Eurydice est née en avril 1981. De ses dix-huit mois à ses cinq ans, ses parents ont noté quelques-unes de ses paroles, pleines de malice et d’innocence. Ce livre réunit ses plus belles remarques, histoires et réflexions.
Avis :
« Ne me parle plus parce que j’ai froid aux lèvres. »
Il a suffit d’un tweet de Marie Richeux, citant cette phrase, pour qu’instantanément je sois pris d’une envie furieuse de lire ce livre. J’ai été charmé par cette petite phrase et ses multiples sens. Pour la petite fille, c’est peut-être simplement l’expression d’une fatigue. Adulte, on peut y trouver l’envie de prendre la parole ou bien un discours amoureux : réchauffe-moi, embrasse-moi… Mais arrêtons là cette réflexion et mettons de côté nos pensées de grande personne pour simplement prendre comme elles viennent les paroles de cette petite fille.
Nous avons tous pu être charmés par des paroles d’enfant mais quelle imagination dans la bouche de cette petite Eurydice qui voudrait être mangée par sa maman, qui mesure en kilo l’amour qu’elle porte à ses parents ou qui veut jeter une pincée de fleuve au visage de ceux qui l’embêtent ! Chaque page est un ravissement et le livre nous arrache de nombreux sourires.
On sent que la petite fille est dans une famille intellectuelle. Son prénom est un premier indice et les nombreuses références religieuses et mythologiques laissent entrevoir l’environnement dans lequel elle a grandit. Eurydice se prête alors à quelques pensées sur Dieu et terrasse les réflexions théologique en résumant plutôt bien l’une des grandes énigmes de l’univers :
En classe, il y a des élèves qui croient en Dieu, et d’autres qui ne croient pas en Dieu. Moi je l’ai vu sur des peintures à Sienne et à Florence, mais je ne suis pas sûre qu’il existe vraiment. Seul Dieu sait s’il existe, ou s’il n’existe pas.
A la lecture de ce petit livre qui se dévore, il me revient la question suivante : qu’est-ce qui fait qu’en grandissant on perd cette facilité à mettre de la poésie dans toutes les choses du quotidien ? J’ai bien ma petite idée mais ceci est un autre débat d’adulte alors passons et relisons les pensées d’Eurydice !
Extraits :
Extrait 1/6
– Eurydice, quel dessert veux-tu ?
– Je veux des fraises, du raisin, et un baiser.
Mai 1983
Extrait 2/6
TROP
– Tu aimes ta mère ?
– Trop.
– Et ton père ?
– Oui.
– Combien ?
– 17, 18, 19 kilos !
Février 1984
Extrait 3/6
LA PLUS BELLE POÉSIE
Papa, ne dis pas que je suis ta plus belle poésie, sinon mes amis vont croire que tu m’as écrite.
Mars 1985
Extrait 4/6
Je vais me déguiser en framboise pour être mangée par maman.
Septembre 1985
Extrait 5/6
DANS LA RUE
Ne me parle plus parce que j’ai froid aux lèvres.
Avril 1986
Extrait 6/6
UNE COLÈRE A LYON
Tais-toi ou je te jette une pincée de Rhône au visage !
Juillet 1986
Note :
1986 – 93 pages – ISBN : 978-2857450436
Eurydice El-Etr – Française
Editions La Délirante
Pas de commentaires
Laisser un commentaire Cancel