Pour faire rimer le soleil et les vacances avec culture, nous vous emmenons aujourd’hui visiter la charmante ville de Bayonne, qui recèle bien des secrets.
Traité de paix : une double exposition mêlant arts et Histoire
La ville de Bayonne et sa région ont été au cœur des relations diplomatiques entre la France et l’Espagne notamment lorsque les deux royaumes s’affrontent sur le tracé des frontières tout au long du XVIIème siècle. Quelques centaines d’années plus tard, la ville célèbre la paix à travers une double exposition dans le cadre de l’opération « San Sebastien capitale européenne de la culture 2016 ». À voir jusqu’au 25 septembre 2016.
La paix des Pyrénées de 1660 : de l’art de la diplomatie
La première partie de l’exposition, au Musée Basque et de l’histoire de Bayonne, est consacrée à la « paix des Pyrénées » qui met fin, en 1660, à la guerre entre la France et l’Espagne et aboutit au mariage entre Louis XIV et l’infante d’Espagne, Marie-Thérèse.
Des prémices du conflit aux projets de mariage jusqu’à la célébration de ce dernier, l’exposition s’emploie à raconter l’histoire par les arts mais aussi à montrer comment les arts ont participé à construire l’Histoire. L’art est alors tout à la fois outil de propagande, livre d’histoire et instrument diplomatique.
Une illustration de ceci est la figure de Diego Velázquez. Reconnu pour son talent de peintre, son atelier livrera le portrait de l’infante Marie Thérèse envoyé à la cour du roi de France. Il était alors coutume pour les familles royales qui souhaitaient se lier par le mariage d’envoyer des portraits de la famille et du (de la) prétendant(e). La mère de Louis XIV, Anne d’Autriche, fera de même et fit livrer à la cour d’Espagne une série de portrait de la famille royale. Une salle de l’exposition leur est consacrée et mêle des toiles de Philippe de Champaigne, Jean Nocret, Charles Beaubrun et Velázquez.
Mais Velázquez fut également diplomate et participa activement à l’organisation de l’entrevue qui devait sceller la fin de la guerre entre la France et l’Espagne. Ironie de l’histoire, il mourut la même année, en 1660, et la fatigue accumulée du fait de sa tâche n’y était, semble-t-il, pas pour rien.
L’exposition fait la part belle aux représentations du mariage, notamment à travers des estampes et des toiles de Lausmonier qui reproduisent des cartons de tapisseries exécutées sous les ordres de Charles Le Brun. Là aussi, l’enjeu est de taille. Les toiles célèbrent un nouvel équilibre politique et représentent l’éclat de la cour de France ainsi que les hommes et les femmes qui la composent. À ces représentations répondent une myriade de médailles, livres illustrés, gravures, destinés à être distribués afin de diffuser la nouvelle et de célébrer la grandeur royale. L’exposition montre également des projets d’arc de triomphe, réalisés ou non, destinés à accueillir les mariés à leur retour à Paris.
L’exposition « 1660 – La Paix des Pyrénées : politique et famille » est une exposition foisonnante, qui peut s’appréhender sous de nombreux aspects. À partir d’un événement clé de l’histoire du XVIIème, très fortement lié à l’histoire de Bayonne, elle décrit tout un contexte politique et nous montre le caractère central des arts dans le processus diplomatique. Tout ceci est servi par un ensemble d’œuvres riche et des prêts impressionnants, parfois rassemblés pour la première fois.
1808, L’Abdication à Bayonne : réinterpréter l’Histoire
La deuxième partie de l’exposition se trouve au DIDAM, le musée d’art contemporain de la ville. Le point de départ est, là aussi d’un épisode historique: « l’Entrevue de Bayonne ». En 1808, dans la région de Bayonne, Napoléon réunit les rois d’Espagne Ferdinand VII et Charles IV et obtient l’abdication des Bourbons et installe son frère Joseph sur le trône d’Espagne. La manœuvre fut vivement critiquée, y compris en France et le trône d’Espagne sera rendu à Ferdinand VII dès 1813, à la suite d’importantes révoltes en Espagne.
À l’éclat du mariage signant la paix entre la France et l’Espagne en 1660 répond le contexte agité et l’équilibre fragile de 1808 qui débouchera de violents affrontements. Le propos de l’exposition est donc tout entier tourné vers l’instabilité, la menace du chaos à partir d’une réinterprétation autour des motifs végétaux. L’ensemble forme un tout intéressant mais parfois obscur.
Les trésors cachés du musée Bonnat-Helleu
Le musée Bonnat-Helleu recèle bien des secrets. Le musée, fermé depuis 2011 dans le cadre d’un grand projet de rénovation, abrite une collection de plus de 7000 œuvres qui est actuellement en cours de récolement. L’institution tient son premier nom du peintre Bayonnais Léon Bonnat (1833-1922) qui léguât à sa ville une grande partie de son œuvre ainsi que sa collection personnelle, constituée de peintures, de sculptures mais aussi d’un incroyable fond d’arts graphiques. Nous avons eu la chance de voir une sélection des plus beaux dessins de cette collection, que Bonnat a construit comme une sorte de manuel d’histoire des arts, destiné à des étudiants en dessin. À Vinci succède Michel-Ange puis nous voilà embarqués à travers les siècles, invités par des noms toujours connus à replonger dans ce que le dessin a de plus fragile et de plus fort. Indéniablement, le fond recèle des chefs d’œuvres que l’on est pressé de pouvoir revoir.
Depuis 2011, le musée porte également le nom de Helleu car il accueille depuis quelques années un des fonds les plus importants des œuvres de Paul Helleu, à la suite d’une donation de sa fille, Paulette Howard-Johnston.
Malgré la fermeture, le musée s’attache à valoriser ses collections au travers d’évènements comme la nuit des musées ou les journées du patrimoine. Il organise également des ateliers et activités temporaires. Les informations sont disponibles au fur et à mesure sur le site internet où vous pourrez également retrouver une grande partie de la collection répertoriée.
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