Ce 5 janvier, le Palais Garnier célèbre son 150e anniversaire. Symbole de l’opéra parisien et joyau architectural du XIXe siècle, ce monument incarne l’élégance et le prestige de la culture française. Retour sur l’histoire fascinante de ce lieu mythique faite d’une succession de rebondissements.
Les opéras parisiens avant le Palais Garnier
Remontons soixante-dix ans avant la construction du Palais Garnier, en 1791 : Mademoiselle Montansier, comédienne et directrice de troupe fait construire une salle de plus de 1600 places face à la Bibliothèque Nationale. Le nouveau théâtre est inauguré en août 1793 mais la Montansier, accusée à tort d’avoir voulu incendier la Bibliothèque, est jetée en prison dès 1794 et perd la gestion du théâtre qui se voit confier à l’Opéra.
Quelques années plus tard, en 1820, le duc de Berry, seul espoir dynastique des Bourbons, est assassiné à la sortie d’un spectacle si bien que Louis XVIII ordonne la démolition du théâtre Montansier.
Face à cette décision soudaine, l’architecte François Debret construit en seulement un an l’Opéra Le Pelletier en réemployant des éléments (colonnes et charpente) du théâtre Montansier. Ce nouvel opéra est inauguré en août 1821 et se veut provisoire en attendant la création d’une salle définitive.
Une commande impériale pour un chef-d’œuvre
La construction du Palais Garnier fut décidée en 1861 par Napoléon III dans le cadre de la transformation de Paris menée par le baron Haussmann.
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Un concours fut organisé pour désigner l’architecte. Il se pourrait que l’idée de ce concours ait été glissé par Viollet-le-Duc à l’impératrice Eugénie pour évincer Charles Rohault de Fleury, pressenti pour construire le nouvel Opéra. Cent soixante et onze projets sont déposés et c’est le projet de Charles Garnier, jeune architecte de trente-cinq ans encore méconnu, qui remporte le concours d’architecture et se voit confier la construction de la salle. Sa vision : un opéra éblouissant de grandeur et de raffinement.
La construction du Palais Garnier
Les travaux débutèrent en 1862 et durèrent 12 ans. La première pierre de l’Opéra est posée le 21 juillet par le président du corps législatif, le comte Walewski.
Pendant la guerre franco-allemande de 1870-1871, le chantier est stoppé et l’Opéra inachevé sert de magasin. L’issue de la guerre marque la chute du Second Empire si bien que l’Opéra commencé par l’Empire sera achevé par la République. La poursuite des travaux se fait pourtant bon gré mal gré, le coût du chantier s’avérant bien plus important que ce qui avait été initialement prévu et les fonds nécessaires étant parfois accordés à d’autres projets comme l’Hôtel-Dieu, jugé prioritaire.
Mais la nuit du 28 au 29 octobre 1873, un tragique événement vient donner un coup de pouce à notre architecte : l’Opéra Le Peletier prend feu et est ravagé par l’incendie qui ne laisse que quelques pans de murs calcinés. On demanda donc à Garnier d’accélérer les travaux pour achever au plus vite le nouvel Opéra. Six-millions neuf cent mille francs supplémentaires lui sont accordés y parvenir.
Ce chantier colossal est marqué par des défis techniques impressionnants. Le site de construction était situé sur un terrain marécageux, obligeant les ingénieurs à construire une structure capable de résister à l’humidité sous-jacente. Garnier y fit construire une « cuve » en béton, donnant naissance à une légende : le lac souterrain, rendu célèbre par le roman Le Fantôme de l’Opéra de Gaston Leroux.
L’Opéra Garnier est achevé le 30 décembre 1874 et inauguré en grandes pompes par le président de la République, le maréchal de Mac-Mahon, le 5 janvier 1875. Estimé à quinze millions de francs, l’Opéra en coûta finalement trente-six, soit environ 330 millions d’euros.
Les mystères et anecdotes autour du Palais Garnier
Le Palais Garnier est riche en anecdotes. Outre son fameux « lac » souterrain, utilisé aujourd’hui pour des exercices de plongée par les pompiers de Paris, il abrite de nombreuses histoires.
Une avenue sans arbres
Cas rare à Paris : l’avenue de l’Opéra ne possède pas d’arbres. La raison est double : offrir la meilleure perspective sur la façade du Palais Garnier mais aussi prévenir les risques d’attentats puisque, lors de l’attentat de la rue Pelletier, les criminels s’étaient cachés derrière des arbres pour jeter leurs bombes.
Un décor de rêve
Avec sa façade ornée de sculptures et ses dorures, son grand escalier de marbre et son auditorium de 1 900 places, le Palais Garnier reflète un luxe inégalé. Le plafond de l’auditorium, peint par Marc Chagall en 1964, mêle modernité et tradition, contrastant avec le style Second Empire de l’édifice.
Sous ce plafond se cache intacte le plafond d’origine peint par Lenepveu.
21 rappels pour Maria Callas
Le 19 décembre 1958, Maria Callas triomphe à l’Opéra de Paris. Elle s’y reproduira plusieurs fois les années suivantes. Le soir du 20 février 1965, pas moins de 21 rappels viendront saluer son talent !
Un patrimoine vivant
Aujourd’hui, le Palais Garnier n’est pas seulement un musée ou un monument historique, mais un théâtre vivant où se déroulent des opéras, des ballets et des concerts. Les visiteurs affluent du monde entier pour admirer son architecture et son ambiance unique.
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Alors que Paris célèbre les 150 ans de ce joyau, le Palais Garnier continue d’éblouir et d’inspirer, rappelant le pouvoir intemporel de l’art et de l’architecture. Un chef-d’œuvre, un mystère, une histoire : le Palais Garnier reste une invitation à la rêverie et à l’émerveillement.
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