Vous connaissez peut-être cette toile de Jean-Honoré Fragonard, Les Hasards heureux de l’Escarpolette, qui représente une scène galante typique du mouvement Rococo. Mais connaissez-vous son histoire et sa signification ? Zoom sur ce célèbre tableau…
Sommaire
La commande du baron de Saint-Julien
En 1767, le baron de Saint-Julien souhaite faire réaliser un tableau le mettant en scène en compagnie de sa maîtresse, avec une idée très précise de la scène :
“Je désirerois que vous peignissiez madame sur une escarpolette qu’un évêque mettrait en branle. Vous me placerez de façon, moi, que je sois à portée de voir les jambes de cette belle enfant, et mieux même si vous voulez égayer davantage votre tableau.. »
Il approche d’abord le peintre Gabriel-François Doyen qui refuse la commande, la jugeant trop frivole, et qui l’orient vers Jean-Honoré Fragonard, jeune peintre déjà réputé pour traiter les sujets libertins. Evidemment, Fragonard accepte et réalise la toile entre 1767 et 1769.
Analyse de l’œuvre
Au centre du tableau se tient une jeune femme, la maîtresse du Baron, qui s’élance avec bonheur sur une balançoire. Elle jette avec malice sa chaussure – signe de sensualité – vers son amant (le Baron), dévoilant par la même occasion sa cheville qui avait à l’époque une connotation éminemment érotique !
Par « un heureux hasard”, l’amant est situé au bon endroit pour voir les jambes (voire plus ?!) de sa maîtresse : une vision qui le trouble au point de lui faire perdre l’équilibre et de le faire chavirer dans les fleurs.
Tout à droite, l’évêque souhaité par le Baron a été remplacé par Fragonard par un mari trompé, qui pousse la balançoire tout sourire sans se douter que sa femme s’amuse avec un autre homme.
Sur le côté gauche, un Putto symbole de l’Amour, porte un doigt à ses lèvres et nous invite à garder le silence… Une façon d’inviter le spectateur dans la confidence !
Un tableau français arrivé à Londres
Ce type de tableau fait fureur auprès de la noblesse. Ils sont destinés aux appartements privés de leurs commanditaires. Mais avec l’évolution des mœurs, lorsque le Baron de Saint Julien est condamné à mort à la Révolution, les scènes libertines ne sont plus au goût du jour…
Le tableau de Fragonard réapparaît sous le Second Empire dans la collection du demi-frère de Napoléon III, le duc de Morny. Racheté ensuite par le collectionneur anglais le marquis d’Hertford, il est légué à son fils naturel Richard Wallace qui fondera la prestigieuse Wallace Collection de Londres où l’on peut aujourd’hui admirer la toile !
Un heureux hasard qui a rendu Fragonard célèbre
Quant à Fragonard, il connaît le succès grâce à ce tableau qui sera notamment repris et popularisé dans une gravure de Nicolas de Launay. Le peintre reçoit de nombreuses commandes de tableaux licencieux comme le célèbre Verrou qu’il peint en 1777 pour le marquis de Véri.
Encore aujourd’hui, cette œuvre continue à rayonner grâce à de nombreux détournements, on le trouve même repris dans le dessin animé de Disney, la Reine des Neiges !
Jean-Honoré Fragonard (1732 – 1806)
Les Hasards heureux de l’escarpolette (1767-1769)
81 x 60,2 cm
Londres Wallace Gallery
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Voir les commentaires Hide commentsQuelle(s) est/sont les source pour appuyer l\’identité du commanditaire de l\’œuvre Les heureux hasards de l\’escarpolette. Plusieurs autres sources me le présente comme étant anonyme ou inconnu.
Bonjour,
Je suis en classe de 3eme et je souhaiterai faire mon oral de brevet sur ce magnifique tableau.
J\’ai pu remarquer quelque chose d\’intéressant en contre-bas du mari trompé; en effet, une sorte de sculpture ressemblant a un ogre (ou un cochon je ne sais pas) se trouve à ses pieds.
J\’ai rechercher plusieurs fois sur différents sites car cela m\’intriguait mais je n\’ai trouver à aucun moment, une sorte de réponse ou de signification et j\’ai l\’impression que personne n\’a pu le voir avant. Peut être que je me trompe mais je tenais a demander si vous l\’aviez remarquer.
Cordialement
Cassandre.