie, sourcier et magnétiseur, qui l’utilise pour accueillir une congrégation de religieuses. Après la mort de l’abbé, le château est utilisé comme centre de loisirs jusque dans les années 1980.
La renaissance du château d’Hardelot
Faute de moyens, Hardelot a manqué d’entretien depuis le début du XXe siècle. Pour le protéger, la commune de Condette le rachète en 1986 mais il faudra attendre 2001 pour que le département du Pas-de-Calais décide de sauver le château qui a pu rouvrir ses portes au public en 2009, après un an et demi de travaux de restauration.
Depuis, il a été remeublé par diverses acquisitions et les prêts de nombreuses institutions comme le Mobilier National, le Louvre ou encore le musée de l’Armée. Une salle d’exposition temporaire ainsi qu’un théâtre élisabéthain ont été édifiés pour accueillir une riche programmation culturelle tout au long de l’année.
Aujourd’hui, le site met en valeur l’histoire du château ainsi que les relations franco-britanniques.
Le château d’Hardelot en photos
Le château d’Hardelot est une magnifique demeure que je vous encourage vivement à aller visiter si vous êtes de passage dans le Pas-de-Calais. Voici quelques photographies qui devraient vous mettre l’eau à la bouche !
Je profite de cet article pour adresser un très grand merci à Mathilde pour sa passionnante visite guidée de ce château !
Informations pratiques
Adresse :
Château d’Hardelot
Centre culturel de l’Entente cordiale
1 rue de la Source
62360 Condette
Horaires d’ouverture :
Du mardi au dimanche de 10h à 12h30 et de 13h30 à 18h
Site internet :
http://www.chateau-hardelot.fr/
Tarifs :
3 € pour la visite du château ou de l’exposition temporaire ; 5 € pour les deux
5 € la visite guidée du château
Gratuit pour les moins de 18 ans et étudiants de moins de 26 ans
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Voir les commentaires Hide commentsJ’aimerais ajouter que la rénovation du Château est passée par une nouvelle entente très cordiale. En 2013, les dirigeants m’ont contacté (je suis l’auteur britannique, Stephen Clarke, auteur entre autres de God Save la France et Mille Ans de Mésentente Cordiale) pour me demander d’être le commissaire scientifique de la collection permanente du Château. J’ai suggéré des évènements historiques à couvrir, de 1066 jusqu’au tunnel sous la Manche, et on m’a proposé des objets (meubles, peintures, sculptures, etc) pour les illustrer. Le décor que vous voyez aujourd’hui est donc le résultat d’une fructueuse et sympathique collaboration entre l’équipe française du Château et un auteur anglais. Vive l’Entente Cordiale.
Merci beaucoup pour votre témoignage !