La danse contemporaine s’invite rarement dans les programmations des scènes de théâtre, et déroute parfois. Cependant, il nous est apparu que le spectacle Arachnées valait bien la peine d’être vu et donc montré !
Arachnées se révèle en effet comme une très belle partition dansée, sur fond de musique baroque et italienne. Suaves et rythmées, deux chevelures au bout de deux corps se répondent, s’entrelacent et se cherchent. Tout comme les fils de la vie que semblent tenir cette Parque dédoublée, cette Moire et sa jumelle, elles se font et se défont. Dans le même mouvement, des tableaux rythmés sous nos yeux se composent et se recomposent.
Lové au creux de leur respiration, le spectateur entend leurs inquiétudes et leurs élans. Muettes mais non pas silencieuses, les interprètes font ressentir les troubles d’une plongée dans l’inconscient vécue à bras-le-corps. Néanmoins, aussi distantes que les muses ou les déesses d’un Panthéon antique, leurs voix résonnent comme un écho des âges anciens, depuis lesquels encore, ni le mystère de la vie, ni celui de la mort ne sont élucidés. En suspension dans l’air, ces secrètes et universelles interrogations sont mises en mouvement par la chorégraphe grecque Maria Yannaros. Danseuse et chorégraphe, elle s’est adjointe le talent d’interprète-auteure de Mairi Pardalaki, grecque elle aussi, afin de reprendre ensemble une pièce créée en 2011. La repenser en collaboration a décidé de la création de la compagnie Ahtenysti dont c’est la première pièce.
Optant pour une gestuelle simple, presqu’à la Duncan, elle propose une belle danse moderne, en évitant de tomber dans les pièges de l’abstraction. Pour autant, aucun rêve ne nous est fermé et durant l’heure du spectacle s’écoulent en nous mille pensées non formulées, sans ennui ni aridité. Le spectateur peut imaginer avoir affaire à deux des filles de Jupiter, drapées dans des toges antiques ou deux magiciennes qui concoctent la fin d’un monde sur fond d’airs d’opéras. Il a tout le loisir de se demander si les Parques, gardiennes du séjour des Heures, veillent sur l’harmonie du monde ou bien s’amusent cruellement du sort des mortels dont elles tranchent impitoyablement les fils d’existence… À la fin du voyage, nous restons avec dans le cœur la musique douce et une inquiétude tranquille qu’elles ont su éveiller, de celle que donne la satisfaction d’avoir vu quelque chose de tout simplement beau.
Informations pratiques :
Théâtre le Proscenium
2, passage du Bureau (Paris 11e)
Les samedis 14, 21, 28 mars à 19h.
Avec : Mairi Pardalaki et Maria Yannaros ; mise en scène : Ahtenysti ; costumes : Katia Theuri.
Des personnes ont réagi à cet article
Voir les commentaires Hide commentsJe suis Doctorante à Paris et des amis m’ont parlé de ce spectacle de danse. J’ai vu ce spectacle samedi dernier et je l’ai bien aimé. Les actrices étaient super et pendant toute la durée du spectacle on avait les yeux fixés sur la scène.
A ne pas rater
J’ai vu ce spectacle dernièrement à l’Espace Reuilly(décembre 2015) et je l’ai beaucoup apprécié. Mais je n’ai trouvé nulle part d’indication sur la musique. Qui est le compositeur et quels sont les noms des airs chantés (et leurs interprètes). C’est triste de voir qu’un spectacle peut avoir du succès, en partie dû à la musique qui l’accompagne, sans la moindre ligne d’hommage sur l’œuvre musicale qui lui apporte tant. Qui pourrait me renseigner ? Merci d’avance. Françoise
Bonjour Françoise,
Nous n’avons pas ces informations mais le théâtre pourra peut-être vous répondre : http://www.theatreleproscenium.com/
A bientôt !
Voici toutes les informations que nous avons pu recueillir auprès du théâtre,
une liste nous a été donnée des morceaux choisis pour accompagner le spectacle :
1- Marain Marais ; Le Tombeau de monsieur de Sainte Colombe :
http://www.musicme.com/#/Marin-Marais/albums/Le-Tombeau-De-Monsieur-De-Sainte-Colombe-5400439118102.html
2- toccata fuga allegro corrente en sol mineur, pièce pour clavecin de Alessandre Scarlatti :
https://www.youtube.com/watch?v=8g7LZstER-Q
3- fantaisie pour violon seul numéro 3 en fa mineur de Telemann :
G.F.Telemann – Fantasia no.3 in F Minor (Andrew Manze)
https://www.youtube.com/watch?v=NYpUAHpvi0A
4- Tarquinio Merula/ Hor ch’e tempo di dormire
dans la version de Alessandrini, chantée par Sara Mingardo :
https://www.youtube.com/watch?v=OvR9-L9Je9Y
5- Francesco Cavalli
La Calisto, acte 2, sc� �ne 1 / « lucidissima face »
version Alessandrini/Sara Mingardo :
http://www.musicme.com/#/Rinaldo-Alessandrini/albums/Monteverdi,-Vivaldi,-Haendel:-Arias,-
Madrigals-&-Cantatas-0709869025253.html
6- Haendel,
un extrait de « Caro autor di mia doglia » :
4 ème morçeau : http://www.musicme.com/#/Il-Parnasso-Confuso/albums/Cantate-E-Duetti-Da-Camera-3491421128591.html.
Que du baroque pour charmer les oreilles !
Nous vous en souhaitons une bonne écoute.
A bientôt !