Résumé :
Simon, 9 ans, vit seul avec son père, Paul. Sa mère travaille en Australie et ne revient que très rarement en France, privilégiant sa carrière à sa vie de famille. Un matin, Simon trouve son père dans le lave-vaisselle : ce dernier ne supporte plus l’absence de sa femme et s’enfonce dans la dépression. Le temps que Paul guérisse, Simon est recueilli par Lola, sa grand-mère à la bonne humeur inépuisable qui fera tout pour que son petit-fils conserve son innocence. Dans les couloirs de l’hôpital, Simon fait la connaissance de Lily, enfant autiste qui va lui apprendre à connaître la maladie de son père. Mais derrière la dépression se cache une vérité que Simon est bien loin d’imaginer.
Avis :
J’ai découvert Gilles Paris il y a déjà plusieurs années avec Autobiographie d’une Courgette. J’avais apprécié cette façon qu’avait l’écrivain de nous conter une histoire à travers le regard parfois naïf et touchant mais aussi censé et perspicace d’un enfant. Ce livre m’avait marqué à tel point qu’en juin dernier, c’est la présence de Gilles Paris qui m’a donné envie d’aller au Salon du Livre de Poche à Saint-Maur. Je n’ai pas été déçu puisque j’y ai fait la rencontre d’un écrivain très accessible et d’une grande gentillesse. Il m’a tellement bien parlé du Kangourou que je n’ai pas pu m’empêcher de lui laisser une place dans ma bibliothèque.
Bref, déconnectons-nous de 3615 MAVIE et venons-en au livre. Sachez que si vous avez lu et aimé Autobiographie d’une Courgette, vous ne serez pas déçu ! Gilles Paris n’a rien perdu de son talent. On découvre cette histoire à travers le regard du petit Simon qui peine à comprendre tout ce que racontent les adultes. En lisant ce livre, j’ai pensé à Léo Ferré qui disait :
C’est exactement ça : Simon est un philosophe et un poète mais dans la candeur de l’enfance il ne peut s’empêcher de se sentir coupable de la dépression de son père.
La richesse de ce livre ne réside pas seulement dans Simon. J’ai également beaucoup apprécié le personnage de Lola, la grand-mère un peu hors-norme qui organise des séances de spiritisme avec ses autres amies « sorcières » pour entrer en contact avec les morts. Par moment, j’ai eu l’impression de trouver dans Lola un petit air de Madame Rosa dans La vie devant soi (Romain Gary). Toute au long du livre on baigne dans une certaine douceur, comme si nous aussi nous avions 9 ans et que Gilles Paris essayait de nous prendre par la main pour nous faire découvrir calmement tout ce qui se cache derrière la dépression de Paul.
Un petit bémol tout de même, j’ai trouvé que l’histoire trainait un peu par moment. Heureusement ces passages ne sont pas nombreux et ne gâchent pas la beauté de ce livre. Faites donc un voyage au pays des kangourous, vous ne le regretterez pas !
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[tab]Premières phrases
En entrant dans la cuisine, j’ai vu le panier en plastique sur le sol, avec le reste de la vaisselle d’hier soir.
J’ai ouvert le lave-vaisselle, papa était dedans.
Il m’a regardé comme le chien de la voisine du dessous quand il fait pipi dans les escaliers. Il était tout coincé de partout. Et je ne sais pas comment il a pu rentrer dedans : il est grand, mon papa.
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[tab]Extrait 1/3
– Pourquoi, Lily ?
– Parce que c’est un peu comme un miroir devant lequel personne n’a envie de s’arrêter. Les gens ont tous leurs petites faiblesses, leurs moments de fatigue, de stress, et n’importe qui peut en passer par là. Souvent, les gens pensent que celle ou celui qui en vient à se rendre à l’hôpital pour se faire soigner a baissé les bras. Or, crois-moi, c’est tout le contraire. Le malade qui se fait soigner sait au moins qu’il est malade. Contrairement à tous ces gens qui s’enferment chez eux en essayant de se convaincre que tout va toujours bien. Leur parler de la dépression revient à menacer leur fragile équilibre. Personne n’a envie d’entendre parler de cette maladie qui pourrait bientôt frapper à leur porte. Ton papa est très courageux. Il va s’en sortir grâce à son courage.
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[tab]Extrait 2/3
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[tab]Extrait 3/3
« Papa », je dis, et c’est tout.
Tout tient dans ces quatre lettres. Tout ce qui est important pour moi. En dehors de Cop the recrut et des crocodiles mous que j’avale les uns derrière les autres.
« Donne-moi ta main, dit papa. Elle m’a manqué. »
Je lui tends ma main, il me fait un baiser d’amour. Je me hisse un peu et je dépose un baiser papillon sur chacune de ses paupières. Papa a fermé les yeux. Je suis du regard les deux papillons qui s’envolent pour mieux s’évanouir dans le ciel.
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Note :
A noter qu’à défaut de dessiner des kangourous, Gilles Paris sait dessiner des vaches !
A lire également les avis de Thibaut et de La Livrophile.
2012 – 288 pages – ISBN : 978-2359490589
Gilles Paris (1959) – Français
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Voir les commentaires Hide commentsCe titre me tente depuis quelques temps : un auteur à découvrir, noté !
Si tu ne connais pas encore Gille Paris, je te recommande aussi vivement la lecture d’Autobiographie d’une Courgette, une livre dont je garde un très bon souvenir 🙂