Transformer le récolement – une opération souvent longue et fastidieuse de vérification de l’inventaire des collections – en une exposition évolutive sur les trésors cachés de ses réserves, voilà l’idée de génie du FRAC des Pays de la Loire. Les visiteurs sont invités à la HAB Galerie pour assister en direct aux différentes étapes de ce travail scientifique sur une quarantaine d’œuvres monumentales, ensuite exposées jusqu’au 24 mai. C’est aussi l’occasion d’échanger avec des professionnels et de mieux comprendre les enjeux de conservation préventive et de restauration.
Pour évoquer de la diversité de ses collections, le FRAC parle « d’inventaire à la Pérec ». Soutenir la jeune création contemporaine, c’est aussi encourager l’expérimentation formelle et matérielle, et parfois même l’adouber par une acquisition. Alors, pour le meilleur et pour le pire, l’œuvre entre dans les collections publiques inaliénables, estampillée patrimoine. Le passage du temps, jusque là simple variable de l’équation artistique, se mue en redoutable épée de Damoclès et des trésors d’ingéniosité sont déployés pour ralentir l’ouvrage inexorable de cet invincible ennemi. Qu’importe si les matériaux sont instables, les fichiers numériques obsolètes ou les composants biodégradables. Werd ich zum Augenblicke sagen : Verweile doch, du bist so schön…[1]
Vu sous cet angle, le récolement, opération fastidieuse de et de l’état de conservation des œuvres, prend une tournure à la fois épique et romantique. Ce n’est plus le sens ou le style mais la matérialité de l’œuvre qui est mise à l’honneur. Certaines pièces sont volontairement présentées dans leur caisse de conservation, comme la moto de Xavier Veilhan ou La couleur verte détachée de la montagne suit le mouvement de la truite prise de Danier Dewar et Grégory Gicquel. Dans les deux cas, les artistes ont donné leur autorisation pour cette scénographie un peu particulière. Les FRACs présentent en effet l’avantage de n’acquérir que des œuvres d’artistes vivants, immédiatement consultés sur la marche à suivre en cas d’intervention future. Le Défilé du siècle en fluo de Sarkis est l’occasion d’aborder la conservation et le marquage de costumes en tissus portés par des enfants.
Ouverture pour inventaire résout (temporairement) le sempiternel dilemme entre la sécurité des œuvres et la mission de diffusion des institutions culturelles. Si vous avez la chance de vivre près de Nantes, n’hésitez pas à voir et revoir cette exposition en mouvement et les nouvelles œuvres qui arrivent chaque semaine. Envoyez-nous vos photos !
[1] « Je pourrais alors dire au moment : reste donc, tu es si beau » (Johann Wolfgang von Goethe, Faust, 1808)
Informations pratiques :
HAB Galerie, Quai des Antilles (Nantes)
du 28 mars au 24 mai 2015
du mercredi au vendredi de 13h à 18h
le samedi et le dimanche de 13h à 19h
pendant les vacances (du 11 au 26 avril) : du lundi au dimanche de 13h à 19h
visite commentée le mercredi et le samedi à 16h
Entrée libre
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